Le secret du bonheur (conte philosophique)

Texte 5

Texte 4

Une lettre ouverte à un jeune homme

Je vous rappellerais quelques règles qui restent toujours vraies.

La première, c’est qu-il faut vivre pour autre chose que pour soi. Chacun qui vit pour les autres, pour son pays, pour son oeuvre – oublie ses petits soucis.

La seconde règle, c’est qu-il faut agir: faire son métier, le bien choisir, le bien connaître, y devenir maître. Chacun a son rayon d’action. J’écris des livres; le menusier assemble les planches d’une bibliothèque, l’ingénieur construit, le maire administre la ville. Tous, s’ils sont surchargés de travaux qu’ils savent bien faire, sont vraiment heureux.

La troisième règle est qu’il faut croire à la puissance de la volonté. Chacun peut modifier son propre avenir. La paresse, la lâcheté sont des crimes. Il dépend de moi d’être un soldat courageux, à ma place, en situation.

En quatrième, il faut être fidèle, fidèle aux promesses, aux contrats, aux autres, à soi-même. Les techniques nouvelles changent les modes d’action, ells ne changent ni la valeur de l’action, ni les raisons d’agir.

J’imagine que ces règles de vie ne vous semblent pas trop sévères et que vous les acceptez.

DEVOIR

1. Est-ce que ces 4 règles restent toujours vraies, d’après vous?

2. Quelle règle vous semble la plus importante?

3. Respectez-vous ces règles dans votre vie? Est-ce que le respect de ces règles peut vous rendre heureux?

4. Y a-t-il d’autres règles importantes que vous voudriez y ajouter?

Certain négociant envoya son fils apprendre le secret du Bonheur auprès du plus sage de tous les hommes. Le jeune garçon marcha quarante jours dans le désert avant d’arriver finalement à un beau château au sommet d’une montagne. C’était là que vivait le Sage.

Au lieu de rencontrer un saint homme, notre héros entra une salle où se déployait une activité intense: des marchands entraient et sortaient, des gens bavardaient dans un coin, un petit orchestre jouait de suaves mélodies. Le Sage parlait aux uns et aux autres, et le jeune homme dut patienter deux heures avant que ne vînt enfin son tour.

Le Sage écouta attentivement le jeune homme lui expliquer le motif de sa visite, mais lui dit qu’il n’avait alors pas le temps de lui révéler le Secret du Bonheur. Et il lui suggéra de faire une promenade dans le palais et de revenir le voir dans deux heures.

«Mais je veux te demander une faveur», ajouta le Sage, en remettant au jeune homme une petite cuiller dans laquelle il versa deux gouttes d’huile. «Pendant ta promenade tiens cette cuiller à la main et ne renverse pas l’huile».

Le jeune homme commença à monter et descendre les escaliers du palais en gardant toujours les yeux fixés sur la cuiller. Au bout de deux heures il revînt en présence du Sage.

«Alors, demanda le Sage, as-tu vu les tapisseries de Perse qui se trouvent dans ma salle à manger? As-tu vu le parc que le Maître des Jardiniers a mis dix ans à créer? As-tu remarqué les beaux parchemins dans ma bibliothèque?»

Le jeune homme, confus, dut avouer qu’il n’avait rien vu du tout. Son seul soucis avait été de ne pas renverser les gouttes d’huile.

«Et bien, retourne faire connaissance des merveilles de mon univers, lui dit le Sage. On ne peut se fier à un homme si l’on ne connaît pas la maison qu’il habite».

Plus rassuré maintenant, le jeune homme prit la cuiller et retourna se promener dans le palais. Cette fois il vit toutes les oeuvres d’art, les beaux jardins, les montagnes autour du palais, la délicatesse des fleurs, le raffinement avec lequel chacune des oeuvres d’art était disposée à la place convenable. Quand le jeune homme a retourné, il a dit au Sage tout ce qu’il avait vu.

«Mais où sont les gouttes d’huile que je t’avais confiées?» demanda le Sage. Le jeune garçon regardant alors sa cuiller constata qu’il les avait renversées.

«Voilà, dit le Sage des Sages, c’est là le seul conseil que j’aie à te donner: le secret du Bonheur est de regarder toutes les merveilles du monde, mais sans jamais oublier les deux gouttes d’huile dans la cuiller».

D’après Paulo Coelho, L’Alchimiste.

DEVOIR

1. Imaginez que vous êtes le jeune homme de l’histoire et que, de retour chez vous, vous racontez votre aventure à votre père. Commentez votre récit en rapportant les sentiments et les impressions que vous avez éprouvés.

2. Trouvez dans le texte les éléments philosophiques et symboliques. Donnez une interprétation générale du conte.

3. Imaginez un récit philosophique. Choisissez une idée morale et illustrez-la. Exemple: «l’argent ne fait pas le bonheur». Imaginez une petite histoire (conte, fable) qui illustre cette idée.

Дата добавления: 2014-12-17