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Principes d'identification des phonemes 1 страница




Les linguistes se servent de plusieurs critères dans l'identification des phonèmes. De tous les critères celui de commutation ou de substitution semble capital pour dégager, de façon décisive, les phonèmes d'une langue. Ainsi, en rapprochant les mots banc, pan, dent, temps, faon, vent, etc. on arrive à isoler les unités différenciatives [b], [P], [d], [t], etc.; la substitution ou commutation de ces unités à l'initiale des mots a pour conséquence la modification de leur forme phonique et, par la, de leur valeur lexicale. La commutation des voyelles dans les mots ta, taie, thé, tu, tout, tôt, temps, etc. amènent aussi à la différenciation des mots; c'est pour cela que les unités [ci], [e ], [e], [У]» tul > [°1 ' [3-1 > e^c- peuvent être envisagées en tant que phonèmes distincts. Le critère de commutation est surtout efficace pour le rapprochement des couples de mots qu'on appelle paires minimales ou quasi-homophones (saute ~ sotte, fait ~ fée, jeûna ~ jaune, mal ~ mtle, apporter ~ aborder, etc. où le rôle distinctif des phonèmes apparaît d'une façon très nette.

Il se peut cependant qu'on ne trouve point de quasi-homophones dans la langue pour définir les phonèmes en raison du caractère réduit de l'emploi de certains d'entre eux. Pour prouver l'inde'pendance phonologique des unités phoniques on se sert alors d'un autre critère, non moins important: on rapproche les mots où les sons en question, placés dans un contexte identique, se distinguent nettement. Citons l'exemple des mots animal et bémol pour distinguer le [a] du [o], ameuter et permuter pour différencier le [œ] du [y].

Il existe encore un critère important pour établir la valeur phonologique d'un son, c'est son adjonction au mot ou son retranchement du mot ayant pour résultat la modification du sens de celui-là: border ~ aborder, tiers ~ hier, face ~ efface, émission ~ mission.

SYSTEME DE PHONEMES DU FRANÇAIS

Les premières remarques sur la phonologie du français présentées par A.Martinet datent de 1933 [86] et la première description complète du système de phonèmes français, celle de G.Gougenheim, fait jour en 1935 [69]. Dans ces travaux d'approche le système phonématique se présente comme parfaitement stable et identique chez tous les sujets.Alors il faut attendre l'époque des enquêtes qui apportent la preuve que les Franpais cultives ne s'accordent ni sur le nombre de phonèmes qu'ils distinguent, ni sur la façon dont ils les réalisent. Une enquête récente

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menée sous la direction de A.Martinet et de H.Walter [91; 104; 105] a mis en évidence les tendances évolutives du phonétisme français moderne: oppositions en voie de disparition, début de tendances à la confusion de deux phonèmes, ou au contraire renforcement de distinctions entre deux unités phoniques. Il en résulte une présentation dynamique du système phonématique français qui, à cote' des zones de grande stabilité, montre certaines divergences qui sont l'indice dévolutions à venir.

Système vocalique

Dans la description des oppositions vocaliques du français il faut tenir compte de quatre traits différentiels: le degré' d'aperture, la profondeur d'articulation, la labialisation et la nasalisation.

Les oppositions des voyelles différenciées par le d e g r é d'à p e r -t u r e sont assez nombreuses, elles entrent dans la corrélation voyelles fermées~ voyelles ouvertes. De toutes ces oppositions la distinction entre les voyelles orales du deuxième et du troisième degré'd'aperture [£ ] ~ [e], [ce] ~ [fi], [о] ~ [o] présente le plus de difficulté' pour l'analyse à cause de leur instabilité' et la restriction de leur pouvoir distinctif en français moderne.

Les voyelles opposées par la profondeur d'articulation forment la corrélation voyelles antérieures ~ voyelles postérieures. La majorité des oppositions entre les voyelles antérieures et les voyelles postérieures sont stables, c'est-à-dire maintenues par tous les sujets dans toutes les positions possibles.il s'agit, par exemple, des oppositions [y] ~ [u] — pur ~pour, [0] ~ [o] — feu ~ faux, [œ] ~ [o] —peur ~ port, etc. Une place à part est occupée par l'opposition entre le [a] antérieur et le [a] postérieur,.l'opposition qui par la diversité' de son comportement fonctionnel pose beaucoup de problèmes devant les linguistes et les usagers de la langue française.

Le trait de 1 a b i a 1 i s a t i о n est d'une grande importance pour le phonétisme du français car il se trouve à la base des oppositions entre les voyelles labiales (arrondies) et les voyelles non labiales (non arrondies) qui se manifestent par une stabilité parfaite dans leur réalisation, sauf l'opposition [£] ~ [ce].

La nasalisation des voyelles se pre'sente comme un trait particulier du système phonématique du français. En effet,parmi les langues européennes modernes on trouve encore le polonais et le portugais qui possèdent des voyelles nasales, mais par leur nature articulatoire et acoustique aussi bien que par leur fonctionnement elles diffèrent considérablement de celles du français (voir à ce sujet [55, p.85]). Les voyelles nasales françaises forment des oppositions extrêmement fréquentes avec les voyelles orales correspondantes:6eaw£/~ bonté, faute ~ fonte, loger ~ longer, cette ~ seinte, sec ~ cinq, attendre ~ entendre, passer ~

penser, etc. Ces oppositions se maintiennent régulièrement dans toutes les positions à l'exception de certains cas de la liaison avec les voyelles nasales: un bon avocat [œbonavo'ka], un ancien élève [ôénasjene'l&:u].

Les voyelles nasales s'ordonnent en une série d'avant où le [& ] non arrondi s'oppose au [ce] arrondi (brin ~ brun) et une se'rie d'arrière où le [a] non arrondi s'oppose au [3] arrondi comme dans blanc ~ blond. De ces deux oppositions, seule [a] ~ [ô] est stable en français moderne.

Le système vocalique du français moderne renferme une seule opposition quantitative, celle d'un [£•] bref et d'un [£:] long, qui représente le dernier vestige de la corrélation de longueur caractérisant toutes les voyelles françaises au XVIIe et au XVIIIe siècles.

Comme il a déjà été signalé, le système vocalique actuel renferme les oppositions stables respectées par tous les sujets et dans toutes les positions, ainsi que les oppositions instables qui se divisent en deux catégories: ^

1. Les oppositions instables neutralisables, à savoir celles qui, d'une part, ne peuvent se manifester que dans certaines positions étant neutralisées ailleurs et qui, d'autre part, connaissent des flottements de réalisation d'un sujet à l'autre. Ces oppositions sont au nombre de quatre et concernent les degrés d'aperture moyenne [e] ~ [e], [о] ~ [o], [œ] ~ [0] et la distinction de durée entre le [&] et le [e:].

2. Les oppositions instables non neutralisables, c'est-à-dire celles qui ne sont observées que par une partie des locuteurs de façon plus ou moins constante, mais sans aucune restriction sur le plan de leur position. Il n'y a que deux oppositions de ce type: [a] ~ [a] et [&] ~ [œ].

Analyse des oppositions vocaliques instables

Comme les oppositions instables reflètent des changements en cours aboutissant à un nouvel état du vocalisme français, il est important de les analyser plus en détails.

Opposition [e] ~ [e ]

La position de pertinence de l'opposition [e] ~ [&] est la syllabe finale ouverte ou absolue. On trouve en français un grand nombre de mots différenciés par la commutation de ces deux voyelles: pre' -1 près, fée ~ fait, epée ~ épais, piqué ~ piquet, thé ~ taie, valh'e ~ valet, clé ~ claie, etc. Cette opposition contribue également à distinguer les formes grammaticales des verbes: chantez ~ chantait, ferai ~ ferais, etc.

Les enquêtes, connues depuis 1941, montrent un maintien assez

stable de l'opposition [e] ~ [e ] en finale ouverte. Ainsi, dans l'enquête

de A.Martinet les sujets parisiens observent l'opposition [e] ~ [£ ] à 96%, les chiffres relevés lors du sondage de G.Deyhime (98%de distinction) et de la dernière enquête de A.Martinet et H.Walter (94%) confirment le caractère constant de cette opposition.

Une circonstance vient quand même perturber la pertinence de l'opposition [e] ~ [£ ] en finale ouverte, c'est la diversité'de répartition des deux phonèmes concernant un certain groupe de mots, en particulier ceux avec les finales -ai, -et (voir p. 106').

 

Pourtant la confrontation des résultats obtenus lors de différentes enquêtes manifeste une forte pre'dilection à l'utilisation du [& ] ouvert en dépit des prescriptions orthoépiques préconisant l'emploi du [e] ferme', par exemple pour vais, sais, quai, j'ai ou pour le futur simple des verbes (je verrai). Les seules réalisations stables du phonème [e ] restent d'origine graphique avec les finales -é, -er, -ez.

En syllabe finale ferme'e l'opposition [e] ~ [c ] se trouve neutralisée: seul le [e] est atteste' dans les mots cher, beige, nette, pièce. La règle est absolue et la neutralisation des voyelles en question ne fait aucun doute.

En syllabe ferme'e non finale on pourrait e'galement s'attendre à la réalisation d'un seul phonème [£ ] ouvert en vertu de la loi de position qui énonce: timbre ouvert en syllabe ferme'e. En effet, bon nombre de linguistes s'accordent pour dire qu'en syllabe ferme'e, qu'elle soit finale ou non finale, seul le [&] ouvert est possible en français contemporain. Pourtant les résultats de la recherche récente de H.Walter contredisent cette affirmation par les chiffres que voici: 31% de [e] ferme's et 69%de [6] ouverts en syllabe ferme'e non finale [104, p.181]. La prononciation avec le [e] ou le [S] est largement déterminée par différents facteurs, notamment par le contexte phonique. Ainsi dans le mot asservir on prononce presque toujours la voyelle [fi] devant le [r] alors que le mot él(e)vé est réalise' avec un [e] ferme' ce qui est dû probablement à l'harmonisation vocalique.

En syllabe ouverte non finale la situation se révèle encore plus complexe. On y observe cependant trois faits corrélatifs:

1) de nombreux flottements dans la réalisation d'une même unité' lexicale: on peut entendre prononcer les mots maison, essence, terrible, etc. avec un [e] ou un [e ];

2) l'utilisation en grand nombre d'un timbre interme'diaire ou moyen;

3) l'influence du timbre de la voyelle accentue'e (l'harmonisation vocalique) -.plaisir [ple'zi:r] mais épaisse [t'pfis].

Il résulte de ces observations qu'en syllabe ouverte non finale, tout comme en syllabe fermée (finale ou non finale), l'opposition [e] ~ [e] se neutralise, à la seule différence que les produits de neutralisation y sont plus varie's. La neutralisation se fait même dans des quasi-homophones tels que pêcheur ~ pécheur, raisonne ~ résonne.

Opposition [о] ~ [о]

La position de pertinence de l'opposition [о] ~ [о] est la syllabe finale fermée. Pour une unité lexicale déterminée l'emploi du [o] fermé ou du [o] ouvert se fait avec une régularité' remarquable en liaison étroite avec la graphie.

En français il existe assez peu de paires de mots dites minimales, différenciés par la commutation des phonèmes [o] ~ [o]. A titre d'exemple citons saule ~ sol, sole; hausse ~ os, haute ~ hotte, côte ~ cotte, rauque ~ roc, etc. Pourtant la rareté des paires minimales ne vient pas perturber la stabilité' parfaite de l'opposition [o] ~ [o], abstraction faite de quelques cas de neutralisation conditionnée par le con-

texte.

La neutralisation est observée devant le [z] où le seul [o] est possible: rosé ['roz], dose ['do 2], morose [mo'ro:z], etc. Elle se fait aussi devant le [g] et le [ji] ou l'on trouve toujours le [o] ouvert: phonologue [fonolog], monologue [mono'log], ^gigogne [3Î'93M, charogne [J a 'го/г], etc. Devant le [r] on atteste également la voyelle [t>] (aurore [o'ro:r], Maure ['mo:r]), mais la neutralisation n'est pas générale: certains locuteurs prononcent le [o] ferme' dans des mots comme dinosaure, saur, taure, ou la graphie "au" a pu être de'termi-nante.

L'opposition [о] ~ [o] se trouve neutralisée en syllabe finale ouverte. On entend un seul [o] dans chapeau, pot, mot, couteau, etc.

En syllabe fermée non finale on observe une nette prédominance du [o] ce qui s'explique en grande partie par les particularités de graphie (cf. postal [pos'tal], donnerait [don're], Voltaire [vol'tsi], horloge

Comme dans le cas de l'opposition [e] ~ [6], les réalisations du [o] et du [o] en syllabe ouverte non finale sont plus variées que dans toutes les autres positions (voir p. 107). Pourtant la distinction entre le [o] et le [o] s'y trouve maintenue avec beaucoup plus de rigueur, ce qui est assure' par trois phénomènes observés: 1) l'existence de l'opposition dans les paires minimales de type beauté ~ botté, rôder ~ roder; 2) la réduction de l'emploi du timbre intermédiaire par rapport à l'opposition [e] ~ [£]; 3) une faible manifestation de l'harmonisation vocalique, bien que la prononciation du mot mauvais avec le [o] et du mot obus avec le [o] s'explique plutôt par l'influence du timbre de la voyelle accentuée. Dans tous les cas, lorsqu'il y a hésitation, c'est toujours au profit du [a] ouvert dont la fréquence en cette position est de beaucoup supérieure à celle du [o] ferme'. Néanmoins, l'enquête menée sous la direction de A.Martinet et H.Walter a révélé une tendance croissante, surtout chez les sujets jeunes, à favoriser la prononciation de la voyelle fermée [o] à l'imitation, paraît- il, de la finale absolue [105, p. 116].

Opposition [jef] ~ [œ ]

L'opposition [0] ~ [œ] a une situation particulière dans le système des voyelles françaises et ceci pour deux raisons: 1) la position de pertinence où l'opposition [œ] ~ [0] assure la distinction entre les mots se trouve réduite à des cas très rares; 2) la majorité des réalisations du [ce] et du [0] ne font pas l'objet du choix de la part du locuteur, car elles sont conditionnées par le contexte phonique (voir p. 108).

On ne trouve dans la langue française que deux couples de mots différenciés par la commutation [œ] ~ [ 0] en syllabe fermée finale: jeune ['зсеп] ~ jeûne ['з0:п], (ils) veulent ['irael] ~ veule ['u;ef:l]. C'est pour cette raison que l'opposition [œ] ~ [,0]est classée parmi les oppositions au rendement fonctionnel faible. Encore convient-il d'ajouter que la distinction des mots jeune ~ jeûne, veulent ~ veule n'est pas réalisée par tous les francophones: certaines personnes les prononcent indifféremment avec le même timbre.

A partir de toutes ces réflexions on pourrait conclure que l'opposition [œ] ~ [#] a disparu du système vocalique du français et que les réalisations du [œ] ouvert ou du [ 0] fermé ne sont autre chose que des variantes conditionnées par le contexte. Pourtant trois faits contredisent cette hypothèse et témoignent de l'existence de l'opposition [œ] ~ [0] malgré son rôle fonctionnel minime:

1) le maintien de cette opposition par une partie des sujets dans les paires minimales jeune ~ jeune, (ils) veulent ~ veule;

2) sa neutralisation en [fi] à la finale absolue (pneu ['pn0], douteux [du't^], paresseux [pare's0],) ou devant la consonne [z] (coûteuse [ku't0:z], affreuse [a'ùpiz]);

3) la possibilité de sa neutralisation en voyelle de timbre interme'-diaire dans la syllabe non finale ouverte.

L'analyse comparée du comportement des trois oppositions de la corrélation voyelle fermée ~ voyelle ouverte montrent que seule l'opposition [o] ~ [o] se maintient avec assez de stabilité dans la majorité des positions, alors que les deux autres connaissent des divergences plus ou moins considérables et un nombre assez élevé de neutralisations, surtout en syllabe inaccentuée, ce qui est prouvé par des analyses instrumentales [31].

Opposition [a] ~ [û-]

Pratiquement l'opposition [a] ~ [a] peut se manifester dans n'importe quelle position, soit en finale absolue (la [la] ~ las [la], ma [ma] ~ mat [ma]), en syllabe finale fermée (patte ['pat] ~ pâte ['pa:t], mal ['mal] -mâle ['m a:1], chasse ['5as] ~ châsse [ fja:s], ou en syllabe non finale (aller [aie] ~ hdler [aie]). Il devrait en résulter une parfaite stabilité de cette opposition. En effet, elle l'était au cours

du XVIIIe siècle où l'articulation de la voyelle [a], naguère qualifiée de longue, est alors reconnue comme postérieure et figure dans les descriptions du "bon usage".

Pendant tout le XIXe siècle la distinction entre les réalisations antérieures et postérieures est encore pratiquée avec assez de netteté. Mais depuis le début de notre siècle commence le processus de l'élimination de l'opposition du système vocalique français, ce qui est révélé par des enquêtes successives. Si l'on ne prend qu'un seul exemple, celui de la paire minimale patte ~ pâte, on trouve que A.Martinet (1941) donne 100% de distinction, G.Deyhime (1963) - 87%, P.Leon (1966) obtient auprès des jeunes Parisiens seulement 41% de distinction. De nos jours la perte de la distinction est en pleine évolution et la répartition des timbres est assez arbitraire: on peut entendre, par exemple, sable avec un [a] et table avec un [a], encore que l'inverse soit nettement plus

fréquent.

A.Martinet explique l'instabilité de l'opposition [a] ~ [a] par sa situation particulière dans le système vocalique [89, p.183]. En effet, l'opposition voyelle antérieure ~ voyelle poste'-rieur e qui distingue [y] de [u], [0] de [oj, [œ] de [0] se présente dans des conditions plus favorables que celle qui caractérise [a] ~ [tt]. Le maintien de la distinction entre [y] ~ [u],[0] ~ [o] et [œ] ~ [o] est assuré par la présence d'un trait concomitant, notamment par l'arrondissement labial, alors que dans le cas de [a] ~ [CL] ce trait de labialisation n'entre pas en jeu.

Il.résulte de l'analyse de la réalisation des deux "a" que le processus de l'élimination de l'opposition s'effectue par disparition progressive du phonème [a.]. L'opposition se neutralise au profit du [a] antérieur dont la fréquence d'emploi est nettement supérieure. Chez certains sujets la perte de la distinction entre le [a] et le [a] va dans le sens du rapprochement de leurs articulations, ce qui a pour résultat la réalisation d'un timbre intermédiaire au moyen. Certains autres, qui sont encore plus rares, utilisent pour différencier les deux voyelles le trait de durée, et non de timbre.

Opposition [6] ~ [ce]

Les voyelles nasales différenciées par le trait de labialisation forment une corrélation où entrent les oppositions [£]~[5], [?] ~ [œ].Le maintien de l'opposition [a ] ~ [3 ] en français moderne ne pose point de problèmes malgré une légère tendance à prononcer le [&] avec les lèvres arrondies. Au contraire, l'élimination de l'opposition [£] ~ [ce] par la perte de la voyelle arrondie [ce] observée encore au XIXe siècle, est aujourd'hui une chose admise et prouvée: un nombre toujours crois-

sant de sujets parlants réalisent l'article inde'fini un avec la voyelle nasale [6 ]. La cause essentielle de la divergence dans le comportement de ces deux couples de phonèmes nasals se trouve dans leur rendement fonctionnel. On peut trouver en français un grand nombre de mots distingués par l'opposition [a] ~ [5]: banc ~ bon, vent ~ vont, pan ~ pont, bande ~ bonde, ranger ~ ronger, etc.; on dit alors que cette opposition a un rendement fonctionnel assez important. L'opposition [£] ~ [œ], par contre, est caractérisé^ par un rendement fonctionnel très faible parce qu'on trouve à peine deux ou trois couples de mots distingués par la présence du [ê] ou du [œ]; il s'agit dans ce cas des paires toujours citées Alain ~ alun, brin ~ brun, empreinte ~ emprunte. Une autre explication de la disparition de l'opposition ["&] ~ [œ] est d'ordre articulatoire. Comme on a déjà constate7, le phonème [œ] diffère du \& ] par l'arrondissement des lèvres. Or, cet arrondissement des voyelles fermées, comme le [ y] ou le [ u], devient beaucoup plus de'-licat pour des articulations ouvertes, surtout pour les voyelles nasales, très ouvertes en français [51, p.68-72] ce qui contribue à la perte de la voyelle arrondie [ œ].

Opposition [6] ~ [€ '•]

Comme il a déjà été dit, l'opposition [£-] bref ~ [£:] long représente la dernière manifestation de la distinction de longueur qui caracté-risait autrefois toutes les voyelles françaises. En effet, on peut constater en relisant les grammaires du XVIIIe siècle, comme celle de G.Vaudelin, que le système vocalique du français comprenait 24 voyelles, 12 d'entre elles étant brèves et 12 longues. Cette opposition jouait alors un rôle morphologique important,car elle permettait de distinguer le singulier du pluriel, le masculin du féminin. Ainsi on prononçait avec un son bref — aime', perdu, ami (au masculin), avec un son long — aimée, perdue, amie (au féminin).

Depuis certaines oppositions de longueur (oppositions quantitatives) ont éte^ transformées en oppositions de timbre (oppositions qualitatives); il s'agit notamment de [œ] ~ [0], [a] ~ [a], [D] ~ [o] où la marque de longueur accompagnant la réalisation des voyelles [ o], [&] et [0] ne représente pas actuellement un trait pertinent à cause de son caractère peu régulier. Pour les degrés les plus fermés [i], [y], [u] les voyelles longues ont disparu sans laisser de traces.

La seule opposition de longueur qui se soit maintenue tant bien que mal jusqu'à nos jours, c'est l'opposition [£ ] ~ [£,:] qu'on retrouve généralement dans les couples de mots tels que bette [btt] ~ bête [bt:t], mettre [mttr] ~ maure [m£:tr], belle [bel] ~ bêle [b£:l], lettre [IttrJ ~ l'être [l&:tr]. Cependant on assiste depuis quelques décennies à la tendance à l'élimination accélérée de l'opposition [£-] ~

[£.:] ce qui s'explique par son caractère isolé dans le système du français contemporain, vu l'absence des autres oppositions quantitatives. Des enquêtes récentes, en particulier celle de A.Martinet et H.Walter, de'-rnontrent que seul un petit nombre de sujets les plus âgés maintiennent encore l'opposition [£] ~ [e:], tandis que les locuteurs jeunes ne la pratiquent pas.

En raison d'une très faible manifestation de l'opposition [fi ] ~ [e,:] certains linguistes ne comptent plus le phonème [G:] parmi les voyelles orales du français. D'autres, y compris N.Katagoscina [25], tout en admettant le caractère sporadique de la distinction de longueur,trouvent nécessaire de maintenir l'opposition [£,] ~ [e-:] dans le système phoné-matique actuel.

L'examen de la réalisation des oppositions des voyelles laisse à penser que le système vocalique du français moderne est en pleine évolution. Selon B.Malmberg, il existe deux systèmes vocaliques en français moderne: le système maxima qui caractérise toutes les ressources dis-tinctives, même les moins stables, et le système minima présentant le minimum absolu qu'il faut respecter pour se faire comprendre [83,p.24] (fig.12,13).

i e

*r oe э i œ э

à a 5

F i g. 12. Système vocalique maxima.

tj U

E Ф 0 A

F i g. 13. Système vocalique minima.

Statut phonologique du [э] instable

Le [э] instable a fait l'objet d'un très grand nombre de recherches linguistiques. Néanmoins plusieurs problèmes concernant les caractéristiques phonétiques de ce son, sa valeur fonctionnelle et sa réalisation sont loin d'avoir une solution exhaustive. Parmi les questions se rapportant au [э] caduc celle de son statut phonologique constitue un des points délicats de la phonologie française.

Tous les points de vue sur le statut de cette voyelle peuvent être classés de la façon suivante:

1) le [э] instable constitue un phonème qui trouve sa place dans le système vocalique du français;

4l

2) le [э ] instable n'est pas considère comme un phonème à part;

3) cette voyelle jouit d'un statut particulier dans ia phonologie du français.

Parmi les linguistes qui considèrent le [э] instable comme un phonème indépendant on trouve G.Straka, K.Togeby, J.Varney-Pleasants, E.Companys, W.Zwanenburg, l'académicien soviétique L.Scerba. Pour l'identification du phonème [э] on cite des oppositions du type ne ~ noeud, je ~ jeu, cela ~ ceux-là, jeune vaurien ~ je n(e) veux rien, etc. où la commutation [Э] ~ [0], [3] ~ [œ] semble jouer un rôle distinctif. Ces oppositions ne sont pas pourtant convaincantes en raison des conditions différentes de la réalisation des voyelles qu'on suppose opposées: la voyelle [э] se trouve généralement inaccentuée, alors que les phonèmes [ 0], [œ] dans des mots comme ceux, jeu, nœud, jeune sont susceptibles de porter un accent.

Les couples de mots tels que l'être ~ le hêtre, Геаи ~ le haut, l'un ~ le Hun où la présence du [Э] paraît assumer une fonction distinctive n'apportent pas d'argumentation solide en faveur du statut phonéma-tique de ce son parce que sa réalisation devant le "h" aspiré est prévisible.,

L.Scerba attribue au [э] instable le statut de phonème en raison de son alternance avec le zéro de son. Par le rapprochement des couples comme demander ~ à d(e)mander, peupler ~ à peupler il tend à prouver que le [э] alternant avec le zéro phonique constitue un phonème indépendant par rapport au phonème [œ] toujours présent dans le mot. Le point de vue de L.Scerba reste également contestable et ceci pour deux raisons: 1) l'alternance du [Э] instable avec le zéro phonique conditionnée par le contexte ou d'autres facteurs (stylistiques, par exemple) ne conduit pas au changement du sens des mots; 2) les réalisations du phonème [œ] que L.S5erba oppose au [э] en vertu de sa stabilité ne sont pa,s toujours pertinentes, surtout en français familier (jeunesse [3 nts], déjeuner [d&3nej). Donc l'alternance du [э] avec le zéro de son ne saurait être traitée en marque phonologique [55, p. 711.




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