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Principes d'identification des phonemes 2 страница




Néanmoins il y a des cas ou l'opposition [э ] ~ zéro de son n'est pas conditionnée par le contexte ce qui fait preuve du pouvoir distinctif du [э] instable et, par conséquent, de son statut de phonème: il s'agit des oppositions de type pelage ~ plage, pelisse ~ plisse, ferons ~ front, belon ~ blond, pelait ~ plaît. Mais ces oppositions se trouvent elles aussi compromises sur deux points:

1) les mots comme ferons, pelisse, pelait font partie du lexique courant et se prononcent fréquemment sans [э] dans le langage quotidien; dans ce cas l'opposition [э] ~ zéro de son se trouve neutralise'e;

2) les mots pelage, belon, où le [э] instable se trouve presque toujours maintenu se rapportent au vocabulaire d'emploi rare ce qui

témoigne d'un rendement fonctionnel extrêmement pauvre des oppositions de type pelage ~ plage aussi bien que du caractère marginal de la valeur distinctive du [a ].

L'analyse des possibilités distinctives du [9] instable amène donc à la conclusion que ce son ne constitue pas un phonème indépendant. Qu'est-ce qu'il représente alors s'il n'est pas un phonème?

Certains linguistes, N.Chigarevskaià entre autres, estiment que le [э] instable n'est qu'une variante du phonème [œ] réalisée en syllabe ouverte non accentuée, vu la confusion fréquente des articulations du [Э] avec celles du [œ]. Ce point de vue implique la nécessité d'envisager la réalisation phonétique du [Э ]. Il faut remarquer que de nombreuses descriptions du timbre de ce son sont loin de présenter un caractère convergent. La plupart des linguistes (L.Armstrong, L.Barret, E.Companys) considèrent qu'il s'agit d'un son intermédiare entre le [œ] et le [0] prononcé le plus souvent avec un arrondissement des lèvres un peu plus faible. D'autres.moins nombreux (M.Cohen, Ph.Martinon, B.Malmberg) le décrivent comme un [œ] ouvert, toujours bref, moins intense et moins tendu.

C.Brichler-Labaeye [51] et J.Varney-Pleasants [103] ont précise' lors des analyses instrumentales que le point d'articulation du [э] est plus en arrière que pour le [œ] et le [0]. Toutes les deux déclarent que le [э] ne se confond ni avec le [œ] ni avec le [ 0]. Il re'sulte de ces observations qu'au point de vue articulatoire le [э] instable ne peut pas être considéré comme une simple variante des phonèmes [ce] ou [0] et que ses réalisations phonétiques portent un caractère extrêmement varié. Les modifications observées concernent le degré d'aperture, la profondeur de l'articulation et même la labialisation de la voyelle. Le champ de dispersion des articulations du [Э ] instable recouvre les phonèmes [œ], [0], [o] auxquelles on peut ajouter la réalisation du [Э] comme voyelle neutre ou centrale avec un timbre un peu délabialisé proche du [e ].L'apparition de telle ou telle variante du [ э] instable est conditionnée en grande partie par le contexte et sa position par rapport à l'accent.

Un autre point de vue sur le statut phonologique du [э], celui qui nous semble le mieux justifié, se résume de la façon suivante: le [э] instable constitue une unité à part dans le système phonologique du français en vertu de sa réalisation phonétique et son fonctionnement bien particuliers. Cette conception du [э] instable est avancée dans les ouvrages de K.Parychnikova, N.Katagosè'ina et précisée dans l'étude instrumentale de L.Morozova [ 29].

Le statut particulier du [Э] instable se manifeste dans sa possibilité d'assumer plusieurs fonctions, notamment la fonction prosodique, délimitative et stylistique en dehors de la fonction distinctive, marginale pour cette voyelle.

La fonction prosodique du [э] instable consiste en ce que la réali-sation de ce son contribue à maintenir la structure syllabique propre à la langue française dont la syllabe-type est la syllabe ouverte: des autres élèves [de - zo - tra - ze -'lt:v], proprement [pro - ргэ - 'mû], acheter [а-5э -'te], le petite [la - рэ-'tit].

La fonction prosodique du [э] se révèle encore dans les cas ou sa réalisation est liée à la structure rythmique de l'énonce. En effet, pour e'viter deux accents de suite on prononcera:/'ai trouvé une jo'lie pelouse, mais on dira plutôt sans [d ]; il y a des 'fleurs sur la 'p(e)louse. L'influence du facteur rythmique sur la re'alisation du [э] se voit surtout dans des mots composés comme garde-meuble, garde-barrière, porte-plume, porte-monnaie dont le premier éle'ment est susceptible de porter un accent. En effet, dans des conditions articulatoires et distributionnelles identiques, le [э] instable se maintient à la joncture de deux éléments du mot compose7 lorsque le premier est suivi d'un monosyllabe: 'garde-"meuble, 'garde-fou, 'portée-plume. Au contraire, s'il est suivi de plus d'une syllabe, le [э] instable tombe aisément:'gard(e)-barrière, 'port(e)-crdyon, 'gard(e)-cô'tier. C'est peut-être par le facteur rythmique qu'on pourrait expliquer l'introduction du [э] dans ours blanc, même si la graphie du mot ne le prévoit pas.

Les particularités de la distribution du [э] instable dans la chaîne parlée permettent de l'utiliser pour la de'marcation des mots ou des unités accentuelles. La fonction de'marcative ou délimitative du [э] s'exerce dans le cas de la congruence des limites de la syllabe et du mot, par exemple: quelque chose de ample, je crois que oui, le un, le „i" etc. Le besoin de la délimitation conditionne le maintien du [э] instable dans les groupes de mots tels que laisse-le entrer, regarde-le aller. Le rôle délimitatif de cette voyelle apparaît clairement dans la distribution syllabique des groupes de trois consonnes qui se révèle fort différente selon que ce groupe soit réalisé à la joncture interne (à l'inte'rieur du mot) ou à la joncture externe (à la limite des éléments d'un mot compose', des mots et des unite's accentuelles). Ainsi les résultats de Г enquête de P.Léon [75] donnent 90% de [9] prononces dans appartement, 78%de [э] supprimés dans porte-manteau et 96%de [Э] supprimés dans porte manquée.

Malgré' la différence d'opinions sur le statut phonologique, le timbre et la distribution du [э] instable les linguistes s'accordent à affirmer que cette unité phonique sert de moyen stylistique le plus sûr. Le nombre de [Э] prononce's décroît lorsqu'on passe du langage soutenu au langage familier. Toutefois, la distribution des [э] prononcés ou omis suivant la position ou le contexte phonique est souvent plus important que leur occurence même dans un tel ou tel style du discours.

Le langage poétique a ses propres règles de la prononciation du [э] instable. Le code poétique exige ainsi le maintien du [y] devant

consonne, même à la fin des mots. Citons, par exemple, ce vers alexandrin de Lamartine: Terre, soleil, vallons, belle et douce nature. (A u -t о m n e). Le [э] instable prononce' systématiquement devant les consonnes contribue, d'une part, à observer la mesure du vers, à ralentir le rythme, un autre élément du code poétique, et, d'autre part, à augmenter la musicalité du vers.

Système consonantique

Les types d'oppositions qu'on dégage dans le système consonantique du français sont moins nombreux que ceux qui caractérisent les voyelles. On n'y retrouve que deux corrélations pertinentes: 1) la corrélation de sonorité qui réunit les consonnes sonores opposées aux consonnes sourdes; 2) la corrélation de nasalité formée par les consonnes orales opposées au consonnes nasales.

Opposition consonne sonore ~ consonne sourde

L'opposition consonne sonore~consonne sourde est la plus importante dans le système consonantique du français. Elle renferme toutes les consonnes-bruits qui se répartissent en deux classes: les occlusives [p] ~ [b], [t] ~ [d], [k] ~ [g] et les constrictives

[f] ~ [ir], [s] ~ [z], [J] ~ [j]. A la différence des consonnes-bruits, les sonantes n'entrent pas dans cette corrélation, parce qu'elles sont sonores par excellence et la sonorité perd pour elles sa valeur distinctive.

La distinction entre les consonnes sonores et les consonnes sourdes est d'un grand rendement fonctionnel en français; elle est valable dans toutes les positions du mot: à l'initiale, à la finale, aussi bien qu'en position intervocalique. Citons quelques exemples: à l'initiale: pas ~ bas, temps ~ dent, quand ~ gant, cri ~ gris, faut ~ vaut, celle ~ zèle, chant ~ Jean; en position intervocalique: dépit ~ débit, défaire ~ des verres, manchon ~ mangeons; à la finale: Alpes ~ Albe, vente ~ vende, roc ~ rogue, vif ~ vive, fasse ~ phase, bouche ~ bouge.

Ce qui caractérise surtout cette opposition en français, c'est son maintien à la finale. En effet, par ce trait particulier le français se distingue nettement d'autres langues, notamment de l'allemand, du russe ou du biélorusse qui ne connaissent que les consonnes sourdes à la finale.

Ce type d'opposition joue un rôle morphologique important, surtout dans la distinction entre le masculin et le féminin des adjectifs: bref ~ brève, actif ~ active, grand ami ~ grande amie.

Il faut noter que les sourdes se distinguent des sonores non seulement par l'absence de sonorité qui leur est propre, mais aussi par une articu-

lation plus e'nergique, plus forte. Les consonnes sourdes sont appelles fortes par opposition aux consonnes sonores qui sont douces.

Il importe alors de déterminer laquelle de ces deux caractéristiques, la sonorité' ou la force, doit être considérée comme pertinente dans la distinction entre les consonnes sourdes et sonores. A première vue il semble logique de considérer la sonorité' comme le trait essentiel et d'attribuer à la force un rôle secondaire. C'est effectivement le cas dans un grand nombre de langues. Mais en français le problème est plus de'-licat. La complexité des faits en français se révèle surtout dans le cas d'assimilation consonantique qui se produit normalement à la rencontre de deux consonnes différentes au point de vue de la sonorité, que ce soit à l'intérieur d'un seul mot ou dans un groupe accentue!: médecin [m&t'se], absent [ap'stx], bec de gaz [be-g da'oo'z], une robe teinte [yn rop'te:t] En effet, en position d'assimilation la distinction de sonorité disparaît étant donne' que toute consonne sonore devient sourde en contact avec une consonne sourde et inversement. Quant à la différence de force, elle persiste même dans le cas d'assimilation, c'est-à-dire qu'une sourde devenue sonore garde son caractère de forte alors qu'une sonore reste toujours douce, ce qui permet de distinguer vous l'achetez de vous la j(e)tez. Ceci étant, certains linguistes, comme par exemple B.Malmberg [81, p.18], considèrent la différence de force en tant que trait essentiel des consonnes françaises en attribuant à la sonorité un caractère accessoire. Il semble pourtant plus raisonnable d'admettre que la sonorité' et la force vont de pair dans la distinction entre les sonores et les sourdes et que l'une est aussi pertinente que l'autre. C'est le point de vue de A.Martinet, de H.Walter ainsi que de certains autres linguistes Л

Consonnes nasales

L'opposition consonne orale~consonne nasale est également d'une grande importance pour les consonnes occlusives. Elle affecte les bilabiales [p] ~ [b] s'opposant par ce trait à la consonne nasale [m],aussi bien que les apicales [t], [d] qui forment une opposition avec la consonne [n]: [b] ~ [m] — bonté''~ monté, beau ~ mot, robe ~ Rome, habit ~ ami; [p] ~ [m] —peau ~ mot, père ~ mère, Poitiers ~ moitié, crêpe ~ crème; [d] ~ [n] — dette ~ nette, raide ~ reine; [t] ~ [n] — thé ~ nez, cette ~ saine.

Il faut mentionner deux cas particuliers où l'opposition consonne orale~ consonne nasal'e peut se neutraliser au

B.Malmberg a, par la suite, change d'opinion en proposant de considérer la so-noritç comme le trait pertinent dans les cas normaux qui, en position d'assimilation, est remplacé par la force, trait généralement redondant [84, p. 87].

profit d'une seule consonne nasale: 1) lorsqu'une consonne orale suit une voyelle nasale (somptuaire [8от'Це:г], vingt-deux [vsn'd^]); 2) lorsqu'elle précède une consonne nasale (maintenant [m£?no], et demi [en'mi], tout de même [tun'mtm]. Il s'agit là des phénomènes d'assimilation de nasalite' dont la re'alisation de'pend en grande partie du débit et du style de prononciation. C'est notamment le style familier qui admet une fre'quence éleve'e de ce type d'assimilation.

L'opposition [n] ~ [71] restant la seule de la corrélation qui renfermait encore la distinction entre le [1] поп-mouillé et le [1] mouille' tend actuellement à l'élimination par la perte de la palatale [71]. Il est évident que c'est la position isolée de la consonne [71] dans le système actuel qui provoque l'instabilité' de sa réalisation, notamment sa confusion avec le groupe consonantique [nj]. Cette confusion, observée encore au début de notre siècle, a tendance à progresser et à changer de sens. Si dans la première moitié' du siècle la confusion se faisait en faveur de l'articulation unique [71], aujourd'hui elle va dans le sens inverse, et c'est le groupe consonantique [nj] qui gagne du terrain. De façon très précise P.Simon [ 101] apporte la preuve expérimentale de la prédominance de ce groupe [nj], surtout en position intervocalique (montag-gnard [rn5ta'nja:r], vignoble [Vi'nJDbl], baignoire [be'njwa:r]. La palatale [71] se maintient avec plus de rigueur devant consonne (enseignement [Sse/t'mS], éloignement [elwaji'mâ], ainsi qu'en position finale (vigne [Viji], ligne ['liji], maligne [ma'li/i]).

L'instabilité de la consonne nasale palatale []г] en français moderne est équilibrée par l'emploi de plus en plus fréquent de la nasale vélaire [rj] dans les formes en -ing empruntées à l'anglais (camping, shopping, footing, etc.) pour lesquelles on atteste différentes prononciations en finale, notamment [TJ], []г], [jig ], [Jiji]. Par exemple, le mot camping enregistre' dans le Dictionnaire de A.Martinet et H.Walter f 91] est prononcé7 [kapirj] par la majorité' des informateurs; les autres >ariantes moins fréquentes sont [ka'pyi], [Wpijift], [ka'pi/î<7] • Comme la productivité' du suffixe -ing semble augmenter en français, même pour les mots non empruntes tels que caravaning, on parle de l'apparition d'un nouveau phonème [rj ].

Semi-voyelles, (gemi-consonnes)

Le statut phonologique des semi-voyelles [j], [w], [ц,], appele'es aussi semi-consonnes, soulève de nombreuses discussions de la part des linguistes ce qui témoigne de la difficulté de leur classement.

De toutes les analyses faites deux opinions essentielles se dégagent: 1) les semi-voyelles ne représentent pas de phonèmes indépendants dans le système actuel et doivent être considérés comme les variantes des phonèmes vocaliques correspondants [i], [u], [y];

2) les mêmes semi-voyelles sont trois phonèmes indépendants faisant partie du système consonantique du français.

Parmi les linguistes qui refusent aux semi-voyelles le statut de phonèmes on trouve N.Katagoscina, A.Martinet, H.Walter, K.Togeby. Ils classent ces sons dans le groupe de variantes vocaliques en raison de leur alternance avec les voyelles correspondantes en position prévocalique: pied ['pje], nuit ['ni^i], violent [^p'la], noisette [nwa'zet]. Il faut pourtant noter que la règle n'est pas absolue et que certains mots connaissent une double prononciation devant voyelle. Par exemple, les mots du type jouer, échouer, tuer, lier peuvent se prononcer avec une voyelle [ju'e], [eju'e], [ty'e], [li'e] ou bien avec une semi-voyelle fcwe], [e'jwe], [Ч^е], ['lje]. Ces exemples prouvent avec évidence qu'il ne s'agit pas là de variantes combinatoires, parce que les variantes d'un même phonème se réalisent dans des contextes phonétiques différents et ne se trouvent jamais en même position. Les facteurs qui déterminent l'emploi d'une voyelle ou d'une semi-voyelle sont plutôt d'ordre extraphonique, à savoir l'analogie, l'orthographe, l'étymologie, le style, etc.

Ainsi, la prononciation vocalique et par conséquent dissyllabique qu'on observe souvent dans les mots du type jouer, tuer, lier peut s'expliquer par l'influence analogique des formes accentuées je joue, je tue, je lie. L'analogie peut atteindre mime des mots dérivés ou apparentés: jouet [3u'&] ou ['3W£]. D'autre part, les variations de la réalisation des voyelles et des semi-voyelles en position prévocalique sont déterminées par des raisons étymologiques: les mots à prononciation monosyllabique unanime avec [j], [w] ou [y,] sont essentiellement ceux qui, comme pied, tiède, rien, nuit, comportaient une diphtongue en ancien français, tandis que les mots qui font apparaître les divergences, comme lion ou skier, sont pour la plupart ceux qui contenaient un hiatus (rencontre de deux voyelles) dans l'ancienne langue.

Il faut encore mentionner la tendance à l'emploi des articulations vocaliques (diérèse) dans la versification exige' par le code poétique. Ainsi dans ce vers de A. de Musset Un grand lion soulève de la poésie Venise le mot lion est prononcé en deux syllabes [li - '5] afin de maintenir la structure métrique propre à cette poésie.

L'examen des mots caractérisés par une double prononciation prouve avec évidence que les semi-voyelles ne peuvent pas être considérés en tant que variantes combinatoires des voyelles correspondantes et qu'il faut les classer parmi les phonèmes consonantiques. C'est le point de vue de K.Barychnikova, N.Chigarevskaià, M.Gordina, B.Malmberg. Le caractère consonantique de ces sons apparaît clairement dans l'impossibilité' de former le noyau syllabique: ils constituent une seule et même syllabe avec la voyelle qui suit. Certains linguistes attestent aux semi-voyelles le caractère consonantique en raison de l'absence de la liaison et de l'élision avec les mots commençant par ces sons, p.ex.: le yacht,

les yachts, la Yougoslavie, de yatagan, le huit, de ouate. La liaison et l'élision se font surtout avec les mots dont la formation date de l'époque où les sons à l'initiale étaient des voyelles: les oiseaux, l'oiseau, l'huile,

etc. >

II faut enfin mentionner une situation particulière de la semi-voyelle

[j] par rapport aux autres semi-voyelles: elle s'oppose à la voyelle [i]

en finale de mot ou de syllabe ce qui prouve de façon indéniable son

statut de phonème: abeille [a'bej] ~ abbaye [abe'i], paye ['p&j] ~

pays [pe'i], caillement [kaj'ma] ~ caïman [kai'ma].

Consonnes gémine'es

La gémination des consonnes consiste dans le fait de leur dédouble-ment dont le trait essentiel semble être la présence de la coupe syllabique entre les deux consonnes identiques: ap — pa, at — ta, in — né, etc. Du point de vue articulatoire la gémination se présente de deux façons:

1. La réalisation d'une vraie consonne double, chacun des deux sons conservant les trois phases d'articulation: la mise en place (l'implosion), la tenue et la détente (l'explosion). Dans ce cas on aura deux implosions, deux tenues et deux explosions. L'articulation double amène à la formation du groupe [tat] ou Jtht] (netteté- [netate] ou [netnte] selon que l'articulation entière est accompagnée ou non des

vibrations des cordes vocales.

2. La réalisation d'une consonne gémine'e caractérisée par l'absence de la troisième phase dans l'articulation du premier son et par le manque de la première phase dans la prononciation du deuxième son. La tenue du second vient se greffer sur celle du premier, et l'on peut constater un fléchissement, une diminution de tension musculaire entre les deux tenues. C'est dans ce point que se produit la coupe syllabique du mot.

Il faut noter que la prononciation d'une consonne double dans le sens propre de ce mot, c'est-à-dire l'observation par chacune des consonnes des trois phases d'articulation, est exceptionnelle en français, on ne la retrouve que dans un langage soutenu, et même dans ce type de langage il s'agit souvent des particularités individuelles.

Le français utilise des consonnes gémine'es dans les cas suivants:

1. Les verbes irréguliers mourir, courir, acquérir, conquérir se prononcent régulièrement avec un [r] géminé au futur et au conditionnel présent pour les opposer aux formes correspondantes de l'imparfait: il mourrait — il mourait, je courrais —je courais, ils acquerraient—ils acquéraient.

2. Une géminée se réalise régulièrement à l'intérieur d'un mot par suite de la chute du [Э] instable: intim(e)ment, net(e)té, éclair(e)ra,^ la-d(e)dans. Ce type de gémination se manifeste à la joncture interne (à la frontière des morphèmes) et a un rendement fonctionnel considérable,

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car il sert à distinguer entre il éclaira et il éclair(e)ra, la dent et là-d(e)dans, intimant etintim(e)ment, etc.

3. Une géminée apparaît sans exception à la joncture externe entre deux mots faisant partie d'un groupe accentuel dont l'un se termine et l'autre commence par la même consonne: petite table, ils montent tous, tu m(e) mens, elle Va vu, grande dette, une noix. Il s'agit également d'une gemmation utilisée souvent à des fins distinctives pour opposer une oie à une noix, il a dit à // l'a dit, tu mens à tu m(e) mens, mon père entre à mon père rentre, etc.

4. Une géminée peut se réaliser dans certains mots savants dont l'orthographe influence la prononciation: addition, immanent, illogique, irrémédiable, Hollande, aggraver, mammifère. Dans ces cas la gemmation n'a pas de rôle fonctionnel ce qui détermine son caractère non-obligatoire: les deux prononciations, celle à consonne simple et celle à géminée sont considérées comme variantes stylistiques ou individuelles. Selon M.Grammont, "la prononciation d'une consonne double à l'intérieur d'un^mot est contraire au ge'nie de la langue française, puisqu'elle a simplifie' toutes les consonnes doubles dans les mots de son vieux fonds" [70, p.90]. Telle est l'opinion de certains autres linguistes (Ch.Bruneau, G.Gougenheim, A.Martinet) qui remarquent que la prononciation d'une consonne géminée est un trait de pédantisme ou d'emphase.

Il faut pourtant noter que les constatations des orthoépistes se trouvent actuellement contrariées par l'usage réel où le phénomène de ge'mination semble s'étendre de plus en plus. Chez certaines personnes instruites on entend fréquemment au sommet [ о sDirim& ], un satellite [sat&l'lit]. On observe même la gémination dans des mots dont l'orthographe contient'une consonne simple:cfesp/iizes diluviennes [ dilly Vjen]. Dans le parler de tous les jours on entend presque régulièrement [ 3 alle'uy] pour je l'ai vu, [imslla'di] pour il me l'a dit. Cette prononciation, emphatique de son origine, a perdu ce caractère particulier pour devenir un phénomène phonétique normal.

A partir des observations sur l'extension de la ge'mination dans l'usage contemporain on pourrait conclure qu'elle tend à devenir un phénomène stable dans le système français.

On distingue généralement une consonne géminée d'une consonne longue prononcée sous l'accent emphatique avec une tenue prolonge'e: magnifique ["m:ajai'f ik], évidamment [e"u:ida'mft], épouvantable [e"p:uvS.tabl]. Dans le cas de l'allongement consonantique la coupe syllabique tombe avant la consonne: [e - "v.i - da -'mu]. Pourtant dans son e'tude expérimentale sur la durée des consonnes M.Durand confirme l'absence d'une distinction régulière entre les consonnes géminées et les consonnes longues. En d'autres termes, les géminées françaises se réalisent ordinairement comme des consonnes longues sauf si on articule soigneusement.

Cependant la possibilité qui existe de distinguer, si c'est nécessaire, la gemmation de l'allongement permet de considérer ces deux phénomènes comme faisant partie, chacun sur son plan, du système phonétique de la langue française.

NIVEAU PROSODIQUE DU SYSTÈME PHONÉTIQUE DEFINITION DE LA PROSODIE. FONCTIONS DE LA PROSODIE

La prosodie ou l'intonation représente la somme de faits phoniques qui accompagnent ou caractérisent le discours etqui ne coïncident pas avec les phonèmes [74, p. 311].

Les termes "intonation" et "prosodie" ne sont pas identiques surtout à cause de l'emploi abusif du terme "intonation". Un certain nombre de linguistes,(P.Delattre, I.Lehiste) comprennent sous le terme d'"into-nation" les variations de la mélodie de l'énoncé. Dans leurs travaux ayant plutôt une orientation pédagogique le terme "intonation" est employé au sens restreint. Cette définition appliquée à l'intonation est une des plus fre'quentes. D'autres encore (P.-R.Léon, D.Crystal) emploient le terme "intonation" au sens large ayant en vue tous les trois composants du langage oral: le ton, la durée et l'intensité.

L'absence d'une confusion pareille dans l'emploi du terme "prosodie" permet de le choisir comme ayant une définition plus concrète. On classe dans la prosodie tous les faits phoniques de la parole qui n'entrent pas dans le cadre çhonématique (K.Barychnikova, A.Martinet, G.Faure).

La prosodie est conçue en tant que phénomène phonétique complexe. Il s'agit non seulement d'un ensemble des inflexions de la voix qu'on nomme la mélodie de la langue, mais aussi de l'énergie réalisée au cours de l'émission ainsi que du débit de l'énoncé, des pauses, des accents, du rythme et du timbre prosodique^.

Comme tout fait phonique de la parole, la prosodie peut être soumise à l'examen sous quatre aspects: physiologique, acoustique, perceptif et fonctionnel.

L'aspect physiologique de l'étude prosodique prévoit l'analyse de l'activité des cordes vocales et de l'ensemble des organes phonatoires qui est à la base de la formation des variations prosodiques.

Les variations du timbre sont très importantes pour l'analyse prosodique du langage émotif. Les rapports étroits entre le timbre et d'autres moyens prosodiques (mélodie, durée, intensité) prouvent qu'il peut être envisage' comme un des composants de la prosodie. Or, le timbre n'est pas encore assez étudie', on connaît peu ses correlats articulatoires er acoustiques.




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