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Paris-vii quitte le Quartier latin pour l’est parisien

«De la lumière, du matériel neuf, plus de tags: c'est difficile de se plaindre, lorsqu'on a étudié entre les murs lépreux de Jussieu.» StéphaneMounier, 23 ans, a suivi son premier cours de biologie la semaine dernière dans les locaux flambant neufs de Paris-VII, surgis de terre dans le XIIIe arrondissement. Il est ravi de «quitter la forteresse duQuartier latin».

Pour Benoît Eurin, le président de l'université Paris-VII, la priorité était de partir de Jussieu le plus rapidement possible: «Il s'agit d'une question de santépublique.» Aujourd'hui, environ 40% des locaux sont en effet encore amiantés.

Le déménagement de Jussieu a été décidé dans les années 1995-1996, lorsque l'amiante a été détectée dans les murs de l'université. Après de nombreux atermoiements politiques, l'emplacement a été choisi, loin du Quartier latin. « Les universitaires étaient à l'époque furieux de partir », se souvientFrançois Montarras, le vice-président en charge de l'aménagement du campus Paris-Rive gauche. Les affiches: «Non à la déportation!» ont longtemps fleuri. «Aujourd'hui, tout le monde nous envie », assure-t-il.

L'idée de la présidence de Paris-VII est d'inaugurer un bâtiment «exemplaire» alors que le bâti universitaire est souvent insuffisamment entretenu et pas toujours respecté: «Tout cela va changer parce que ce sont de beaux bâtiments, sans câbles apparents, avec un minimum de faux plafonds: ils vont plaire, donc il va y avoir du respect. Désormais, dès qu'il y a un tag, on l'enlève dans le quart d'heure.»

Les étudiants handicapés seront particulièrement bien accueillis, avec des locaux spécialement dédiés à leurs soins et des places handicapés dans les amphis. Pour cet habituel bastion de la contestation étudiante, il sera par ailleurs plus difficilede faire grève ou de bloquer l’université, puisque les bâtiments du nouveau campus sont éloignés les uns des autres et entourés de locaux d'habitation.

 

Une université délibérément ouverte sur la cité

Les Grands Moulins de Paris comme la Halle aux farines ont été réhabilitées. En décidant de s'installer en bord de Seine, dans le nouveau quartier qui se développait à l'est de la Bibliothèque nationale, l'université entendait ne pas recréer un bloc monumental et isolé comme ce campus de Jussieu qu'elle allait quitter.

«Au contraire, la circulation des étudiants et des chercheurs devait contribuer à la richesse de la vie urbaine», explique François Montarras, le vice-président de l'établissement en charge de cet aménagement. Le nouveau campus se rêvait en «univer-cité».

Surtout, pour éviter de donner une image monolithique de l'institution, chacun des édifices se distingue de ses voisins. «Il devait s'identifier par sa fonction mais aussi par son aspect architectural», note François Montarras. Des bâtiments à fort tempérament, Paris-VII en a déjà récupéré en décidant de conserver les Grands Moulins de Paris, construits à partir de 1917, et la longue Halle aux farines voisine, qui date des années 1940. Il fut aussi décidé que chaque pièce du dispositif, rénovée ou construite, serait attribuée à un architecte différent.

Pour satisfaire cette ambition, des concours furent lancés en 2000. La réhabilitation du bâtiment un brin solennel des Grands Moulins est l'œuvre de Rudy Ricciotti. L'architecte a préservé son aspect. En revanche, à la place de la minoterie et des silos sont en train de s'installer la bibliothèque qui a toujours fait défaut à l'université et des services administratifs, dont la présidence.

À côté, Nicolas Michelin a eu la délicate mission de transformer ce vaste entrepôt qu'était la Halle aux farines en locaux d'enseignement. L'architecte admet qu'il a gavé l'édifice avec treize amphithéâtres de 160 à 300 places et une cinquantaine de salles de cours. Une légère structure vitrée s'est amarrée en paquebot de béton pour accueillir un restaurant universitaire.

Pour être encore plus ouverte sur la ville, l’université a imaginé d’installer des commerces et des services dans les rez-de-chaussée de ses locaux ou de rendre utilisables, à l’avenir, certains de ses équipements par d’autres publics que les étudiants.

D’après le Figaro.

Commentaires.

1. tag m – mot angl. «Insigne» Signature codée formant un dessin d’invention décorative, sur un mur ou une voiture de métro. Graffiti m.

2. amiante m – Matériel fibreux, asbeste.

 

Autour des textes:

1. Relevez toutes les dates et nommez les événements qui y correspondent. Reconstituez l’ordre chronologique des événements.

2. Relevez tous les noms propres, associez-y les fonctions des personnes. Citez ce qu’ils ont dit à propos de la nouvelle université.

 

3. Lisez le texte et

La journée d’un étudiant

 

Le réveil éclata avec une force stridente. Lucien Ménestrel se catapulta en bas de son lit et alluma. Plus de vautrage après sonnerie, c’est le deuxième trimestre qui allait décider de tout. Une cloison partielle, en faux acajou, séparait le lit du petit cabinet de toilette, en fait un lavabo, pas plus. Ménestrel alluma la lumière au-dessus de la glace et se recoiffa avec soin. Quant il se fut coiffé, il repassa dans la chambre. De vraies cellules, les chambres de la Résidence. Entre le lit et la commode, deux types de gabarit moyen pouvaient à peine se croiser. Au-dessus de sa tête, un trait fin, à peine perceptible, un mètre soixante-quinze. Il avait trois centimètres à gagner. Il prit appui sur ses pieds, retint sa respiration et fit un effort puissant pour s’allonger. Il répéta l’opération dix fois, respira et passa au second mouvement. Objection, tu vas t’étirer comme ça toute ta vie? Ménestrel releva la tête avec résolution. Pourquoi pas? Il répéta à voix haute. Pourquoi pas? Et il entama le troisième exercice. Ses élongations finies, il repassa de nouveau dans le minuscule cabinet de toilette. Ménestrel sortit sa théière de la penderie qui faisait face au lavabo, brancha sa bouilloire électrique et tandis qu’elle chauffait, il se savonna le torse. Ménestrel se rasait non sans malaise. La bouilloire se mit à chanter, Ménestrel aurait pu aller prendre son petit déjeuner au Restau, il était ouvert à partir de sept heures et demie, mais c’était loin. La baie occupait toute la largeur de la cellule et donnait beaucoup de jours par temps clair, mais pour le moment, le matin était sale, crasseux même, la vue affligeante. Peut-être, dans trois ou quatre ans, ça ferait un joli campus avec de belles pelouses, mais pour l’instant, ce n’était encore qu’un chantier.

Le regard de Ménestrel devint austère et il lut tout haut un papier fixé au mur:

1. Finir ma trado lat.

2. Relire texte J.-J. avt TP.

Le papier était fixé par des punaises, fixation prévue et bien entendu interdite, par le règlement. A la Résidence, tout était défendu, même de déplacer un cendrier, de changer la place du lit ou de recevoir sa mère dans sa chambre. Il regarda à l’horizon le chantier de la Fac de Droit, et sur sa droite, les cubes de béton de la Fac des Lettres. Verre, béton, aluminium, les cubes bien carrés et les fenêtres rectangulaires. L’immense usine à fabriquer des licenciés, rendement faible, très faible, 70 % d’échecs et qu’est-ce qu’on faisait des déchets, et moi je ne peux pas me permettre d’être un déchet, ni de perdre ma bourse, ni de piétiner des années comme pion.

Ménestrel s’assit, ouvrit son dico et se mit à travailler. Le jour se levait, la petite cellule était bien chauffée. Il se sentait à l’aise dans sa peau, l’esprit clair, les muscles dispos, assis décontracté devant ses livres, vêtu d’un pantalon de flanelle grise, d’une chemise de coton bleue et d’un pull bleu foncé. Il avait fait deux ans de khâgne, sa trado lat ne lui paraissait pas trop dure, il travaillait avec une sensation agréable de vitesse et d’efficacité. Les phrases difficiles cédaient l’une après l’autre après une résistance raisonnable. Le seul effort un peu pénible, refréner son envie permanente de se lever.

Coup d’œil à la montre. Il était temps de se mettre au Rousseau. Levasseur recommandait aux étudiants de lire attentivement le texte de l’explication avant les TP. Le regard de Ménestrel tomba sur sa montre, il bondit sur ses pieds, ramassa ses affaires en un clin d’œil, enfila sa veste de tweed à la diable, il n’était pas en retard, mais quand il bougeait, il aimait bouger vite. Il ferma sa porte à clef en sifflotant, fit deux pas en dansant dans le couloir, et frappa du poing à la porte de Bochute. Oui, dit une voix geignarde et assoupie. Je file, dit Ménestrel à voix haute, tu me rattraperas.

***

Les étudiants de Levasseur se pressèrent à sa suite dans la petite salle rectangulaire. Jacqueline Cavaillon s’assit au sixième rang, une place était vide à côté d’elle et elle sourit à Ménestrel tandis qu’il entrait, l’air contrarié, ses notes et ses livres sous le bras. Mais il posa ses affaires sur une table au deuxième rang, au bord de l’allée centrale. A la fin des TP., il voulait être un des premiers à sortir, pour être sûr de trouver une place à la biblio du département. Méthodiquement, il retira sa veste de tweed et, en posant sur le dossier de sa chaise, il jeta un coup d’œil à sa voisine de gauche, une blonde avec des cheveux longs, raides et brillants pendant de chaque côté du visage, mais bien protégée par son rideau de cheveux, elle resta immobile et ne lui rendit pas son regard. Ménestrel pensa avec humeur, ce que ça peut être arrogant, les filles.

Levasseur étendit la main droite, un silence relatif se fit et Danielle commença à parler. Pâle, à peine audible, les yeux baissés, elle lisait son texte en ânonnant. Il y eut des murmures dans la petite salle. Quelqu’un cria: «Plus fort!» Ménestrel fit «Chut!» en regardant derrière lui d’un air mécontent. Levasseur dit avec assez de gentillesse, Mademoiselle on ne vous entend pas, faites un effort pour parler plus haut.

Levasseur avait la réputation d’être sec, et pourtant, à l’égard de Danielle, il était plus que correct, il était attentif, il ne marquait ni humeur, ni impatience. Quand l’explication fut finie, Levasseur laissa Danielle regagner sa place. Il lui fit des critiques modérées. Son exposé n’était pas mal construit, son plan très acceptable, dans ce qu’elle avait dit il y avait de bonnes choses. Malheureusement elle avait lu ses notes. Le silence emplit la petite salle. Levasseur commença à parler. Il connaissait bien Rousseau, il avait lu et fiché les critiques, en outre il croyait à ce qu’il faisait.

Levasseur avait répété la veille son explication au magnétophone afin de mieux se dégager de ses notes et de regarder son auditoire. Et maintenant, tandis qu’il parlait, il éprouvait un vif plaisir. C’était du travail bien fait, le plan bien enchaîné, les transitions astucieuses, les coins et recoins fouillés, et des petites découvertes, ça et là. Et surtout, cherchant le contact avec ses étudiants, il venait de le trouver au détour d’une phrase. Il y avait eu comme un déclic, et tout d’un coup, un silence plus actif, un meilleur niveau d’attention, quelques regards plus vifs.

Ménestrel prenait de nombreuses notes, c’était agréable, il avait l’impression d’avancer. Levasseur disait des choses que Ménestrel avait eu l’envie de penser, mais pas jusqu’au bout, ni sous cette forme.

***

Ménestrel travaillait depuis une heure à la biblio à l’explication d’un texte de vieux français qu’il devait faire pour Lecenne. Les livres allemands que Lecenne avait signalés dans sa biographie étaient en main.

Ménestrel plongea la main dans sa poche pour y prendre son mouchoir et y trouva la lettre de sa mère, reçue le matin et pas encore décachetée. Son humeur joyeuse s’évapora. Il resta un moment à la regarder, puis décacheta l’enveloppe, mais sans en retirer la feuille de papier bleu grand format pliée en quatre. D’ailleurs pas d’illusions à se faire, le temps qu’elle a mis à répondre est déjà en soi une réponse. Il déplia le feuillet avec lenteur.

 

Mon cher enfant,

Il est certain que mon silence a dû te surprendre, car je n’ai pas l’habitude, que je sache, de ne pas répondre à tes lettres. Tu sais bien pourtant, qu’en toutes circonstances, tu peux compter sur moi, et je ne vois pas pourquoi tu as récrit une deuxième lettre sur un ton qui me faisait presque reproche de mon silence. Tu devrais bien comprendre qu’on n’a guère le cœur à écrire quand on est veuve et qu’on vit absolument seule, l’hiver avec ses pensées, dans une baraque mal chauffée.

Je suis bien navrée pour toi, mon cher enfant, que tu n’aies pas encore touché ta bourse du premier trimestre, alors que nous sommes déjà en mars. Malheureusement, il m’est absolument impossible de t’aider à nouveau. Je t’ai avancé pour le premier semestre, comptant bien que tu pourrais me rembourser à Noël, et j’ai été très déçue que tu n’aies pu le faire. J’ai bien un petit pécule à la banque, mais comme je te l’ai déjà expliqué, je n’y touche jamais: si je tombe malade, il faut bien que je garde cette somme en réserve pour payer ma clinique.

Enfin que veux-tu que je te dise, mon cher enfant. J’ai cinquante et un ans et une santé délicate, tu en as vingt. Il est temps que tu voles de tes propres ailes et que tu apprennes à te débrouiller dans la vie. A mon avis, tu devrais faire une réclamation pour ta bourse.

J’espère que tu vas bien, et que tu travailles bien. Je prie pour toi matin et soir, et je t’embrasse bien affectueusement, mon cher enfant.

Julie de Belmont-Ménestrel

 

Ménestrel posa le feuillet sur la table, et les yeux mi-clos, le visage immobile, il le fixait sans le voir. Même en empruntant à sa mère pour novembre et décembre, il avait dû se livrer au travail noir, c’est-à-dire perdre des heures et des heures d’étude pour joindre les deux bouts, et maintenant le retard dans le paiement de sa bourse et le refus de sa mère ça voulait dire perdre trois fois plus de temps à des petits travaux ineptes à Paris. Au premier trimestre, il avait vendu des yaourts à domicile, trié des chèques dans un centre de chèques postaux, donné des cours à une débile mentale et fait du baby-sitting. Le plus embêtant, c’est qu’aucun de ces petits métiers ne durait. En général, c’était du travail noir, non déclaré, toujours en remplacement de quelqu’un. Au bout de quinze jours au maximum, il fallait chercher autre chose.

D’après R. Merle Derrière la vitre

Commentaires:

1. Vautrage m – du verbe (se) vautrer: se coucher, s’étendre en se roulant.

2. J.-J. avt TP – Relire le texte de Jean-Jacques Rousseau avant les travaux pratiques.

3. Pion m – un surveillant.

4. Khâgne f – Classe préparatoire aux lycées qui prépare pour le concours à l’Ecole Normale Supérieure (lettres).

5. Pécule m – somme d’argent économisée peu à peu.

6. Faire une réclamation pour ta bourse – réclamer, exiger le paiement de la bourse.

7. Faire du baby-sitting – garder un bébé quand ses parents sont absents.

 

Autour du texte:

1. La journée de Ménestrel par quoi commençait-elle? Dans quel but faisait-il de la gymnastique matinale?

2. Comment était sa chambre à la Résidence? A quoi ressemblait-elle? Pourquoi la vue qui s’ouvrait sur le campus était-elle affligeante? Quelle impression produisait-elle sur Ménestrel?

3. Ménestrel pourquoi n’allait-il prendre son petit déjeuner dans le restaurant de l’Université?

4. Planifiait-il d’avance son emploi du temps? que devait-il faire ce jour-là?

5. Comment travaillait-il? Quels sentiments éprouvait Ménestrel quand il faisait sa traduction latine? Pourquoi ce n’était pas difficile pour lui?

6. Qu’a-t-il fait avant d’aller aux cours?

7. Pourquoi Ménestrel a-t-il décidé de s’asseoir au deuxième rang? Quelle était la réaction de sa voisine à son apparition? Qu’a-t-il pensé de toutes les filles de l’Université?

8. Le cours de Levasseur par quoi a-t-il commencé? Comment le professeur a-t-il caractérisé l’exposé de Danielle?

9. Levasseur quel cours faisait-il? Brossez son portrait. Relevez toutes les phrases qui témoignent que Levasseur était un bon professeur. Quelle réputation avait-il auprès des étudiants? Que signifie pour vous être un bon professeur?

10. Ménestrel à quoi travaillait-il à la bibliothèque? Prenait-il vraiment plaisir à son travail?

11. Quelle lettre avait-il reçu le matin avant d’aller aux cours? Pourquoi ne l’avait-il pas lue tout de suite?

12. De quoi sa mère se plaignait-elle dans sa lettre? Pourquoi refusait-elle d’aider son fils? Quel conseil lui a-t-elle donné cette fois?

13. Ménestrel touchait-il la bourse? Comment réussissait-il à joindre les deux bouts? Pourquoi était-il obligé de changer de travail tous les quinze jours? Les petits travaux qu’il faisait le satisfaisaient –ils?

14. En lisant la lettre de la mère de Ménestrel peut-on conclure que les relations entre la mère et le fils étaient assez tendues? Partagez-vous l’opinion de sa mère qui estimait que son fils devait apprendre à se débrouiller tout seul? Est-ce aussi la position de la plupart des parents?

 

 

4. Lisez le texte et caractérisez les professeurs du texte en dégageant leur trait principal commun.

 

Les profs et les élèves

Elle est immédiatement perceptible, la présence du professeur qui habite pleinement sa classe. Les élèves la ressentent dès la première minute de l'année, nous en avons tous fait l'expérience: le professeur vient d'entrer, il est absolument là, cela s'est vu à sa façon de regarder, de saluer ses élèves, de s'asseoir, de prendre possession du bureau. Il ne s'est pas éparpillé par crainte de leurs réactions, il ne s'est pas recroquevillé sur lui-même, non, il est à son affaire, d'entrée de jeu, il est présent, il distingue chaque visage, la classe existe aussitôt sous ses yeux.

Cette présence, je l'ai éprouvée une nouvelle fois, il y a peu, au Blanc-Mesnil, où m'invitait une jeune collègue qui avait plongé ses élèves dans un de mes romans. Quelle matinée j'ai passée là! Bombardé de questions par des lecteurs qui semblaient posséder mieux que moi la matière de mon livre, qui s'exaltaient sur certains passages et s'amusaient à épingler mes tics d'écriture... Je m'attendais à répondre à des questions sagement rédigées, sous l'œil d'un professeur légèrement en retrait, soucieux du seul ordre de la classe, comme cela m'arrive assez souvent, et voilà que j'étais pris dans le tourbillon d'une controverse littéraire où les élèves me posaient fort peu de questions convenues. Quand l'enthousiasme emportait leurs voix au-dessus du niveau de décibels supportable, leur professeur m'interrogeait elle-même, deux octaves plus bas, et la classe entière se rangeait à cette ligne mélodique.

Plus tard, dans le café où nous déjeunions, je lui ai demandé comment elle s'y prenait pour maîtriser tant d'énergie vitale. Elle a d'abord éludé:

- Ne jamais parler plus fort qu'eux, c'est le truc. Mais je voulais en savoir davantage sur la maîtrise qu'elle avait de ces élèves, leur bonheur manifeste d'être là, la pertinence de leurs questions, le sérieux de leur écoute, le contrôle de leur enthousiasme, leur emprise sur eux-mêmes quand ils n'étaient pas d'accord entre eux, l'énergie et la gaieté de l'ensemble, bref tout ce qui tranchait tellement avec la représentation effrayante que les médias propagent de ces classes blackébeures.

Elle fit la somme de mes questions, réfléchit un peu et répondit:

- Quand je suis avec eux ou dans leurs copies je ne suis pas ailleurs.

Elle ajouta:

- Mais, quand je suis ailleurs,' je ne suis plus du tout avec eux.

Son ailleurs, en l'occurrence, était un quatuor à cordes qui exigeait de son violoncelle l'absolu que réclame la musique. Du reste, elle voyait un rapport de nature entre une classe et un orchestre.

- Chaque élève joue de son instrument, ce n'est pas la peine d'aller contre. Le délicat, c'est de bien connaître nos musiciens et de trouver l'harmonie. Une bonne classe, ce n'est pas un régiment qui marche au pas, c'est un orchestre qui travaille la même symphonie. Et si vous avez hérité du petit triangle qui ne sait faire que ting ting, ou de la guimbarde qui ne fait que bloïng bloïng, le tout est qu'ils le fassent au bon moment, le mieux possible, qu'ils deviennent un excellent triangle, une irréprochable guimbarde, et qu'ils soient fiers de la qualité que leur contribution confère à l'ensemble. Comme le goût de l'harmonie les fait tous progresser, le petit triangle finira lui aussi par connaître la musique, peut-être pas aussi brillamment que le premier violon, mais il connaîtra la même musique. Elle eut une moue fataliste:

- Le problème, c'est qu'on veut leur faire croire à un monde où seuls comptent les premiers violons.

Un temps:

- Et que certains collègues se prennent pour des Karajan qui supportent mal de diriger l'orphéon municipal. Ils rêvent tous du Philharmonique de Berlin, ça peut se comprendre...

Puis, en nous quittant, comme je lui répétais mon admiration, elle répondit:

- Il faut dire que vous êtes venu à dix heures. Ils étaient réveillés.

 

*****

Il y a l'appel du matin. Entendre son nom prononcé par la voix du professeur, c'est un second réveil. Le son que fait votre nom à huit heures du matin a des vibrations de diapason.

- Je ne peux pas me résoudre à négliger les appels, surtout celui du matin, m'explique une autre professeur - de math, cette fois -, même si je suis pressée. Réciter une liste de noms comme on compte des moutons, ce n'est pas possible. J'appelle mes lascars en les regardant, je les accueille, je les nomme un à un, et j'écoute leur réponse. Après tout, l'appel est le seul moment de la journée où le professeur a l'occasion de s'adresser à chacun de ses élèves, ne serait-ce qu'en prononçant son nom. Une petite seconde où l'élève doit sentir qu'il existe à mes yeux, lui et pas un autre. Quant à moi, j'essaye autant que possible de saisir son humeur du moment au son que fait son «Présent». Si sa voix est fêlée, il faudra éventuellement en tenir compte.

L'importance de l'appel...

Nous jouions à un petit jeu, mes élèves et moi. Je les appelais, ils répondaient, et je répétais leur «Présent», à mi-voix mais sur le même ton, comme un lointain écho:

- Manuel?

- Présent!

- «Présent». Laetitia?

- Présente!

- «Présente». Victor?

- Présent!

- «Présent». Carole?

- «Présente!»

- «Présente». Rémi?

J'imitais le «Présent» retenu de Manuel, le «Présent» clair de Laetitia, le «Présent» vigoureux de Victor, le «Présent» cristallin de Carole... J’étais leur écho du matin. Certains s'appliquaient à rendre leur voix le plus opaque possible, d'autres s'amusaient à changer d'intonation pour me surprendre, ou répondaient «Oui», ou «Je suis là», ou «C'est bien moi». Je répétais tout bas la réponse, quelle qu'elle fût, sans manifester de surprise. C'était notre moment de connivence, le bonjour matinal d'une équipe qui allait se mettre à l'ouvrage.

- Mon ami Pierre, lui, professeur à Ivry, ne fait jamais l'appel.

- - Enfin, deux ou trois fois au début de l'année, le temps de connaître leurs noms et leurs visages. Autant passer tout de suite aux choses sérieuses.

Ses élèves attendent en rangs, dans le couloir, devant la porte de sa classe. Partout ailleurs dans le collège, on court, on s'interpelle, on bouscule les chaises et les tables, on envahit l'espace, on sature le volume sonore; Pierre, lui, attend que les rangs se forment, puis il ouvre la porte, regarde garçons et filles entrer un par un, échange par-ci par-là un «Bonjour» qui va de soi, referme la porte, se dirige à pas mesurés vers son bureau, les élèves attendant, debout derrière leurs chaises. Il les prie de s'asseoir, et commence: «Bon, Karim, où en étions-nous?» Son cours est une conversation qui reprend là où elle s'est interrompue.

À la gravité qu'il met à sa tâche, à l'affectueuse confiance que lui portent ses élèves, à leur fidélité une fois devenus adultes, j'ai toujours vu mon ami Pierre comme une réincarnation de l'oncle Jules.

- Au fond, tu es l'oncle Jules du Val-de-Marne! Il éclate de son rire formidable:

- Tu as raison, mes collègues me prennent pour un prof du XIXe siècle! Ils croient que je collectionne les marques de respect extérieur, que la mise en rangs, les gosses debout derrière leur chaise, ce genre de trucs, tient à une nostalgie des temps anciens. Remarque, ça n'a jamais fait de mal à personne, un peu de politesse, mais en l'occurrence il s'agit d'autre chose: en installant mes élèves dans le silence, je leur donne le temps d'atterrir dans mon cours, de commencer par le calme. De mon côté, j'examine leurs têtes, je note les absents, j'observe les groupes qui se font et se défont; bref, je prends la température matinale de la classe.

Aux dernières heures de l'après-midi, quand nos élèves tombaient de fatigue, Pierre et moi pratiquions sans le savoir le même rituel. Nous leur demandions d’écouter la ville (lui Ivry, moi Paris). Suivaient deux minutes d’immobilité et de silence où le boucan du dehors confirmait la paix du dedans. Ces heures-là, nous faisions nos cours à voix plus basse; souvent nous les terminions par une lecture.

 

D’après Daniel Pennac «Chagrin d’école».

Commentaires:

L’Oncle Jules – l’oncle de Marcel Pagnol, décrit dans plusieurs des livres de l’auteur et reproduit dans les films faits d’après ces romans.

 

Autour du texte:

1. Les professeurs du texte, quels procédés pédagogiques emploient-ils dans leurs classes? Sont-ils efficaces?

2. Aimeriez-vous appliquer certains de ces procédés pendant vos études ou votre travail de professeur de français? Pourquoi?

3. Comment doit être un bon professeur?

4. Aimeriez-vous exercer ce métier? Expliquez pourquoi.

5. Quels souvenirs gardez-vous de vos années scolaires? Parlez de votre classe et de vos professeurs.

6. D’après vous, quelles modifications doit-on apporter à l’école pour l’améliorer?

 

Exercices en interaction et en monologue suivi

1. Exposez votre opinion sur le sujet: L’étudiant, à quelles difficultés est-il toujours confronté en première année de ses études?

2. Parlez avec vos copains de votre journée de travail (d’études) d’aujourd’hui, d’hier et de demain, posez- leur vos questions et répondez à leurs de façon détaillée. Quel jour de la semaine était le plus chargé pour vous?

3. Consultez votre agenda: Que prévoyez-vous d’important à faire la semaine prochaine?

4. Préparez une série de questions qui portent sur les différents aspects de vos études à l’Université. Posez-les à vos camarades du groupe. En conclusion essayez de généraliser des réponses en soulignant la coïncidence ou la divergence de tous les points de vue.

5. Que savez-vous du système éducatif en France? Essayez de brosser le schéma du système éducatif en France en complétant celui que vous avez déjà fait sur l’enseignement supérieur.

6. Pourquoi l’école maternelle française jouit-elle d’une bonne réputation? Les enfants de quel âge la fréquentent-ils? Qu’est-ce qu’il y a de commun et de différent entre l’école maternelle en France et le jardin d’enfants en Russie? Etes-vous allé au jardin d’enfants et quels souvenirs en avez-vous gardé?

7. Etes-vous persuadés que tous les enfants ont le plaisir de faire leurs études? Comment pouvez-vous expliquer l’échec scolaire d’un grand nombre d’élèves? A qui est la faute si l’enfant n’a pas de bons résultats à l’école?

8. Le bac en France et le certificat de maturité en Russie quel rôle jouent-ils dans la carrière professionnelle? Quels droits accordent-ils aux promus?

9. Selon vous, comment doit être l’atmosphère au cours de la leçon de français? Et les rapports entre le professeur et ses élèves?

10. Etes-vous d’accord avec les phrases suivantes, présentez vos arguments:

- Les élèves sont actuellement de moins en moins obéissants et travailleurs!

- Les adultes disent que les jeunes ne s’intéressent à rien.

11. Commentez les proverbes suivants:

- Il ne faut pas remettre au lendemain ce que l’on peut faire le jour même.

- Il n’y a que le premier pas qui coûte.

- Vivrais-tu un siècle, apprends toujours. /proverbe russe/.

 

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