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Unite accentuelle




SYLLABE

La syllabe est une des notions fondamentales de la phonétique. Les méthodes de lecture s'appelaient jadis syllabaires et les premiers pas du développement de l'écriture prouvent que l'unité minimale y était la syllabe. Les unités anciennes des systèmes phonologiques indo-européens étaient des phonèmes syllabiques. La segmentation du langage en syllabes précédait sa division eti lettres. Même les premiers alphabets étaient syllabiques et il a fallu beaucoup de temps pour en délimiter les éléments plus petits. Il est manifeste que la division de la chaîne parlée en syllabes précédait sa division en mots.

A la première approche la notion de syllabe (bien définie par Aris-tote) est en français assez claire: à l'intérieur d'une syllabe les consonnes présupposent l'existence des voyelles, mais non l'inverse. Quelques voyelles peuvent constituer a elles seules une syllabe et même une phrase ("Où? "). La syllabe est une structure phonétique formée par là combinaison de voyelles et de consonnes dont le noyau est une voyelle.! La consonne ne forme pas généralement le sommet syllabique ce qui est conforme à l'étymologie du mot consonne — " qui sonne avec" (lat. cônsonus, cf. grec, symphônia). On peut accumuler plusieurs consonnes: [t, tk, tkp], ce ne sont que des éléments marginaux parce qu'elles ne forment jamais une syllabe. En revanche si l'on dit [&] c'en est une: haie, aie, est, etc.

Cependant le problème de la syllabe est loin d'avoir reçu une solution satisfaisante. Parmi les problèmes à résoudre on peut nommer celui de son origine (sa nature), de la répartititon syllabique de la chaîne parlée, de la structure de syllabe.

1 Cependant dans l'interjection "psst" c'est la consonne "s" qui forme le noyau syllabique.

I

Théories sur la nature de la syllabe

On compte plusieurs théories de la syllabe, à savoir: la théorie expira-toire (1), la the'orie de sonorité' (2), de l'effort articulatoire (3), de tension musculaire (4).

1. Dans les premières études grammaticales on considérait la syllabe d'un point de vue purement physiologique. Selon cette conception qui reste en vigueur jusqu'à nos jours, chaque syllabe serait formée par une seule et unique expiration (H.Sweet).

Cependant de nombreux phonéticiens se sont rendus compte qu'on pouvait prononcer et qu'on prononçait généralement dans un seul mouvement expiratoire plusieurs syllabes successives. En effet, une expiration englobe toute une série de syllabes formant un ensemble appelé' "groupe de souffle" (P.Passy). Le nombre de syllabes constituant un tel groupe dépend de la capacité pulmonaire, du mode d'économie respiratoire du locuteur, etc.

2. La théorie de sonorité proposée par O.Jespersen affirme que la syllabe contient "le pique" de sonorité détâché des autres par des "vallées" (où la sonorité est moindre) qui servent de lieu de syllabation. La sonorité est présentée comme la prédominance du ton musical au bruit. Cette théorie est une bonne description de la syllabe idéale mais elle ne dit pas ce qui est en toutes circonstances essentiel à la syllabe. Elle ne dit rien non plus sur la frontière syllabique ce qui est important surtout en cas d'accumulation de consonnes.

3. Une autre voie a été tracée par F. de Saussure dans son "Cours de linguistique ge'nérale". Selon sa théorie, dite théorie de l'effort articulatoire, la syllabe est composée de deux phases dont la phase initiale est explosive (désignée par le signe <) et la phase finale implosive (de'-signée par le signet). Ainsi, le mot particulièrement peut être divise en cinq syllabes comme: [^àr - ti - ky - lj£r - ma] ou bien comme:

т (^) 4 *^ i^ ^Ai -^^/ X" r^. -,

[par-ti - kyl -jtr- ma].

L'idée de F. de Saussure était excellente, mais elle suppose des regroupements des sons très réguliers, ce qui se trouve en désaccord avec la réalité. De plus elle n'est pas en mesure de faire comprendre certains phénomènes comme les différences de syllabation dans diverses langues ou le caractère monosyllabique des mots du type Obst (allem. — fruit).

4. La théorie syllabique de M.Grammont dite théorie de tension musculaire suppose que l'effort musculaire buccal et laryngien a deux aspects: la tension musculaire peut croître et décroître au cours de l'émission d'un son. Une syllabe est constituée donc par une tension croissante et une tension décroissante. D'après M.Grammont, les voyelles ne possèdent que la tension décroissante. Les consonnes se classent en cinq groupes selon le degré de tension musculaire:

degré 0:p,t,k,b, d,g;

degrél:f,z/,s, z,J,j;

degré 2: m, njz;

degré 3:1, r;

degré4: j, w, ^.

Les consonnes peuvent être à tension croissante ou décroissante suivant leur position dans la syllabe. Au début de la syllabe elles possèdent la tension croissante, à la fin de la syllabe elles sont décroissantes:

a

La frontière syllabique passe devant la consonne à tension croissante, mais après la consonne à tension décroissante. Si les consonnes sont géminées, ayant deux sommets de tension, la coupe syllabique passe au sein de cette double consonne.

La théorie de M.Grammont. fut développée par L.Scerba. Le point capital dans la théorie de L.Scerba c'est l'idée que l'intensité d'une consonne change au cours de son émission. Le fait qu'une consonne soit susceptible de varier l'intensité au cours de la prononciation et donc de se trouver en position croissante ou décroissante explique les différences de syllabation des mêmes complexes sonores [23, p.255]. Selon L.Scerba,en russe la tension des consonnes est liée à l'accent. Ainsi, la

première consonne prononcée après l'accent, possède la tension décroissante, donc le mot 'место est divisé comme мес-то, dans toutes les autres positions les consonnes sont à tension croissante et le mot мес'та est divisé alors comme ме-ста.

La répartition syllabique ne coincide pas toujours dans des langues différentes. Il en est ainsi en français et en russe. L.Sc'erba le montre sur l'exemple des mots ac-teur et а-ктер: la consonne "k" du mot français est décroissante, celle du mot russe est croissante.

Coupe syllabique en français

La coupe syllabique en français ne se produit normalement qu'entre deux sons consécutifs dans la séquence voyelle-consonne: p.ex. pa-no-ra-ma. Les difficultés surviennent en cas d'accumulation des consonnes dans la chaîne parlée. Il est à noter que la syllabation est plus ou moins bien expliquée par des théories sur la nature de la syllabe, parmi lesquelles c'est la théorie de tension musculaire qui attache le plus d'attention à ce problème. Cependant cette théorie seule n'est pas ca-

pable d'expliquer tous les cas difficiles de syllabation. Au cours des expériences spécialement organisées P.Delattre est venu à la conclusion qu'il y a en français 6 principes qui gouvernent la coupe syllabique: 1) différence d'aperture; 2) différence de force d'articulation; 3) loi du moindre effort; 4) direction de la suite des mouvements articulatoires; 5) distance des lieux d'articulation; 6) place des consonnes par rapport à l'accent [59, p. 150-162].

Selon P.Delattre, ces principes ne sont pas des règles absolues mais des tendances. Procédons à leur analyse plus de'taille'e.

1. Différence d'aperture. Ala suite de M.Grammont, P.Delattre distingue cinq degrés d'aperture pour les consonnes. Les consonnes qui n'ont pas ou ont peu de différence d'aperture peuvent être classées comme unies ou bien comme sépare'es: [af - sa] ou [a -fsa], [ad - да] ou [a - dga]. Par contre, les groupes de consonnes dont l'union ou la se'paration est marquée de la façon la plus claire sont ceux dans lesquelles la différence entre'les deux consonnes est la plus forte: [a - pla], [ar - ka].

2. Différence de force d'articulation. Le fait que la première consonne a une force d'articulation supérieure à la deuxième favorise l'union des deux consonnes: [a-pri] et inversement [ar-pi].

D'après P.Delattre, on peut distinguer cinq degrés de force d'articulation pour les consonnes:

degré l:k,t,p;

degW2:f,l;

degre'3:n, m, s,j, g, d, b;

degre'4:;z,j;

degré5:v,3,z, r.

Ce principe contribue à expliquer des cas particuliers de la formation des syllabes.Ainsi,la prononciation [kl] est possible surtout à cause de la force d'articulation inférieure de la deuxième consonne;mais dans le groupe inverse[1 - k] le fait que c'est la première consonne dont la force d'articulation est plus petite contribue à se'parer les consonnes: elle é-claire, mais cal-cul.

3. Loi du moindre effort. Cette loi joue un rôle qui favorise la séparation des consonnes, car il est plus aise' de séparer les consonnes que de les prononcer ensemble. Cela contribue à expliquer les exemples suivants: la séparation dans orné est plus facile que l'union dans minerai.

3. Direction de la suite des mouvements articula t о i r e s. Si le lieu d'articulation de la deuxième consonne est plus en arrière que celui de la première (direction avant — arrière) l'union des deux consonnes s'en trouve favorisée car cela rend plus commode

la mise en place des organes d'articulation. Ainsi l'union est plus favo-rise'e dans amna que dans anma, dans apta que dans atpa.

4. Distance des lieux d'articulation. La proximité' des lieux d'articulation des deux consonnes favorise leur union et inversement. Exemples: en ce qui concerne les deux consonnes apta est plus uni que akta, akra que apra, etc.

5. Place des consonnes par rapport à l'accent. Le fait que la voyelle qui suit n'est pas sous l'accent de groupe favorise l'union des deux consonnes et inversement. Ce principe n'inte'resse que les groupes sans tendance bien déterminée. Exemples: a-ptitude — adap-té; di-sloque' — dis-loque.

Donc, on voit que les théories sur la nature de la syllabe pullulent. Comme propose à juste titre F.Carton, pour donner l'explication convenable à la formation et au fonctionnement de la syllabe, il faut pre'ciser l'aspect de son étude: physiologique, acoustique, perceptif ou fonctionnel [54, p. 77-80].

Aspect physiologique. La syllabe est l'unité' minimale de prononciation: au cours des expériences spéciales on a prouve' que jusqu'au plus grand ralentissement du langage parlé, les syllabes maintiennent leur existence et que le langage n'est jamais décompose' en sons séparés.

C'est la théorie de tension musculaire qui choisit comme point de départ le travail de l'appareil phonatoire: quand on parle, la bouche se ferme et s'ouvre tour à tour pour émettre les voyelles et les consonnes: en gros, la voyelle est un éle'ment ouvert, la consonne,un élément fermé. Selon les langues il existe une différence dans la division de la chaîne parlée en syllabes ouvertes et fermées: alors que les Français prononcent [ke- le- It - va - tt- le- te,-го- зе^], les Allemands et les Russes disent: [k&l- el&v- a- tel- e- tfc- го- зе^] (Quel élève a-t-elle interroge?). Ce phénomène trouve son explication dans la distribution différente des tensions croissantes et décroissantes dans les langues en question. Préférer une syllabe ouverte c'est une caractéristique du français. On dit que la syllabe est ouverte quand elle est terminée par une voyelle, la bouche étant ouverte: mou, roux. La syllabe ferme'e est ter-mine'e par une consonne, la bouche étant fermée: bec, tâche.

Aspect acoustique. PDelattre et l'e'quipe des Laboratoires Haskins, a New York, ont constaté que les consonnes sont identifiées grâce à deux facteurs acoustiques: le bruit de la détente et les changements de direction des formants vocaliques (transitions).

Dans le cas d'une consonne intervocalique réalisée par synthèse, [ара], la présence d'une transition a la,.fin de la voyelle qui précède donne a 100% l'impression d'une consonne implosive (qui ferme une syllabe), on entend alors [ ap - a].Si la transition se trouve au début de la deuxième voyelle,on entend [ a - pa], c'est-à-dire,la consonne est explosive (qui commence une syllabe).La tâche des linguistes est a rechercher les

faits articulatoires qui sont à l'origine de ces faits acoustiques.

Aspect perceptif. Tous les membres d'une communauté' linguistique ont un sentiment commun de la syllabe. C'est une notion qui a une réalité perceptive et qui est pédagogiquement nécessaire. L'enfant sent que la phrase française est formée de syllabes et non de mots isolés. C'est pourquoi un apprentissage fondé exclusivement sur une saisie globale des mots isole's ne tiendrait pas compte du sentiment linguistique de l'enfant. F.Carton rappelle des coupures révélatrices citées par M.Grammont dans des lettres écrites par les enfants: Giait vu la dresse de ton nami (J'y ai vu l'adresse de ton ami). L'enfant n'a pas coupé n'importe comment: sachant qu'il faut couper, il a respecte' la syllaba-tion phonétique: [3Je- vy-la- drss -da - t5- na -mi] et il a tenu compte de la liaison (nami) et de l'élision (la dresse).

Il faut dire que ce n'est pas рчг hasard que l'enfant a préfère' la syllabe. Aujourd'hui au cours des expériences dirigées ivers l'e'tude des unite's minimales de perception du langage il est prouvé qu'on identifie le mieux le son après avoir analyse toute la syllabe et qu'on met moins de temps pour identifier une syllabe qu'un mot isolé [Z.Dsaparidze]. Ces résultats donnent le droit de conclure que c'est la syllabe qui est l'unité minimale de perception du langage humain.

Cependant l'aspect perceptif de la syllabe prévoit encore l'e'tude de plusieurs problèmes parmi lesquels on peut nommer la détermination du rôle des éléments consonantiques et vocaliques dans l'identification auditive des syllabes, ainsi que l'e'tude des rapports de la syllabe articulée avec la syllabe perçue et avec les éléments acoustiques du langage.

Aspect fonctionnel. La syllabe comme unité du système linguistique assume plusieurs fonctions:

1. Elle sert à. l'organisation du matériel sonore du langage, car c'est justement dans la syllabe que des phonèmes trouvent leur réalisation. (P.Kouznétzov, L.Zlatooustova). Objectivement, tout son possède ses propres traits acoustiques tels que la fréquence du ton fondamental, l'intensité et la durée, mais ils ne reçoivent une signification linguistique que dans la syllabe, unité minimale d'articulation et de perception du langage.

2. Grâce à sa possibilité' d'être accentuée, la syllabe participe à la formation de la structure phonétique du mot isolé, unité inte'grale de la langue (V.Artiomov, A.Sauvageot). Le rôle de l'accent en tant que facteur principal de regroupement des syllabes en mots dans les langues indo-europe'ennes a été mentionnée plusieurs fois par des linguistes (G.Torsouév, L.Bondarko, AMartinet).

3. La syllabe participe à la formation de la structure prosodique de la phrase, unité' essentielle du discours. Comme élément de la phrase la syllabe garde son individualité' d'unité minimale prosodique parce qu'elle

se distingue par ses caractéristiques prosodiques des syllabes environnantes. La possibilité d'être proéminente assure à la syllabe sa fonction de marquer dans la phrase les limites des groupes de sens et de devenir par conséquent l'unité'centrale d'analyse prosodique (BJVIalmberg). Dans l'analyse de la coupe syllabique du point de vue fonctionnel les frontières syllabiques ont reçu lenomde"joncturès". On distingue la joncture externe qui est réalisée entre deux mots et la joncture interne qui se réalise à l'inte'rieur du mot. A comparer:

Joncture externe — l'homme niait.

Joncture interne — la calomnie.

Des recherches effectuées par des phonéticiens sovie'tiques et étrangers ont révélé la fonction démarcative de la joncture syllabique. Ainsi dans son ouvrage consacré à l'étude des modifications des jonctures syllabiques du type VC/CV en français contemporain A.V.Yankounas [46, p. 22] a démontre' que la joncture syllabique peut indiquer les limites des unités prosodiques de hiérarchie différente: dans le cas de la joncture externe les consonnes sont relativement indépendantes et gardent leur timbre même si elles ne sont pas séparées par une pause. Cependant si la joncture est interne les consonnes sont très unies et leur interaction étroite mène aux modifications de leur timbre. Les modifications plus sensibles sont relevées dans les cas de joncture occlusive + constrictive qui se transforment alors en affriquée. A comparer:

Joncture externe-Un fil raide s'y opposait...

Joncture interne-La médecine n'est pas... ou bien C'est de cigarette que tu as besoin...

Structures syllabiques du français

En français,dans les mots isolés,il existe 16 types de structures syllabiquesl [24, p.52-55]:

V - ou, a CV - qui, cha-ri-té

VC - art, homme CVC - foule, robe

VCC - ombre, tarte С VCC - peuple, double

VCCC — arbre, ordre CVCCC — cercle, monstre

CVCCCC - dextre

CCV - clé, drap

CCVC - drôle, prime CCCV - scrupule, stra-te'gie

CCVCC - triple, propre CCCVC - struc-ture

CCVCCC - spectre, plectre CCCVCC - strict.

Le caractère de distribution des différents types de syllabes dans les mots isolés prouve qu'en français moderne il existe une tendance à

l

V — voyelle, С — consonne.

la diminution du nombre de consonnes dans la partie explosive (initiale) et implosive (finale) de la syllabe. C'est pourquoi des structures chargées de consonnes VCCC, CVCCC, CCVCCC, CVCCCC et CCCV, CCCVC, CCCVCC ne sont pas utilisées dans les mots ayant plus d'une syllabe.

Dans la chaîne parlée selon les tendances de la coupe syllabique les groupes implosifs de deux, trois et de quatre consonnes sont divisées et leur deuxième partie forme alors la partie explosive de la syllabe qui suit: un cercle à visiter — [œ— s&r-kla-vi-zi-te]. De plus dans la chaîne parlée les liaisons et les enchaînements changent la structure des mots en contribuant à la formation des syllabes ouvertes: и appelle au secours — [i-la-pe— lo-sa- kur].

D'après le corpus parle' P.Delattre a établi qu'en français il y a 54,9% de structures CV, alors qu'il n'y a que 17,l%de structures CVC, 14,2% pour CCV et 1,9% pour VC. Donc, on voit que les structures lourdes en consonnes sont rares en français.

Le nombre et la structure des syllabes changent selon le débit et le style du discours. Dans le style recherché on prononce: [5 -ta-ra-gard], mais dans le style familier on dit: [э- ira -gard]. En français familier la chute des voyelles et surtout du "э" caduc provoque des accumulations de consonnes dans la partie explosive des syllabes: je viens de Clichy — [3vj&-tkli-Ji], ce type-là— [stip -la],.tu sais— [tse], ainsi qu'une certaine augmentation du nombre de syllabes fermées: ii se dit — [iz—di], que tu te payes — [ktyt-p&j].

II n'existe pas de terme unique pour la dénomination de l'unité prosodique plus grande que la syllabe. Les phonéticiens nomment cette unité différemment selon les critères utilisés pour sa délimitation. Ainsi M.Grammont qui se sert du critère sémantique préfère parler des "groupes rythmiques". Selon M.Grammont, le groupe rythmique est "toute suite de mots qui exprime une idée simple et unique et qui n'a d'accent que sur la dernière syllabe" [ 70, p.105].

L.Scerba accepte le terme de M.Grammont "groupe rythmique" pour les unités élémentaires de segmentation sémantique. D'autre part, en parlant des unités complexes il introduit en phonétique le terme "syntagme" pour désigner l'unité phonétique qui exprime un tout se'-mantique se formant au cours même de la parole et pouvant comprendre soit un seul, soit plusieurs groupes rythmiques.

En mettant à la base de sa théorie le critère physiologique P.Passy parle des "groupes de force" (unités élémentaires) et des "groupes de souffle" (unités complexes). J.Tarnaud et J.Borel-Maisonny pour désigner les groupes élémentaires emploient le terme peu usité en linguistique

générale "rhèse", et pour les groupes complexes le terme lié à la lexicologie "mot phonétique".

L'analyse de ces termes montre qu'aucun d'eux ne reflète le rôle de l'accent — phénomène principal de segmentation de la chaîne parlée. Peut-être est-ce le terme de M.Grammont qui est le plus valable, mais pourtant il a aussi un défaut. Comme remarque à juste titre N.Chi-garevskaia: "... on a tort de désigner par accent rythmique l'accent final qui affecte le groupe accentuel de la chaîne parlée, puisque ce n'est pas le rythme qui détermine en premier lieu le principe de la répartition des accents, la constitution des groupes accentuels en français. Toutes les variétés de l'accent constituent le rythme de la phrase [55, p.184].

K.Barychnikova estime que les unités prosodiques plus grandes que la syllabe doivent être nommées unités accentuelles car c'est justement l'accent qui délimite et marque chaque unité de segmentation dans la chaîne parlée. D'après K.Barychnikova [1; 5] il existe des unités accentuelles de types différents:

1) unités accentuelles indivisibles qui se composent d'une suite de syllabes inaccentuées et ont à la fin une syllabe affectée d'un accent relativement faible: "Seule la fraîcheur des ma'tins et des "soirs et la transparence plus 'vive de "/'air marquaient l'approche de l'hiver1 (A. France).

2) unités accentuelles divisibles qui incluent deux ou plusieurs unités indivisibles dont la dernière est marquée d'un accent final relativement fort^: " Seule la fraîcheur des mdtins et des "soirs etja transparence plus^ive de "l'air manquaient l'abproche de l'hiver.

3) unit es accentuelles indivisibles autonomes qui sont marquées d'un accent fort et ne font pas partie de l'unité accen-tuelle divisible: "Seule la fraîcheur des matins et des "soirs et la transparence plus 'vive de"l'air marquaient l'approche de l'hiver.

La segmentation de l'énoncé en unités accentuelles dépend du contexte. Par exemple, la phrase Ma camarade m'a prêté de l'argent pour acheter des livres peut être prononcée avec deux, trois, quatre et même cinq unités accentuelles. Cette phrase ne pourra avoir plus de cinq accents, tout au moins dans une prononciation normale. On voit donc, que les'groupes comme ma camarade, m'a prête', de l'argent, pour acheter, des livres constituent des unités accentuelles virtuelles (terme de P.Garde) [68, p. 93-96] qui ne se réalisent pas toujours. La réalisation ou la non-réalisation des unités virtuelles est conditionnée par le débit

%n accent faible est de'signe'par le signe ('), un accent fort - par le signe (").

^ Pour d'autres caractéristiques particulières des unite's accentuelles divisibles (des syntagmes d'après L.Scerba) voir [55, p.202-206].

et le style. Cette "élasticité"' de l'unité7 accentuelle est conside're'e comme un des traits frappants du français (A.Rigault).

D'après P.Garde, l'unité accentuelle ne saurait être définie seulement par ses caractéristiques prosodiques, c'est-à-dire par la présence entre ses limites d'un seul accent, mais aussi par des caractéristiques grammaticales: on peut définir en français des syntagmes accenïogènes, ou des groupements de mots qui ont la propriété de constituer des unités accentuelles [68, p. 19]. Par exemple, toute phrase non-elliptique comprend nécessairement un sujet et un prédicat, et chacun de ces deux éle'ments constitue une unité' acentuelle: Nata'lie dor'mait; le ' chat est1 noir. Le syntagme-sujet et le syntagme-prédicat sont des types de syntagmes normalement accentogènes.

Mais certains types de syntagmes accentogènes peuvent comprendre des unités qui ne le sont pas: ainsi en français tout syntagme-prédicat est nécessairement accentogène, mais parmi les syntagmes-sujets il en existe un petit nombre qui ne constitue pas une unité' accentuelle, mais s'intègrent dans l'unité' commandée par le prédicat qui les suit. Ces mots-sujets, nommés proclitiques, sont peu nombreux: je, tu, il, elle, etc.

Non-accentogènes sont dans la chaîne parlée les catégories grammaticales suivantes [66, p.LI ]:

— les articles définis ou indéfinis: le, la, les, du, des, etc;

— les adjectifs démonstratifs: ce, cet, cette, ces;

— les adjectif s possessif s: mon, ton, son, ma, ta, etc;

— les adjectifs relatifs: lequel, laquelle, lesquelles, etc;

— les adjectif s indéfinis:1 aucun, autre, certain, chaque, même, nul, plusieurs, quelque, tel, tout, pas un, plus d'un, etc;

— les pronoms personnels sujets: je, tu ou compléments me, te] le;

— le pronom indéfini on;

— les pronoms relatifs: que, dont, ou;

— les prépositions: à, de, par, pour, sur, etc.

Les règles qui régissent l'accentuation du français et du russe ne sont pas les mêmes.

Dans la langue russe presque toutes ces catégories sont accentogènes. Citons en exemple les pronoms démonstratifs et possessifs qui forment en russe l'unité accentuelle à part: этот/ученик, твоя/работа. De même les pronoms personnels portent généralement un accent: Я/тебя/ приветствую.

PHRASE

La suite d'unite's accentuelles constitue l'u n i t e' principale de communication,la phrase, possédant son expression prosodique tout à fait parfaite.

t

\

La délimitation de la phrase dans la chaîne parlée s'effectue grâce aux phénomènes prosodiques tels que la pause, la mélodie spécifique, aux indications de la couche verbale (W.Zwanenbourg). Parmi les phénomènes annexes de délimitation de la phrase on peut nommer la pre'-sence des voyelles longues dans la syllabe finale, p.ex.: [ka- t&s- kil -'pa:ri], l'absence de liaison, le rythme (J.-P.Vinay).

Il existe une confusion dans la conception de la phrase et de la proposition. Certains linguistes considèrent la phrase comme une unité syntaxique complexe formée de deux ou de plusieurs propositions. Pour d'autres, l'unité linguistique essentielle est la proposition et la notion de la phrase n'est pas digne d'être employée dans la description linguistique. Cependant il est important d'envisager la phrase et la proposition comme deux unite's linguistiques différentes. S.Karè'evskij rejette, à juste titre, l'idée que la proposition — unité grammaticale, sert de base à la réalisation de la phrase — unité prosodique. Selon lui, la phrase peut coihcider ou non avec la proposition, parce qu'elle ne possède pas de structure grammaticale propre [73, p. 190]. La phrase, unité7 actualisée de communication, est construite à partir des moyens du niveau phonétique et possède donc sa structure qui est la prosodie. Au moyen de la prosodie elle actualise les unités des autres niveaux de la langue, mots, groupes de mots, propositions. En développant l'idée de S.Karc"évskij,K.Barychnikova ajoute que "la phrase transforme ces unités, leur donne une signification concrète, les lie en ses membres, en les accentuant ou non, elle les classe en principaux et secondaires: la phrase interroge, affirme, exclame, etc." [50].

Voici quelques spécimens de phrases enregistrées par M.Pechkovskij, telles que nous en entendons ou faisons nous-mêmes à tout instant et dont la structure grammaticale est tout à fait défectueuse: A на поле как хорошо мы были! — Почему ты уходишь не закрываешь электричество? — Она разбилась, упала когда, очень сильно. C'est précisément la prosodie qui fait la phrase. N'importe quel mot ou assemblage de mots, n'importe quelle forme grammaticale, n'importe quelle interjection peuvent, si la situation l'exige, servir d'unité de communication, donc de phrase.

La phrase ne devient un message complet qu'en rapport avec la réalité contextuelle: sans être replacée dans le discours la phrase ne parviendra jamais à la plénitude de sa valeur de communication.

La recherche instrumentale [35, p. 28] a montré que le contexte exerce une influence considérable sur la prosodie de la phrase. Il modifie en premier lieu la structure des caractéristiques mélodiques de la phrase, beaucoup moins ses caractéristiques dynamiques (l'intensité) en gardant intacts des rapports de durée entre les unîtes de la phrase. L'influence du contexte est plus faible dans la partie finale de la phrase, tandis que les zones initiale et médiane subissent le plus de transforma-

5 Зак.5357

tions. Les traits pertinents de différenciation des phrases contextuelles et isolées sont le débit, le rythme, le niveau de ton.

ANALYSE PHONOLOGIQUE DES UNITES PROSODIQUES

L'analyse phonologique des unités prosodiques, telles que unité accentuelle et phrase, s'effectue au sous-niveau prosodématique. Le sous-niveau ^prosodématique peut-être défini en termes d'unités discrètes, les prosodèmes, qui se distinguent par des faisceaux de traits prosodiques pertinents. La quantité et les structures des prosodèmes sont limitées, elles varient d'une langue à l'autre.

Les linguistes discutent beaucoup le problème des rapports entre les phonèmes et les prosodèmes.

Le phonéticien sovie'tique P.Kouznétsov donne à ce problème l'interprétation suivante: h la différence du phonème, le prosodème ne peut être isolé7 ni reproduit, mime d'une manière artificielle, à cause de son application à une certaine suite de phonèmes [ 28, p. 208]. K.Barychnikova et S.Gaïdoutchik écrivent: "Si le phonème est une unité susceptible de différencier les mots et leurs formes en exerçant la fonction distinctive au sous-niveau phone'matique, le prosodème,quant à lui, est une unité7 du sous-niveau prosodématique, unité' dont la fonction consiste à différencier les unités plus grandes, notamment les phrases" [13, p. 5-7]. En définitive K.Barychnikova considère le prosodème de la phrase comme une structure (mouvement du ton, intensité' et durée) de traits prosodiques pertinents localise's dans, certains points delà phrase, plus pré'cise'ment sur les syllabes accentuées et les syllabes inaccentuées conjointes. Ces points peuvent être rapportés aux microprosodèmes constituant le prosodème de la phrase [11, p. 10-11].

Le microprosodème réalise' au niveau de l'unité accentuelle indivisible implique la différence de sens entre deux unités ayant la même succession des syllabes, p. ex.:

en russe: 1. Вы пили/ молоко? 2. Выпили /молоко?

en français: 1. Sa toile /était faite. 2. Sa toilette / est faite.

Au niveau de l'unité" accentuelle divisible le microprosodème sert a exprimer la tendance communicative de la phrase:

en russe: 1. Они ходили в универмаг (?) или в мастерскую?

2. Они ходили в универмаг (...), а потом вернулись домой.

en français: 1. Л viendra chez vous (?) ce soir (?)

2. Il viendra chez vous (...) ce soir. Le prosodème de la phrase exprime la valeur /affirmation, question, exclamation, commandement p.ex.:

communicative [14, p.60-61],

Tu restes.

Tu restes?

Tu restes!

On voit donc que le système de prosodèmes est aussi bien structure' que les autres systèmes linguistiques, par exemple, celui de phonèmes.

SYSTÈME ACCENTUEL NATURE PHYSIQUE BE L'ACCENT FRANÇAIS

Les caractéristiques pnvsiques utilisés pour la mise en valeur accentuelle sont Ténergie articulatoire, la hauteur mélodique et la durée. Leurs combinaisons sont varie'es dans la réalisation de l'accent de différentes langues. Notons que les recherches sur la nature physique de v<Taccent français ont une très longue histoire.

Les phonéticiens du début du XXe siècle qui n'utilisaient que la mét'hodé d'analyse auditive, présentaient de différents points de vue sur la substance physique de l'accent français. M.Grammont, P.Passy, L.Roudet, J.Marouzeau, P.Fouché le considéraient comme accent dynamique ou accent de force parce que la syllabe accentuée est perçue comme plus forte que les autres. Ph.Martinon,J.Tarnaud et S.Borel-Maisonny le nommaient accent tonique ou musical à cause des modifications tonales bien perçues affectant les syllabes accentuées. Selon R. de Souzat l'accent français est un accent de durée.

Comme on le voit, les définitions de la nature acoustique de l'accent étaient subjectives, car à cette époque les savants ne disposaient pas encore d'instruments d'analyse.

Les recherches expérimentales effectuées actuellement dans notre pays et à l'étranger prouvent que la nature physique de l'accent français est beaucoup plus complexe qu'on ne se l'imaginait autrefois. Ainsi, l'emploi des méthodes d'analyse et de synthèse a permis d'affirmer de façon convaincante que l'accent est le re'sultat de la participation simultanée de plusieurs paramètres dans leurs combinaisons différentes. Les travaux de K.Barychnikova menés sur des textes dialogues ont montré que les structures acoustiques de l'accent se présentent de la façon suivante

selon la fréquence d'occurence: durée + hauteur musicale + intensité'; hauteur musicale + durée; durée seule [ 5, 8l.

L'intensité", la hauteur musicale et la durée se combinent générale-ment dans des proportions inégales ce qui constitue les caractéristiques particulières des différentes langues. Examinons la part de chaque paramètre dans la réalisation de l'accent en français.

Quant à Fin te n si te',elle ne s'avère pas nécessairement dans les syllabes accentuées qui sont même les plus faibles lorsqu'elles terminent la phrase.Cela ne veut pas dire que l'intensité' joue un rôle de peu d'importance;tout au contraire, ce rôle est en quelque sorte négatif.Selon P.De-lattre, c'est dans l'absence d'intensité proéminente~que réside l'une des caractéristiques les plus frappantes de l'accent français.Pourtant l'intensité est le principal moyen de l'accentuation en russe ce qui donne à cette langue un de ses caractères particuliers. Le français et le russe se distinguent encore par le rapport de la syllabe accentuée et des inaccentuées dans l'unité accentuelle. En français l'accent à un faible relief perceptuel a cause de la faiblesse de sa réalisation acoustique alors que les syllabes inaccentuées gardent toute leur précision articulatoire. En russe les syllabes accentuées sont fortes, alors que les inaccentuées ne sont pas articulées avec beaucoup de précision.

La hauteur musicale n'a pas toujours le même sens dans la phrase: tantôt elle se situe plus haut, tantôt plus bas, ce qui diminue sa valeur comme facteur de l'accent. Il est à noter que les variations sensibles de hauteur ne sont pas toujours présentes dans l'accent français et qu'on peut les supprimer sans perdre l'impression de l'accent.Il faut donc admettre que le rôle de la hauteur comme facteur de l'accent, si important qu'il soit, reste accessoire.

Le rôle de la durée est tout à fait autre. P.Delattre [56, p.65-68] a montré clairement qu il suffit d'augmenter la durée de la syllabe pour donner l'impression de l'accent et que la durée est le seul élément qui soit toujours en excès dans la syllabe accentuée. Selon PDelattre, la syllabe accentuée est habituellement deux fois plus longue que les syllabes inaccentuées.

Donc, le rôle de la durée est très positif. La durée est le seul des trois éléments acoustiques qui soit toujours un facteur de l'accent français. C'est le seul composant qui puisse y varier indépendamment des deux autres. Et c'est, dans le sens positif, l'élément le plus étroitement uni à l'accent en français.




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Дата добавления: 2017-01-14; Просмотров: 761; Нарушение авторских прав?; Мы поможем в написании вашей работы!


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