Обстоятельственные дополнения обозначают "обстоятельства" (времени, места, причины и т.д.). Они обычно выражены существи- тельным с предлогом, и отвечают на следующие вопросы:
Où?D'où? Par où?
Il habite à Paris;...en France;II habite [quai de Conti: sans préposition]. 11 est revenu de Paris;... de France. Ilest passé par Moscou.
Обстоятельства (место)
Quand? Depuis quand?Pendant combien de temps?
Ilest parti à Pâques. Ilpartira dans dix jours.Il voyage depuis trois jours;[il est parti ily a trois jours]. Ila voyagé pendant dix mois,ou [il a voyagé dix mois].
(время)
Avec quoi? Comment?
Il mange avec une fourchette, sans fourchette. Ila voyagé en auto;... par le train;II est parti avec plaisir, sans plaisir;II pleut à torrents.
(способ действия)(образ действия)
En quoi? avec quoi?
Ces maisons sont faites en pierre, avec de la pierre.
(материал)
Avec qui?
Ila voyagé avec un ami, sans ami.
(сопровождение)
A cause de quoi?
Il pleure de joie.
(причина)
Pour qui?
11 travaille pour ses enfants.
En vue de quoi?
Il travaille pour son plaisir.
(назначение. целъ)
Malgré quoi?
Il sort malgré la pluie.
(противопостав- ление)
Combien coûte?
[J'ai acheté ce livre 5 nouveaux francs.]
(цена)
... pèse?
[Cette auto pèse 1.200 kilos.]
(вес)
... mesure?
[Le couloir mesure 10 mètres ]
(длина)
LE CANOT DE SAUVETAGE (m.)
La tempête faisait rage'; la pluie, tombant à torrents2, se mêlait au vent qui hurlaitsur la merdémontée. Les vagues grises, coiffées d'écume (f.), s'écrasaient contre les rochers (m.) de la côte. Grâce à Dieu, depuis une heure, la flotille de pêche était rentrée; les pêcheurs avaient prévu l'ouragan (m.), et, dès le premier coup de vent, ils s'étaient mis à l'abri dans le port. Ils amarraient solidement leurs barques, accueillis par leurs femmes qui, tout inquiètes, les attendaient sur le quai.
Tout à coup, le gémissement d'une sirène retentit. Là-bas, un chalu- tier, le gouvernail (m.) brisé3, était entraîné vers les récifs (m.) et lançait un message de détresse (f.). Sans hésitation (f.), malgré le danger, les plus hardis marins mirent le canot de sauvetageà la mer. Ils s'élancèrent pour sauver d'une mort certaine l'équipage du bateau en perdition. Du rivage, on les vit s'approcher du chalutier, lancer une amarre aux matelots en péril (m.), les sauver un à un. Il était temps: le dernier des matelots venait de sauter dans le canot de sauvetage, quand le chalutier s'ouvrit en deux avec un affreux craquement, et coula.
Примечания:
1. Бушевала, неистовствовала. On dit aussi: la bataille fait rage. — J'ai une rage de dents (très mal aux dents).
2. Потоками, как из ведра.
3. = complément circonstanciel sans préposition: ayant le gouvernail brisé.
УПРАЖНЕНИЯ
I) Вспомните слова, которые имеют приблизительно тот же смысл (= сино- нимы):des récifs; un matelot hardi; affreux; amarrer; accueillir; lancer.
II) (a) Укажите значение выделенных курсивом обстоятельственных допол- нений. На какой вопрос они отвечают? (quand? où? etc.) (б) Составьте короткие предложения со следующими дополнениями: à grand bruit; en petits groupes; les yeux baissés; sans parler; avec un air joyeux.
III) Используйте данные ниже предложения и поставьте вопрос, начинаю- щийся с вопросительного наречия: (а) с помощью простой инверсии (Напр.: Le vent venait du nord = D'où venait le vent/): Les vagues s'écrasaient sur les rochers de la côte. — La flottille était rentréeà cinq heures. — Ils amarraientsolidementleurs barques. — On les vit du rivage. — Ils s'élancèrentpour sauver l'équipage, (б) Напишите те же вопросы, используя сложную инверсию в тех случаях, когда это возможно (Напр.: Le vent venait du nord = D'où le vent venait-il?)
IV) Используйте вопросительные предложения из упр. III и переведите прямой вопрос в косвенный (Напр.: Je ne sais pas d'où venait le vent, или. d'où le vent venait) Обратите внимание! В косвенном вопросе никогда не делается инверсия местоимения-подлежащего je, tu, и т.п. (Урок 50).
V) В следующих предложениях поставьте вопрос к дополнению; каждый вопрос должен начинаться вопросительным местоимением с предлогом (Напр.: Pierre assiste à l'arrivée des pêcheurs = A quoi assiste Pierre?)
(а) С помощью простой инверсии: La pluie se mêlait au vent. — Les vagues étaient coiffées d'écume. — Elles s'écrasaient contre les rochers de la côte. — Les pêcheurs étaient accueillis par leurs femmes. — Elles attendaient les pêcheurs avec leurs enfants. — Ils lancèrent une amarre aux matelots en péril,
(б) Напишите вопросы с помощью сложной инверсии в тех случаях, когда это возможно. (Напр.: A quoi Pierre assiste-t-il?)
VI) Составьте короткие предложения со следующими словосочетаниями- En auto; en province; en hiver; en bois; avec de l'acier; avec un camarade; avec joie; de plaisir; de marbre; de la campagne; pour huit jours; pour mon prochain voyage; malgré le mauvais temps. В конце каждого предложения укажите в скобках значение обстоятельственного дополнения.
(Напр.: Les hirondelles nous quittent en automne (le temps: Quand?)
ТЕКСТЫ ДЛЯ ЧТЕНИЯ: УРОКИ 52 — 57
L'ÉLECTRICIEN
[Vidal] arrêta la camionnette, [au hasard], devant une des maisons de droite, qui était précédée d'une grille, d'un jardinet, et d'un perron. Il sonna.
Une petite bonne vint ouvrir, suivie presque aussitôt d'une dame assez forte, d'une cinquantaine d'années, en robe d'intérieur, le ventre proéminent sous la ceinture.
«Qu'est-ce que c'est?» fit [Mme Nigeon] d'un ton ni rogue ni aimable.
Vidal ôta sa casquette, et dit très poliment, avec des sourires: «Je suis entrepreneur d'électricité ambulant, madame. Ancien combattant, croix de guerre. Voici ma voiture. Je fais toutes les réparations séance tenante, et même les petites installations. Quelquefois, ça peut rendre service. L'avantage pour le client, c'est qu'il est débarrassé tout de suite. Et je ne prends pas cher». Il tira une carte de sa poche: F. Vidal. «Je suis bien connu dans la région».
La grosse dame acheva de descendre le perron, prit la carte, y jeta un coup d'œil, la rendit, regarda tour à tour et plusieurs fois Vidal, le petit Charles, la camionnette, la chienne, qui elle-même se tenait fort correctement. Puis son visage s'ouvrit, et elle dit, avec des pauses:
«Oui... en effet... Ça peut être commode... Oui... c'est dommage... Nous avons fait faire un travail il n'y a pas longtemps... Nous avions attendu des semaines... Oui, c'est dommage... Mais j'y pense... je crois bien que la voisine d'à côté... oui, je suis presque sûre... Ils m'en ont parlé hier encore. Ça les arrangerait peut-être bien. En tout cas, ils pourront discuter avec vous. Attendez une minute... Mathilde, je vais chez les gens d'à côté. Fermez la porte si vous voulez, mais ne vous éloignez pas, car je n'ai pas de clef».
Elle alla sonner à la maison voisine, qui avait aussi une grille, un jardinet, et un perron. Elle fut introduite. On l'entrevit dans le vestibule, en conversation avec une autre dame d'environ son âge.
Vidal paraissait très calme, mais Charles était fort anxieux2.
La grosse dame revint avec la voisine. Celle-ci fit connaître qu'elle avait en effet besoin d'un électricien, pour deux réparations. L'une, qui était sans doute insignifiante, concernait un fer à repasser. L'autre devait être un peu plus compliquée. Depuis quelques jours, la lumière ne donnait3 plus dans la cuisine.
«Mon mari a changé la lampe, mais ça n'a pas mieux marché. Ц a regardé aussi du côté des plombs. Mais ce n'est pas ça. Vous croyez que vous pourriez me faire les deux réparations dans l'après-midi?
— Oh! je le pense, madame. Peut-être même avant la fin de l'après-midi.
— Et cela me coûtera combien? — II faut que je voie le travail. Pour votre fer, il s'agit peut-être seulement d'un mauvais contact, ou d'une rupture de fil à un bout. Ce sera une affaire de quelques minutes.
«En ce cas je ne vous prendrai presque rien (...). Pour votre éclairage de cuisine, cela dépend. C'est peut-être très peu de chose». (...).
Il commença par suivre de l'œil la canalisation en hochant la tête. Il monta sur l'escabeau qu'on lui avait apporté pour atteindre le fusible, qui était dans le vestibule. Il déclara:
«Le plomb a encore sauté. Mais ce n'est pas lui qui est en faute».
Il remonta sur l'escabeau pour voir de près la douille de la lampe. Puis il examina l'interrupteur près de la porte. Avec une lame de canif il souleva en deux ou trois endroits la moulure qui cachait les fils. Il posa ici et là sa lampe-témoin. Les deux dames et une petite bonne le regardaient faire. Elles le trouvaient silencieux et sûr de lui comme un docteur. Charles l'admirait beaucoup.
Après un dernier grimpage sur l'escabeau, pour inspecter la torsade de fil souple qui courait au plafond, il revint sur le sol, et dit avec une douce autorité:
«C'est toute la canalisation de votre cuisine qui est à revoir. Une grande partie du fil est hors d'usage, et se met en court-circuit. L'interrupteur aussi est à changer4.
— Mais cela va être un très gros travail, dit la propriétaire avec effroi.
— Non. Les percements existent. Les moulures sont posées... il y a peut- être ça et là un clou mal placé... l'installation a été faite à la va-vite, mais il y a tout de même des morceaux qui sont bons. Comme fournitures nouvelles vous n'aurez guère que du fil, l'interrupteur et un fusible.
— Ça me coûtera combien?
— Ça m'ennuie de vous faire un prix, madame, parce qu'alors il faut que je compte sur l'imprévu et que je majore un peu. Sinon, je vous compterai le temps de travail, et les fournitures, au plus juste. Moi, je suis persuadé que j'aurai fini dans quatre heures. Je compte sept francs5 de l'heure. Cela ferait vingt-huit francs. Il se peut que je m'en tire avec dix francs de fournitures: vingt-huit et dix, trente-huit. Si vous me demandez de vous fixer un prix d'avance, je suis obligé de vous dire
cinquante, à cause de l'imprévu. Autrement, vous êtes à peu près sûre que ça ne dépassera pas trente-huit, quarante.
— Et mon fer?
— Je ne vous compterai rien pour votre fer.
— Je vois que vous êtes raisonnable. N'est-ce pas, madame Nigeon?
— Oh! très raisonnable! Le travail que nous avons fait faire il y a quelque temps nous est revenu6 bien plus cher en proportion. D'ailleurs il n'y a qu'à voir monsieur. Monsieur a l'air sérieux et arrangeant.»
Vidal remercia d'un salut la grosse dame qui était devenue en si peu de temps [sa protectrice].
«Alors vous n'avez plus besoin de moi?» dit Mme Nigeon à sa voisine. «Au revoir, monsieur; au revoir, jeune homme. Bon travail!»
J. ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté.
Примечания:
1. Молодой ученик (подмастерье), сопровождающий Видаля.
2. Встревожен. Sens plus toit que inquiet = обеспокоен.
3. Не было света. Différents sens du verbe donner, sans complément d'objet: Les arbres fruitiers ont bien donné cette année = ont beaucoup produit de fruits. — La lumière ne donne pas = ne produit aucun éclairage. — La fenêtre donne sur le jardin = s'ouvre sur le jardin. — II a donné de la tête contre un mur = il a heurté, frappé un mur avec la tête.
4. = L'interrupteur doit être changé. Toute l'installation est à revoir = doit être revue. L'électricien a aussi le fer à réparer = doit aussi réparer le fer. (Tournure qui n'est possible qu'avec des verbes transitifs directs.)
5. La scène se passe en 1938; les prix seraient bien plus élevés aujourd'hui.
6. Обошелся относительно дороже.
AU PARDON1 DE SAINTE-ANNE-LA-PALUD,
EN BRETAGNE
C'est comme un défilé d'idoles vivantes, surchargées d'ornements lourds et d'éclatantes broderies. Les costumes sont d'une richesse, d'une somptuosité qu'on ne rencontre pas ailleurs, sauf peut-être chez les Croates, en Ukraine et dans quelques pays d'Orient. Chaque famille conserve précieusement le sien, dans une armoire spéciale qui ne s'ouvre qu'une fois l'an, pour le «dimanche de Sainte-Anne».
Le spectacle de ces femmes aux parures magnifiques, s'avançant de
leur allure majestueuse, en ce cadre éblouissant, parmi le chant des
litanies et le son voilé des tambours, est assurément une des plus belles
choses qui se puissent2 voir, et le souvenir qu'il vous laisse est de ceux
qui ne s'effacent jamais.
Vieilles ou jeunes, sveltes ou courbées, les «veuves de la mer» débouchent du porche. L'œil se fatiguerait à les3 vouloir dénombrer elles sont trop. Elles ont soufflé leurs cierges, pour signifier qu'ainsi s'est éteinte la vie des hommes qu'elles chérissaient. Elles passent discrètes, les mains jointes, immédiatement suivies par les «sauvés» De ces «sauvés» d'aujourd'hui, combien n'en pleurera-t-on pas au pardon prochain comme «perdus»! Par un sentiment d'une touchante délicatesse, ils ont revêtu pour la circonstance les effets4 qu'ils portaient le jour du naufrage, au moment où la sainte leur vint en aide et conjura en leur faveur le péril des flots Jadis, pour aioutei encore à l'illusion, ils poussaient le scrupule jusqu'à prendre un bain, tout habillés, au pied des dunes, et assistaient à la «procession des vœux» le corps ruisselant d'eau de mer. Tous ces hommes chantent à haute voix. Leur allégresse3 néanmoins demeure sérieuse, presque triste.
...Le soir descend. Les croix, les bannières viennent de rentrer à l'église. Aussitôt la dispersion commence. Les chariots s'alignent, s'ébranlent, partent au grand trot de leurs attelages reposés. Le torrent des piétons s'écoule par toutes les issues. Le regard suit longtemps ces minces files sinueuses et bariolées qui serpentent à travers champs et peu à peu s'égrènent6 pour enfin disparaître derrière les lointains assombris.
D'après A. LE BRAZ, Au Pays des Pardons Примечания:
1. Прощение бретонский религиозный праздник Основная церемония — крестный ход, чтобы получить прощение за грехи (получить отпущение грехов)
2. Qui puissent se voir, qui puissent être vues. Subjonctif dans une proposition relative, quand l'antécédent du pionom relatif est accompagné d'un superlatif
3 A vouloir les compter
4 Одежду, букв носильные вещи.
5 Радость, возвышающая душ\
6 Se dispersent comme des graines lancées par le semeur
UN AMÉRICAIN EN CROISIÈRE
Les paquebots français sont renommés pour leur confort et leur excellente cuisine. Dans l'article ci-dessous un écrivain américain commente, avec une spirituelle exagération, cette réputation mondiale.
Le transatlantique Liberté, à bord duquel je vogue, est une véritable ville flottante, qui déplace 51.840 tonnes, réparties comme suit: ' 2.123 tonnes de caviar, 3.540 tonnes de langoustes, 4.560 tonnes de foie gras, 5.896 tonnes de truffes, 6.543 tonnes de poulets de Bresse, 8.342 tonnes de sauce hojlandaise, 9.000 tonnes de petits fours1, le reste étant constitué par un mélangé de salades et de crêpes Suzette2.
Comme'tous les navires français, Liberté a deux équipes d'officiers. La première dirige le navire, de manière tout à fait satisfaisante d'ailleurs: la seconde a pour unique fonction de déjeuner et dîner avec les passagers.
Les maîtres d'hôtel à bord de Liberté, particulièrement ceux des premières classes, ne ressemblent pas du tout aux maîtres d'hôtel français ordinaires. Ils veillent à ce que le client ait toujours satisfaction, quel que puisse être son désir3. Et si vous ne leur posez pas de colles4, vous perdez leur considération et ils acceptent votre pour- boire à contre-cœur.
C'est ainsi que, bien que plus de cent plats figurent chaque jour au menu, il est de bon ton de commander quelque chose qui n'y est pas. J'ai fait une forte impression à notre maître d'hôtel, le premier jour de la traversée, en demandant pour le petit déjeuner des foies de moineaux.
— Frais ou congelés? m'a-t-il répondu sans sourciller.
— Panachés5, ai-je décidé.
Il s'est précipité aussitôt vers les cuisines, gai comme un pinson6.
Malheureusement, le lendemain ma femme a commandé un plat qui était porté sur le menu et notre cote a immédiatement baissé... et j'ai entendu les garçons qui murmuraient entre eux:
— Lui est très bien; mais elle, elle a commandé du pigeonneau sauté à l'armagnac, qui est marqué au menu.
— Ces Américains, soupira le second, quand donc apprendront-ils à manger?
Le lendemain, ma femme essaya de commander encore d'après le menu, mais cette fois je mis les pieds dans le plat6.
— Tu vas me faire le plaisir de commander quelque chose de spécial, ou nous allons être la risée du navire.
— Mais, dit-elle, la truite meunière qui est sur le menu, me tente beaucoup.
— Alors, commandes-en une demain, quand elle ne sera plus sur le menu.
— J'en veux une aujourd'hui, dit-elle, avec un entêtement coupable. Le capitaine attendait près de notre table, patiemment. Finalement, ma femme se leva et dit:
— Je vais dîner dans la cabine.
— C'est cela, hurlai-je, tu vas me ridiculiser aussi aux yeux du stewart de cabine! Ah! je savais bien que nous aurions dû prendre l'avion!
D'après ART BUCHWALD Примечания
1. Птифуры, рассыпчатое печенье к чаю (не маленькие пирожные, как у нас)
2. Тонкие галеты с апельсиновым ликером.
3. Каким бы (трудноисполнимым) ни было его желание.
4. Каверзные вопросы (о кухне) разг.
5. И так и так, смешанные.
6. Expression proverbiale: весел, как зяблик.
7. Я сурово пресек.. (разг.).
LA FIN DU CAPITAINE HARVEY
Le paquebot Normandy vient d'être abordé par un autre navire, la Mary.
La secousse fut effroyable. En un instant, tous furent sur le pont, hommes, femmes, enfants, demi-nus, criant, pleurant. L'eau était furieuse. La fournaise de la machine, atteinte par le flot, râlait. Le navire n'avait pas de cloisons étanches: les ceintures de sauvetage manquaient.
Le capitaine Harvey, droit sur la passerelle de commandement, cria:
«Silence tous, et attention! les canots à la mer. Les femmes d'abord, les passagers ensuite. L'équipage après. Il y a soixante personnes à sauver». On était soixante et un. Mais il s'oubliait...
Harvey, impassible à son poste de capitaine, commandait, dominait, dirigeait, s'occupait de tout et de tous, gouvernait avec calme cette
angoisse et semblait donner des ordres à la catastrophe. On eût dit que le naufrage lui obéissait. A un certain moment il cria: «Sauve/ Clément».
Clément, c'était le mousse. Un enfant.
Le navire décroissait lentement dans l'eau profonde.
On hâtait le plus possible le va-et-vient des embarcations entre le Normandy et la Mary.
«Faites vite», criait le capitaine.
A la vingtième minute le steamer1 sombra. L'avant plongea d'abord, puis l'arrière.
Le capitaine Harvey, debout sur la passerelle, ne fit pas un geste, ne dit pas un mot, et entra immobile dans l'abîme. On vit, à travers la brume sinistre, cette statue noire s'enfoncer dans la mer.
V. HUGO, Actes et Paroles
Примечания: '
1. Terme, aujourd'hui vieilli, pour dire, bateau à vapeur. — Maintenant les bateaux marchent souvent au mazout.
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