1. Кормилица и наперсница Федры. 2. Она собралась говорить с Ипполитом о сво- ем сыне, которого родила от Тезея и за судьбу которого опасается, после того как стало известно о смерти царя Тезея. 3. Ипполит готовится к отъезду в Афины, чтобы занять трон, освободившийся после смерти его отца Тезея. 4 Изложить, представить. 5. Т.е. сторонники Ипполита. Они хотят видеть царем Ипполита, а не сына Федры, который находится еще в младенческом возрасте. 6. Телесные субстанции, которые в психологии XVII в. считались определяющими чувства. Букв чувства. 7. Федра, маче- ха Ипполита, опасается неприязни пасынка, изгнания которого она недавно добилась. 8. Вы видели, что я упорно вам вредить стараюсь. 9. Подвергнуть себя вашей враж- дебности. 10. En: de vous. 11. Этот стих является непосредственной цитатой из Эври- пида. 12. Докучные, неотвязные. 13. Брак: Слово происходит от имени бога- покровителя брака Гименея. 14. Такие же подозрения. 15. Взять в свидетели. 16 Тре- вога, беспокойство. 17. Возвращение Тезея. о котором действительно будет объявлено в следующей сцене. 18. Одна из рек, протекающих в Аиде, царстве мертвых. 19. Я изнываю от любви к нему. 20. Предметов любви (на галантном языке XVII века — возлюбленных). 21. По мифу, Тезей сошел в Аид, чтобы похитить Прозерпину, жену Плутона, владыки царства мертвых. 22. Archaïque. Nous dirions aujourd'hui: après lui. 23. Старая орфография. 24. Осанку. 25. Тезей плавал на остров Крит, где убил Мино- тавра. 26. Миноса, царя Крита, отца Ариадны и Федры. 27. Минотавра. 28. Лабиринта. 29. Чтобы не дать ему заблудиться 30. Ариадна. Она дала Тезею клубок ниток, разма- тывая который, он отмечал свой путь в Лабиринте и смог выйти из него, 31. Нить, от которой зависела жизнь героя. 32. En: снабдить вашу руку этой нитью.... 33. Tout de suite. 34. Лицо, облик. 35. В классическом значении: та, что любит и любима *36. Чес- ти, репутации. 37. Ты слишком ясно дал мне понять. 38. Намек на месть, которой Аф- родита преследовала семейство Федры после того, как сын бога Солнца Гелиос, пре- док героини трагедии, сообщил Гефесту, мужу Афродиты, что она изменяет ему с богом войны Ареем. 39. Совратить с правильного пути. 40. Федра действительно по- требовала от Тезея изгнать Ипполита (см, начало сцены). 41. Какую пользу принесли мне... 42. Тезея. 43. Обиду, которую это сердце тебе нанесло. 44. Отказывает. 45. Или же, если тебе недостаточно... 46. С этими словами Федра вырывает меч из руки Иппо- лита.
Вопросы:
* Par quelles étapes successives Phèdre préfare-t-elle l'aveu de son arnoM?
** De quoi est faite la poésie de ce passage? On en étudiera plus particulièrement, lu couleur mythologique.
*** Comment s'exprime la lucidité du personnage dans ce passage? Quel sentiment l'emporte dans votre esprit: l'horreur ou la pitié?
MARIVAUX (1688-1763)
tandis que Regnard et Lesage s'efforçaient d'imiter Molière, MARIVAUX, lui, eut le mérite de chercher un chemin qui lui fût. propre. Il s'appliqua presque uniquement à l'étude de l'amour, mais de l'amour naissant, avec ce que cette éclosion suppose d'émois, de surprises, de complications. Autant qu'à Racine, il fait penser à Corneille, parfois si subtil et quasi précieux. En fait, le marivaudage, qui désigne à la fois un style quelque peu affecté et une façon alambiquée de concevoir l'amour, apparaît bien comme une résurgence de la préciosité.
Mais à côté de cette sorte d'alchimie, il y a place chez Marivaux pour desscènes vives et gaies, écrites d'une plume exquise.
LE JEU DE L'AMOUR ET DU HASARD (1730)
Silvia et Dorante sont destinés à s'épouser. Mais curieux de se mieux connaître, ils ont, chacun de son côté, imaginé de se travestir, elle, en servante, lui, en valet Et ils sont fort étonnés de découvrir, lui, que la servante est bien folie, et elle, que le valet ne manque ni d'esprit ni de distinction.
SILVIA (à part)*. — Ce garçon-ci n'est pas sot, et je ne plains pas la sou- brette1 qui l'aura. Il va m'en conter; laissons-le dire pourvu qu'il m'instruise.
DORANTE (àpart). — Cette fille-ci m'étonne! Il n'y a point de femme au monde à qui sa physionomie ne fît2 honneur: lions connaissance avec elle... (Haut.) Puisque nous sommes dans le style amical, et que nous avons abjuré les façons, dis-moi, Lisette, ta maîtresse te vaut-elle? Elle est bien hardie d'oser avoir une femme de chambre comme toi.
SILVIA. — Bourguignon cette question-là m'annonce que, suivant la coutume, tu arrives avec l'intention de me dire des douceurs: n'est-il pas vrai?
DORANTE. — Ma foi, ]'e n'étais pas venu dans ce dessein-là, je te l'avoue. Tout valet que je suis, je n'ai jamais eu de grandes liaisons avec les. soubrettes: je n'aime pas l'esprit domestique; mais, à ton égard, c'est une autre affaire. Comment donc! tu me soumets, je suis presque timide: ma familiarité n'oserait s'apprivoiser avec toi; j'ai toujours envie d'ôter mon chapeau de dessus ma tête; et, quand je te tutoie, il me semble que je jure4, enfin, j'ai un penchant à te traiter avec des respects qui te feraient rire. Quelle espèce de suivante es-tu donc, avec ton air de princesse?
SILVIA. — Tiens, tout ce que tu dis avoir senti en me voyant est précisément l'histoire de tous les valets qui m'ont vue.
DORANTE. — Ma foi, je ne serais pas surpris quand ce serait aussi l'histoire de tous les maîtres.
SILVIA. — Le trait est joli assurément; mais je te le répète encore. Je ne suis pas faite aux cajoleries de ceux dont la garde-robe ressemble à la tienne.
DORANTE. — C'est-à-dire que ma parure ne te plaît pas. silvia. — Non, Bourguignon, laissons là l'amour et soyons bons amis. DORANTE. — Rien que cela? ton petit traité n'est composé que de deux clauses impossibles.
SILVIA (à part). — Quel homme, pour un valet! (Haut.) Il faut pourtant qu'il s'exécute; on m'a prédit que je n'épouserais jamais qu'un homme de condition6, et j'ai juré depuis de n'en écouter jamais d'autre.
DORANTE. — Parbleu! cela est plaisant: ce que tu as juré pour homme, je l'ai juré pour femme, moi, j'ai fait le serment de n'aimer sérieusement qu'une fille de condition.
silvia. — Ne fécarte donc pas de ton projet.
DORANTE. — Je ne m'en écarte peut-être pas tant que nous le croyons: tu as l'air bien distingué; et l'on est quelquefois fille de condition sans le savoir.
SILVIA (riant). — Ah! Ah! Ah! Je te remercierais de ton éloge si ma mère n'en faisait pas les frais.
DORANTE. — Eh bien! venge-t'en sur la mienne, si tu me trouves assez bonne mine pour cela.
SILVIA (à fart). — II le mériterait. (Haut.) Mais ce n'est pas là de quoi il est question: trêve de badinage; c'est un homme de condition qui m'est prédit pour époux, et je n'en rabattrai rien.
DORANTE. — Parbleu! si j'étais tel, la prédiction me menacerait; j'aurais peur de la vérifier. Je n'ai pas de foi à l'astrologie; mais j'en ai beaucoup à ton visage.
SILVIA (à fart). — II ne tarit point... (Haut.) Finiras-tu? Que t'importe la prédiction, puisqu'elle t'exclut?
DORANTE. — Elle n'a pas prédit que je ne t'aimerais point.
SILVIA. — Non: mais elle a dit que tu ne gagnerais rien; et moi, je te le confirme.
DORANTE. — Tu fais fort bien, Lisette; cette fierté-là te va à merveille; et, quoiqu'elle me fasse mon procès, je suis pourtant bien aise de te la voir; je te l'ai souhaitée d'abord que7 je t'ai vue: il te fallait encore cette grâce-là; et je me console d'y perdre parce que tu y gagnes.
SILVIA (à fart). — Mais, en vérité, voilà un garçon qui me surprend, malgré que j'en aie8(Haut.) Dis-moi: qui es-tu, toi qui me parles ainsi?
DORANTE. — Le fils d'honnêtes gens qui n'étaient pas riches.
SILVIA. — Va, je te souhaite de bon cœur une meilleure situation que la tienne, et je voudrais pouvoir y contribuer: la fortune a tort avec toi.
DORANTE. — Ma foi! l'amour a plus de tort qu'elle: j'aimerais mieux qu'il me fût permis de te demander ton cœur que d'avoir tous les biens du monde.
silvia (à part). — Nous voilà, grâce au Ciel, en conversation réglée9. (Haut.) Bourguignon, je ne saurais me fâcher des discours que tu me tiens; mais, je t'en prie, changeons d'entretien; venons à ton maître. Tu peux te passer de me parier d'amour, je pense.
DORANTE. — Tu pourrais bien te passer de m'en faire sentir, toi.
SILVIA. — Ah! je me fâcherai; tu m'impatientes. Encore une fois, laisse là ton amour.
DORANTE. — Quitte dont ta figure.
SILVIA (à part). — A la fin, je crois qu'il m'amuse... (Haut.) Eh bieh!
Sour-guignon, tu ne veux donc pas finir? Faudra-t-il que je te quitte? (A part.) Je devrais déjà l'avoir fait.
DORANTE. — Attends, Lisette; je voulais moi-même te parler d'autre chose; mais je ne sais plus ce que c'est...
SILVIA. — J'avais de mon côté quelque chose à te dire, mais tu m'as fait perdre mes idées aussi, à moi.
DORANTE. — Je me rappelle de10 t'avoir demandé si ta maîtresse te valait.
SILVIA.— Tu reviens à ton chemin par un détour: adieu.
DORANTE. — Eh! non, te dis-je, Lisette; il ne s'agit que de mon maître.
SILVIA. — Eh bien! soit: je voulais te parler de lui aussi, et j'espère que tu voudras bien me dire confidemment ce qu'il est. Ton attachement pour lui m'en donne bonne opinion: il faut qu'il ait du mérite, puisque tu le sers.
DORANTE. — Tu me permettras peut-être bien de te remercier de ce que tu me dis là, par exemple?
silvia. —Veux-tu bien ne prendre pas garde à l'imprudence que j'ai eue de le dire?
DORANTE. — Voilà encore de ces réponses qui m'emportent". Fais comme tu voudras, je n'y résiste point; et je suis bien malheureux de me trouver arrêté par tout ce qu'il y a de plus aimable au monde.
SILVIA. — Et moi, je voudrais bien savoir comment il se lait que j'ai la bonté de fécouter; car assurément cela est singulier.
DORANTE. — Tu as raison; notre aventure est unique.
SILVIA (a part). — Malgré tout ce qu'il m'a dit, je ne suis point partie, je ne pars point, me voilà encore, et je réponds! En vérité cela passe la raillerie12. (Haut.) Adieu.
DORANTE. — Achevons ce que nous voulions dire.
SILVIA. — Adieu, te dis-je; plus de quartier11. Quand ton maître sera venu, je tâcherai, en faveur de ma maîtresse, de le connaître par moi-même, s'il en vaut la peine*.
Acte I, se. VII. 363
Примечания:
1. Субретка — служанка, горничная. 2. Ne pourrait faire honneur (valeur conditionnelle du subjonctif imparfait.)- 3. Фамилию, под которой укрылся Дорант 4. Будто я тебя оскорбляю. 5. Из двух условий. 6. Благородного происхождения. 7. Dès que. 8. Вопреки мне (si mauvais gré que j'en aie). 9. Разговор, приличествующий людям одного круга. 10. Tour incorrect, se rappeler se construisant sans préposition 11. От которых я теряю хладнокровие. 12. Переходит границы шутки. 13. Букв, ника- кой пощады, прощения не будет.
Вопросы:
* On étudiera à quelle nuance psychologique correspond chacun des apartés de la scène.
** D'après cet extrait du Jeu de l'Amour et du Hasard, on essaiera de définir ces détours amoureux qu'on appelle marivaudage. — On marquera aussi les rapports qui peuvent exister entre la poésie et une certaine forme d'esprit.
BEAUMARCHAIS (1732-1799)
MOINS homme de lettres qu'homme d'affaires, BEAUMARCHAIS a pourtant laissé un nom important dans l'histoire du théâtre français. Il a écrit deux comédies dont la verve spirituelle et le mouvement endiablé n'ont nullement vieilli; et il a créé, avec le personnage de Figaro, un type immortel pour l'ingéniosité dont le fameux barbier fait preuve en toute' circonstance comme pour la hardiesse des opinions qu'il exprime: nous sommes — il faut toujours nous en souvenir — à la veille de la Révolution.
LE BARBIER DE SÉVILLE (1775) FIGARO. — Je ne me trompe point; c'est le comte Airnaviva1. LE COMTE. —Je crois que c'est ce coquin de Figaro. FIGARO. — C'est lui-même, monseigneur. LE COMTE. — Maraud! si tu dis un mot...
FIGARO.— Oui, je vous reconnais; voilà les bontés familières dont vous m'avez toujours honoré.
LE COMTE. — Je ne te reconnaissais pas, moi. Te voilà si gros et si gras. 364
FIGARO —Que voulez-vous, monsieur, c'est là,' 'misère.
LE COMTE. — Pauvre petit! Mais que fais-tu à'Séville? je t'avais autrefois recommandé dans leà bureaux pour un emploi.
FIGARO. — Je l'ai obtenu, monseigneur; et ma reconnaissance...
LE COMTE. — Appelle-moi Lindor. Ne vois-tu pas, à mon déguisement, que je veux être inconnu?
FIGARO. — Je me retire.
LE COMTE. — Au contraire. J'attends ici quelque chose, et deux hommes qui jasent sont moins suspects qu'un seul qui se promène. Ayons l'air de jaser. Eh bien, cet emploi?
FIGARO. — Le ministre, ayant égard à la recommandation de Votre Excellence, me fit nommer sur-le-champ garçon apothicaire.
LE COMTE. —Dans les hôpitaux de l'armée? FIGARO. — Non; dans les haras2 d'Andalousie. : LE COMTE, riant. — Beau début!
FIGARO. — Le poste n'était pas mauvais parce qu'ayant le district des pansements et des drogues, je vendais souvent aux hommes de bonnes médecines de cheval...
LE COMTE. — Qui tuaient les sujets du roi!
FIGARO. — Ah! ah! il n'y a point de remède universel; mais qui n'ont pas laissé de guérir quelquefois des Galiciens, des Catalans, des Auvergnats4
LE COMTE. — Pourquoi donc l'as-tu quitté?
FIGARO.— Quitté? C'est bien lui-même; on m'a desservi auprès des puis- sances. «L'envie aux doigts crochus, au teint pâle et livide...»
LE COMTE. — Oh! grâce! grâce, ami! Est-ce que tu fais aussi desvers? Je t'ai vu là griffonnant5 sur ton genou, et chantant dès le matin.
FIGARO. — Voilà précisément la cause de mon malheur. Excellence. Quand on a rapporté au ministre que je faisais, je puis dire assez joliment, des bouquets à Chloris6; que j'envoyais des énigmes7 aux journaux, qu'il courait des madrigaux8 de ma façon; en un mot, quand il a su que j'étais imprimé tout vif9, il a pris la chose au tragique et m'a fait ôter mon emploi,
sous prétexte que l'amour des lettres est incompatible avec l'esprit des affaires.
LE COMTE. — Puissamment raisonné! Et tu ne lui fis pas représenter...
FIGARO. — Je me crus trop heureux d'en être oublié, persuadé qu'un' grand nous fait assez de bien quand il ne nous fait pas de mal.
LE COMTE. — Tu ne dis pas tout. Je me souviens qu'à mon service tu étais un assez mauvais sujet.
FIGARO. —Eh! mon Dieu, monseigneur, c'est qu'on veut que le pauvre soit sans défaut.
LE COMTE. — Paresseux, dérangé...
FIGARO. — Aux vertus qu'on exige dans un domestique. Votre Excel- lence connaît-elle beaucoup de maîtres qui fussent dignes d'être valets? LE COMTE, riant. — Pas mal. Et tu t'es retiré en cette ville? FIGARO. — Non, pas tout de suite.
LE COMTE, l'arrêtant. — Un moment... j'ai cru que c'était elle10... Dis toujours, je t'entends de reste".
FIGARO. — De retour à Madrid, je voulus essayer de nouveau mes talents littéraires; et le théâtre me parut un champ d'honneur...
LE COMTE. — Ah! miséricorde!
FIGARO. — (Pendant sa réplique, le comte regarde avec attention du côté de la jalousien.) En vérité, je ne sais comment je n'eus pas le plus grand succès, car j'avais rempli le parterre des plus excellents travailleurs13; des mains... comme des battoirs; j'avais interdit les gants, les cannes, tout ce qui ne produit que des applaudissements sourds; et d'honneur, avant la pièce, le café14 m'avait paru dans les meilleures dispositions pour moi. Mais les efforts de la cabale15...
LE COMTE. — Ah! la cabale! monsieur l'auteur tombé!..
FIGARO. — Tout comme un autre: pourquoi pas? Ils m'ont sifflé; mais si jamais je puis les rassembler...
LE COMTE. — L'ennui te vengera bien d'eux? figaro. — Ah! comme je leur en garde16, morbleu!
LE COMTE. — Tu jures! Sais-tu qu'on n'a que vingt-quatre heures au palais pour maudire ses juges?
FIGARO. — On a vingt-quatre ans au théâtre; la vie est trop courte pour user un pareil ressentiment.
LE COMTE. —Ta joyeuse colère me réjouit. Mais tu ne me dis pas ce qui t'a fait quitter Madrid.
FIGARO. — C'est mon bon ange. Excellence, puisque je suis assez heureux pour retrouver mon ancien maître. Voyant à Madrid que la république des lettres était celle des loups, toujours armés les uns contre les autres, et que, livrés au mépris où ce risible acharnement les conduit, tous les insectes, les moustiques, les cousins, les critiques, les maringouins17, les envieux, les feuillistes, les libraires, les censeurs, et tout ce qui s'attache à la peau des malheureux gens de lettres, achevaient de déchiqueter et sucer le peu de substance qui leur restait; fatigué d'écrire, ennuyé de moi, dégoûté des autres, abîmé de dettes et léger d'argent; à la fin convaincu que l'utile revenu du rasoir est préférable aux vains honneurs de la plume, j'ai quitté Madrid; et, mon bagage en sautoir, parcourant philosophiquement les deux Castilles, la Manche, l'Estramadure, la Sierra- Morena, l'Andalousie; accueilli dans une ville, emprisonné dans l'autre, et partout supérieur aux événements; loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là; aidant au bon temps; supportant le mauvais; me moquant des sots, bravant les méchants; riant de ma misère et faisant la barbe à tout le monde — vous me voyez enfin établi dans Séville, et prêt à servir de nouveau Votre Excellence en tout ce qu'il lui plaira m'ordonner*.
LE COMTE. — Qui t'a donné une philosophie aussi gaie? FIGARO. — L'habitude du malheur. Je me presse de rire de tout, de peur d'être obligé d'en pleurer**.
Acte 1, sc.ïï Примечания:
1. Граф Альмавива переоделся студентом, чтобы иметь возможность оказаться по- ближе к Розине, в которую он влюблен. Под ее окном он сталкивается с цирюльником Фигаро. 2. На конных заводах. 3. Сильнодействующие лекарства, а также лошадиные дозы. 4. Ходячая французская шутка об овернцах, которые считаются людьми креп- кими и грубыми. 5. Торопливо пишущим. 6. Клорида — одно из женских имен, упот-
реблявшихся в галантной поэзии. 7. Загадки. 8 Небольшие комплиментарные стихо. творения. 9. Что печатался при жизни. 10. Розина, в которую он влюблен 11 D'ailleurs, du reste, впрочем 12 Жалюзи. 13 Имеются в виду клакеры, которые за деньги поддерживали аплодисментами автора и пьес) 14. Кофейни. В ту эпоху ко- фейня была местом, где собирались литераторы. 15. Шайки, клики, г.е тех, кго хотет бы провалить пьесу 16. Il leur en garde de la rancune — затаил злобу 17 Разновид- ность комаров. Здесь имеет место игра слов: Mann — королевский цензор, которого недолюбливал Бомарше.
Вопросы:
* Relever les traits de satire sociale contenus dans ce morceau.
** En quoi le comique de Beaumarchais diffère-t-û lie celui deMolière et decelui de Marivaux?
LA «PREMIÈRE» D'HERNANI (1830)
RlEN que la pièce d'Hernani contienne, far elle-même, des beautés estimables encore aujourd'hui, on ne lui accorderait certainement pas une place de cette importance dans l'histoire du théâtre français, si, lors de la première représentation, elle n'avait donné lieu à une «bataille» aussi bruyante que spectaculaire. En fait, elle permit aux partisans et aux ennemis du romantisme de se départager en deux factions résolument opposées, dont le parti était pris avant même que le drame eût été joué...
A relire les savoureuses relations qui nous ont été laissées de cette «première» mémorable, on s'apercevra, en tout cas, que la nouvelle école ne manquait pas de pittoresques défenseurs.
Pour bien combiner leur plan stratégique et bien assurer leur ordre de bataille, les jeunes gens' demandèrent à entrer dans la salle avant le public. On le leur permit, à condition qu'ils seraient entrés avant qu'on ne fît queue. On leur donna jusqu'à trois heures. C'eût été bien si on les avait laissés monter, comme faisaient les claqueurs2, par la petite porte de l'obscur passage maintenant supprimé. Mais le théâtre, qui apparemment ne désirait pas les cacher, leur assigna la porte de la rue Beaujolais, qui était la porte royale; de crainte d'arriver trop tard, les jeunes bataillons arrivèrent trop tôt, la porte n'était pas ouverte, et dès une heure les innombrables passants de la rue Richelieu virent s'accumuler une bande d'êtres farouches et bizarres, barbus, chevelus, habillés de toutes les façons,
excepté à la mode, en vareuse, en manteau espagnol, en gilet à la Robes- pierre, en toque à la Henri III, ayant tous les siècles et tous les pays sur les épaules et sur la tête, en plein Paris, en plein midi. Les bourgeois s'arrêtaient stupéfaits et indignés. M. Théophile Gautier surtout insultait les yeux par un gilet de satin écarlate et par l'épaisse chevelure qui lui descendait jusqu'aux reins.
La porte ne s'ouvrait pas; les tribus4 gênaient la circulation, ce qui leur était fort indifférent, mais une chose faillit leur faire perdre patience. L'art classique ne put voir tranquillement ces hordes de barbares qui allaient envahir son asile; il ramassa toutes les balayures et toutes les ordures du théâtre, et les jeta des combles sur les assiégeants. M. de Balzac reçut pour sa part un trognon de chou. Le premier mouvement fut de se fâcher; c'était peut-être ce qu'avait espéré l'art classique; le tumulte aurait amené la police qui aurait saisi les perturbateurs, et les perturbateurs auraient été naturellement bien lapidés. Les jeunes gens sentirent que le moindre prétexte serait bon, et ne le donnèrent pas.
La porte s'ouvrit à trois heures et se referma. Seuls dans la salle, ils s'organisèrent. Les places réglées, il n'était encore que trois heures et demie; que faire jusqu'à sept? On causa, on chanta, mais la conversation et les chants s'épuisent. Heureusement qu'on était venu trop tôt pour avoir dîné, alors on avait apporté des cervelas, des saucissons, du jambon, du pain, etc. On dîna donc, les banquettes servirent de tables et les mouchoirs de serviettes. Comme on n'avait que cela à faire, on dîna si longtemps qu'on était encore à table quand le public entra. A la vue de ce restaurant, les locataires des loges se demandèrent s'ils rêvaient. En même temps, leur odorat était offensé par l'ail des saucissons*.
Mme VICTOR HUGO. Victor Hugo raconté -par un témoin de sa vie.
Примечания:
1. Романтики, пришедшие поддержать пьесу Виктора Гюго 2. Клакеры, которым платили, чтобы они аплодировали пьесе. 3 На которой тогда находился Театр- Франсез. 4. Имеются в виду "молодые дикари", пришедшие поддержать пьесу.
Вопросы:
* Déterminez les éléments à la fois pittoresques et réalistes contenus dans cette page. Montrez que la bonne humeur n'en est pas exclue.
ALFRED DE MUSSET (1810-1857)
après l'échec de La Nuit vénitienne (1830), MUSSET, alors tout juste âge de vingt ans, tourna le dos à la scène. Il n'en continua -pas moins d'écrire de;, pièces, soit en les rassemblant sous le titre un peu désabusé de Spectacle dans un Fauteuil (1832), soit en les publiant dans la Revue des Deux Mondes ou Le Constitutionnel, mais sans penser, semble-t-il, qu'elles pussent être un jour représentées. Or, par un curieux paradoxe, de tout le ttléâtre'romantique, c'est celui de Musset qui est resté le plus vivant et qui, aujourd'hui encore, est joué le plus volontiers.
C'est que l'écrivain, plutôt que de prétendre réaliser d'ambitieuses formule:,, écoutait la voix de son cœur. Un cœur déchiré, écartelé entre un pessimisme foncier et une ironie prompte à découvrir le ridicule des choses. Dans nombre de ses pièces, Musset s'est d'ailleurs dédoublé sous la forme d'un héros dévoré de tristesse, tel qu'est Fantasia, et d'un personnage de franc bon sens, tel qu'est son ami Spark...
FANTASIO(1834) SPARK. — Tu me fais l'effet d'être revenu de tout.
FANTASIO. — Ah! pour être revenu de tout, mon ami, il faut être allé dans bien des endroits.
SPARK. — Eh bien, donc?
FANTASIO. — Eh bien, donc! où veux-tu 'que j'aille? Regarde cette vieille ville enfumée; il n'y a pas de places, de rues, de ruelles où je n'aie traîné ces talons usés, pas de maisons où je ne sache quelle est la fille ou la vieille femme dont la tête stupide se dessine éternellement à la fenêtre; je ne saurais faire un pas sans marcher sur mes pas d'hier; eh bien, mon cher ami, cette ville n'est rien auprès de ma cervelle. Tous les recoins m'en sont cent fois plus connus; toutes les rues, tous les trous de mon imagination sont cent fois plus fatigués; je m'y suis promené en cent fois plus de sens, dans cette cervelle délabrée, moi son seul habitant! Je m'y suis grisé dans tous les cabarets; je m'y suis roulé comme un roi absolu dans un carrosse' doré; j'y ai trotté en bon bourgeois sur une mule pacifique, et je n'ose seulement pas y entrer comme un voleur, une lanterne sourde à la main.
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