L'expression du temps («quand?...») = Средства выражения времени
1. Прежде всего, необходимо выяснить, следует ли действие главного предложения за действием придаточного, происходит ли одновременно с ним, или предшествует этому действию.
Основные случаи употребления времен:
(а) Глагол придаточного предложения в изъявительном наклонении
(indicatif):
1. Действие главного предложения Гследует1 за действием придаточного
— Nous sortons [après qu'lil a plu(глагол pleuvoir). —Ils sortirent après qu'il eut plu (письменная речь). — Nous sortirons après qu'il aura plu.
Основные союзы:
après que dès que aussitôt que depuis que quand lorsque, и т.п.
2. Действие главного предложения [одновременно! действию придаточного
— Nous restons à la maison [pendant qu'l il pleut.— Nous resterons à la maison pendant qu'il pleuvra— Nous sommes restés à la maison pendant qu'il pleuvait— Ils restèrent à la maison pendant qu'il pleuvait.
основные союзы:
pendant que tandis que quand tant que lorsque, и т.д.
(б) Глагол придаточного предложения в сослагательном наклонении (subjonctif):
Действие главного предложения [предшествует] действию придаточного
Nous sortons [avant qu'l il[nel pleuve.Nous sortirons avant qu'il[nel pleuve.
Nous sommes sortis avant qu'il ne plût Ils sortirent avant qu'il ne plût(книжная речь)
Основные союзы:
avant que (ne), jusqu'à ce que, en attendant que, sans attendre que.
II — L'infinitif
Je travaille avant de sortir. — Je travaille après être sorti.
Если подлежащие главного и придаточного предложений совпадают, то предложение, вводимое союзами: après que, avant que, en attendant que, sans attendre que,как правило, заменяется конструкцией: après, avant de, en attendant de, sans attendre de + infinitif.
III — Le gérondif (Деепричастие)
Je chante en travaillant (= pendant que je travaille).
IV — Le participe avec un sujet (— proposition participe)
Причастие, имеющее собственное подлежащее: La nuit venue(quand la nuit fut venue), je suis sorti.
ПРИМЕЧАНИЕ: Существительное также может обозначать время: je travaille la nuit,pendant la nuit.
JEUNESSE DE FRANCE... ET D'AILLEURS
Juillet, août! Ces deux mois-là sont attendus avec impatience par toute la jeunesse! Vous devinez pourquoi: c'est la période des vacances. Même quand on n'est pas riche, on veut voir du pays1. Aussi, bien avant que l'été ne soit là, on fait des projets (m.).
«Où iras-tu cette année? — J'ai envie d'aller camper dans les Alpes. — Mais moi aussi... Alors nous partirons ensemble!»
Une fois la décision prise2, on établit des itinéraires (m.), on marque sur les cartes (f.) les emplacements les plus favorables au «camping».
Dès qu'arrive le premier jour des vacances, on se met en route; sac au dos, jeunes gens et jeunes filles, en troupes joyeuses, envahissent les trains ou se lancent à bicyclette sur les routes, vers la destination qu'ils ont choisie. Quelle joie de se trouver au grand air, après qu'on a travaillé toute l'année! Bien sûr on n'a pas le même confort qu'à l'hôtel! Mais, à vingt ans, tout est facile. Si le vent arrache les piquets (m.) de la tente, si l'orage éteint le feu de camp, eh bien, on en rit!
D'autres voyagent à travers toute la France ou l'Europe. Les «auberges de la jeunesse» les accueillent. Ils y retrouvent des jeunes
de tous les pays, échangent des souvenirs, des photos (f.); chantent, le soir, à la veillée, des chœurs (m), ou des romances (f.) populaires. Et, le lendemain, après avoir remercié le «père aubergiste», ils reprennent leur route vers la prochaine étape.
Примечания:
1. = хочется повидать другие места (куда-нибудь поехать).
2. Plus fréquent que: la décision prise, ou la décision étant prise.
УПРАЖНЕНИЯ
I) (a) Перепишите 3-й и 4-й абзацы текста до слов: ...ont choisie, заменяя глаголы в Présent соответствующими формами Passé simple, a глагол в Passé composé формой Plus-que-parfait; (б) Замените глаголы в Présent соответст- вующими формами Passé composé, a глагол в Passé composé формой Plus-que- parfait.
II) Поставьте глаголы в скобках в Passé composé, Passé antérieur, Plus-que- parfait, Futur antérieur, в зависимости от смысла фразы. Используйте вспомога- тельный глагол avoir.
Après que le jour (paraître), les oiseaux se mirent à chanter. — Après que le jour (paraître), les oiseaux se mettent à chanter. — Après que le jour (paraître), les oiseaux se mettront à chanter. — Depuis qu'il (commencer) son enquête, M. Vincent ne cesse pas de voyager. — Depuis qu'il (commencer) son enquête, M. Vincent ne cessait pas de voyager. — Après qu'il (commencer) son enquête, M. Vincent ne cessa pas de voyager. — Lorsqu'il (commencer) son enquête, M Vincent ne cessera pas de voyager. — Dès que (achever) mon travail, je vais me promener. — Dès que (achever) ton travail, tu allais te promener. — Dès que (achever) son travail, il ira se promener. — Quand le ténor (finir) de chanter, une tempête d'applaudissements s'éleva. — Quand le ténor (finir) de chanter, une tempête d'applaudissements s'élèvera. — Quand le ténor (finir) de chanter, une tempête d'applaudissements s'élevait. — Lorsqu'il (terminer) sa correspondance, il fait un peu de lecture. —. Lorsque (terminer) leur correspondance, ils faisaient un peu de lecture.
III) Поставьте глаголы в скобках в нужное время:Pendant que je (être occupé) un ami est venu me voir. — Pendant que M. Vincent (faire) son enquête, sa femme et ses enfants restent à Paris. — Pendant que M. Vincent (faire) son enquête, sa femme et ses enfants resteront à Paris. — Pendant que M. Vincent (faire) son enquête, sa femme et ses enfants restèrent à Paris. — Nous n'allons pas dans la montagne tant que (y avoir) de la neige. — Vous n'irez pas dans la montagne tant que (y avoir) de la neige. — Les nuages emplissent le ciel tandis que nous (se préparer) à sortir. — Les nuages emplissaient le ciel tandis que nous (se préparer) à sortir. — Chaque fois que nous voulons sortir (pleuvoir). — Chaque fois que nous (vouloir) sortir, il pleuvait.
IV) Поставьте глаголы в скобках в Subjonctif présent:Attendez-nous jusqu'à ce que nous (arriver). — Ne quitte pas ta place avant que le rideau ne (être baissé). —• Piétons, restez sur le trottoir jusqu'à ce que le feu (devenir) rouge. — Ne vous engagez pas sur la chaussée sans attendre que l'agent vous le (permettre). — Abritons-nous som ce hangar en attendant que la pluie (cesser). — Avant que ne (venir) la fin de l'année scolaire, j'ai encore beaucoup de travail à faire.
V) Дополните следующие фразы конструкцией avant de + infinitif:... déjeuner, nous allons boire un verre de porto. — Attendez que le rideau soit baissé... voui lever. — Attendez le feu rouge... vous engager sur la chaussée. — Ne vous engagez pas sur la chaussée... voir le feu rouge. — Tu as encore beaucoup de travail à faire.. partir en vacances. — Je viendrai vous rendre visite... quitter la ville. — Elle a mis un peu de poudre et de rouge aux lèvres... sortir.
VI) Перепишите следующие фразы, заменяя союзные придаточные предло- жения конструкцией après + infinitif passé: Après qu'ils ont vu le jour, les oiseaux commencent à chanter. — Après qu'il eut commencé son enquête, M. Vincent ne cessa pas de voyager. — Après que j'aurai fini mon travail, j'irai me promener. — Après qu'il a terminé sa correspondance, il fait un peu de lecture. — Après que nous eûmes entendu cet excellent ténor, nous rentrâmes à la maison.
VII) Перепишите следующие фразы, заменяя союзные придаточные предло- жения деепричастием (gérondif):Je viendrai te voir quand je partirai. — Ne lisez pas pendant que vous mangez. — Tiens-toi droit pendant que lu marches. — Ne garde pas une main dans ta poche quand tu salues quelqu'un. — Lorsque nous visitions le musée du Louvre, nous avons rencontré des amis de Montréal. — Quand nous nous sommes quittés, nous nous sommes promis de nous revoir.
VIII) (a) Составьте полные фразы, дополнив следующие придаточные предло- жения с абсолютным причастным оборотом главными предложениями:La nuit
tombée,.... — Le repas terminé.......... — Le concert fini,.... — Aussitôt nos invités
partis,...
(б) В получившихся фразах замените придаточные предложения с абсолютным причастным оборотом придаточными предложениями с временным союзом (Напр.: (a) Le signal donné, tous les coureurs s'élanceront: (6) Aussitôt que le signal aura été donné, tous les coureurs s'élanceront.)
ТЕКСТЫ ДЛЯ ЧТЕНИЯ: УРОКИ 58 — 63
MARIAGE NORMAND VERS 1870
La procession se déroulait dans le chemin creux ombragé par les grands arbres poussés sur les talus des fermes. Les jeunes maîtres venaient d'abord, puis les parents, puis les invités, puis les pauvres du pays, et les gamins qui tournaient autour du défilé, comme des mouches, passaient entre les rangs, grimpaient aux branches pour mieux voir. Le marié était un beau gars, Jean Patu, le plus riche fermier du pays (...). La mariée, Rosalie Roussel, avait été fort courtisée1 par tous les partis des environs, car on la trouvait avenante, et on la savait bien dotée; mais elle avait choisi Patu, peut-être parce qu'il lui plaisait mieux que les autres, mais plutôt encore, en Normande réfléchie, parce qu'il avait plus d'écus.
Lorsqu'ils tournèrent la grande barrière de la ferme maritale, quarante coups de fusil éclatèrent sans qu'on vît les tireurs cachés dans les fossés. A ce brait, une grosse gaieté saisit les hommes qui gigotai- ent lourdement en leurs habits de fête; et Patu, quittant sa femme, sauta sur un valet qu'il apercevait derrière un arbre, empoigna son arme, et lâcha lui-même un coup de feu en gambadant comme un poulain.
Puis on se remit en route sous les pommiers déjà lourds de fruits, à travers l'herbe haute, au milieu des veaux qui regardaient de leurs gros yeux, se levaient lentement et restaient debout, le mufle tendu vers la noce.
Les hommes redevenaient graves en approchant du repas. Les uns, les riches, étaient coiffés de hauts chapeaux de soie luisants, qui semblaient dépaysés en ce lieu; les autres portaient d'anciens couvre- chefs à poils longs, qu'on aurait dits en peau de taupe; les plus humbles étaient couronnés de casquettes.
Toutes les femmes avaient des châles lâchés dans le dos et dont elles tenaient les bouts sur leurs bras avec cérémonie. Ils étaient rouges, bigarrés, flamboyants, ces châles, et leur éclat semblait étonner les poules noires sur le fumier, les canards au bord de la mare, et les pigeons sur les toits de chaume.
Guy de MAUPASSANT, Contes de la Bécasse.
Примечания;
1. Ее вовсю обхаживали, за ней вовсю ухаживали. La racine du mot est la cour: la cour de la ferme: la cour du roi; les courtisans font la cour au roi, ils cherchent à lui être agréables; le jeune homme fait la cour à la jeune fille: il voudrait l'épouser, il la courtise. Il est courtois avec elle.
2. Притопывали ногами, приплясывали (familier); danser la gigue; manger un gigot (de mouton); de même plus bas gambadant, tiré d'un vieux mot qui veut dire jambe.
ENLISÉ!
Tout à coup le voyageur reconnaît, avec une indicible terreur, qu'il est engagé dans la grève1 mouvante, et qu'il a sous lui le milieu effroyable où l'homme ne peut pas plus marcher que le poisson n'y peut nager. Il jette sоn fardeau, s'il en a un; il s'allège comme un navire en détresse; il n'est déjà plus temps, le sable est au-dessus de ses genoux. Il appelle, il agite son chapeau ou son mouchoir, le sable le gagne de plus en plus.
Si la grève est déserte, si la terre est trop loin, s'il n'y a pas de héros dans les environs, c'est fini, il est condamné à l'enlisement. Il est condamné à cet épouvantable enterrement, long, infaillible, implacable, impossible à retarder ni à hâter, qui dure des heures, qui n'en finit pas, qui vous prend debout, libre, en pleine santé, qui vous tire par les pieds, qui fait rentrer lentement l'homme dans la terre en lui laissant le temps de regarder l'horizon, les arbres, les campagnes vertes, les fumées des villages dans la plaine, les voiles des navires sur la mer, les oiseaux qui volent et chantent, le soleil, le ciel.
Le misérable essaie de s'asseoir, de se coucher, de ramper; tous les mouvements qu'il fait l'enterrent; il se redresse, il enfonce; il se sent engloutir; il hurle, implore, crie aux nuées, se tord les bras, désespère. Le voilà dans le sable jusqu'au ventre; le sable atteint la poitrine: il n'est plus qu'un buste. Il élève les mains, jette des gémissements furieux, crispe ses ongles sur la grève, veut se retenir à cette cendre, sanglote frénétiquement; le sable monte. Le sable atteint les épaules; le sable atteint le cou. La face seule est visible maintenant. La bouche crie, le sable l'emplit: silence. Les yeux regardent encore, le sable les ferme: nuit. Puis le front décroît, un peu de chevelure frissonne au-dessus du sable; une main sort, troue la surface de la grève, remue et s'agite, et disparaît. Sinistre effacement d'un homme.
D'après Victor HUGO, Les Misérables.
Примечание:
1. = Вступил на зыбучие пески, оказался на зыбучих песках. La grève est le rivage de sable, ou de petits cailloux (de gravier) au bord de la mer ou d'une rivière A Pans, il y avait, au bord de la Seine, une place qui s'appelait place de Grève. Les ouvriers qui n'avaient pas de travail s'y réunissaient: ils étaient en grève.
DANS LA CATHÉDRALE DE CHARTRES
Ce matin, une procession de jeunes filles m'a devancé. Il me semble que je vois respirer et se mouvoir les statues de la cathédrale. Elles sont descendues des murs pour s'agenouiller dans la nef. Quel air de parenté entre elles et ces enfants! C'est du même sang. Les sculpteurs de Chartres avaient longuement observé les traits et la physionomie de leurs contemporains, la contenance1, l'allure de ces simples et belles créatures, dont les mouvements aisés, modestes, ont tant de style naturel! Elles passent, discrètes, montrant peu de leur beauté, dans le mystère qu'exigent les rites, sans pouvoir néanmoins la cacher toute' à l'artiste. Ces sculpteurs ont su la voir, ils l'ont étudiée, comprise, aimée. Ils ont copié la douce nature du pays. Ils ont reproduit la grâce que Dieu a répandue à pleines mains sur les visages des femmes de leur temps, comme de celles du nôtre. Les saintes de pierre qui nous racontent leurs douleurs et leurs espérances anciennes, sont de ce coin de France, et d'aujourd'hui.
Auguste RODIN Les Cathédrales de Fiance.
Примечания:
1. Манеру держаться, осанку. La contenance d'un verre = la quantité de liquide que contient ce verre. La contenance d'une personne = la manière dont se tient cette personne.
2. Скрыть ее всю. полностью.
3. Уроженцы, происходят из...
L АВВА YE BLANCHE
Le Soir, son ami le Silence Et le Jet d'eau discret et fin T'accueillent dans l'Abbaye blanche. Entre, et respire un temps lointain.
Des moines marchent en cadence Les bras chargés déjeunes fleurs. Clootre et prière, orgue et ferveur: C'est la veille d'un beau dimanche.
Marcel ABRAHAM, Routes
LA PETITE VILLE
Примечания
I. Напрягаются (цепляясь). Peiner = avoir de la peine, faire de gros efforts. Les maisons sont comme des gens qui grimpent péniblementla pente. — 2. Les sursauts de lerrain = неровности почвы Sursauter:sauter brusquement sous l'effet d'une secousse. Les pavés inégaux de la rue, éclairés inégalement par le soleil, font sursauter la lumièrequi se pose sur eux. — 3. Cet enfant a de mauvais penchants= de mauvaise^ dispositions. Le boucher semble avoir choisi son métier par disposition natuielle, p ■ goût du sang.
La ville douce et monotone Est en montée et en vallon, Les maisons peinent' tout au long, Et l'une à l'autre se cramponne.
Du soleil versé comme une eau Est dans la rue et les ruelles, Les durs pavés qui étincellent Semblent de lumineux sursauts2.
L'église, massive et muette, Est sur la place du marché, Le vent de l'hiver a penché Le beau coq de sa girouette.
La poste est noire et sans bonheur, Personne auprès d'elle ne passe, II semble que, petite et basse, Elle soit là pour le facteur.
La boulangerie est énorme; II entre et sort de larges pains, Couleur du bois blanc des sapins, Et ronds comme des chats qui dorment.
Le boucher, que l'on croit méchant Pour sa force rouge et tranquille, Est comme un ogre dans la ville Et son métier semble un penchant3.
Le libraire a quelques volumes Qui vieillissent sur ses rayons, II en vend moins que de crayons, De cahiers et de porte-plume.
L'épicerie a un auvent. Un banc, un air de bonne chance. Elle a sa table et sa balance, Ses tiroirs qu'on ouvre souvent.
Elle est prudente et trésorière, Pleine de soins et d'expédients, Les gens y causent en riant, Elle se ferme la dernière
Et quand vient le jour de Noël, Toute enduite de neige fraîche, Elle est belle comme une crèche Et dévote comme un autel (...).
A. de NO AILLES, L'Ombre des Jours
UN ACROBATE: LE DANSEUR DE CORDE
L'immense clameur cessa. Les chevaux de bois qui tournaient presque à vide depuis un moment s'arrêtèrent et leurs orgues se turent. L'homme venait d'apparaître à la lucarne. Il adressa des saluts à la ronde. Il fut sur la corde1, tenant un balancier. Il partit.
Au bout de quelques mètres, je fermai les yeux pour ne pas voir des choses épouvantables (...) Alors, plus torturé de ne rien voir, j'ouvris les yeux. L'homme était à mi-chemin. Il avait parcouru tout cela pendant le silence de mes yeux fermés. Sous lui, la corde accusait2 un creux violent. Est-ce que la cassure n'allait pas se produire?... L'homme s'agenouilla sur son fil, fît demi-tour dans cette position, se remit debout, et rebroussa' vers le grenier de son départ.
Le sol, lesfenêtres, les toits hurlèrent. Ils auraient hurlé jusqu'au lendemain si l'homme avait attendu jusqu'au lendemain pour disparaître.
Il reparut. Il n'avait plus de balancier. Il poussait devant lui une brouette.
Cet objet familier me rendit la force de regarder. Je suivis des yeux l'attelage qui s'avançait dans les airs. Ce n'étaient plus les pieds de l'homme que je suivais, c'était la brouette. La moindre secousse pouvait la refouler de sa ligne droite. Quelle lenteur! Il me semblait que s'il atteignait le milieu de son chemin, ce serait le salut. Il y parvint. Mes transes augmentèrent. J'estimai les distances: un tiers, un quart, un cinquième. Les derniers tours de roue me furent un supplice.
Il y eut encore deux merveilles... L'homme revint là-haut sans objet qui pût l'encombrer. Il tenait ses bras étendus. Lorsqu'il fut à mi- parcours, on vit de ses mains s'envoler deux colombes. Lorsqu'il reparut pour la dernière fois, il sema des fleurs.
Ma nuit fut effroyable. Je fis toutes les chutes qu'avait évitées le danseur. Je disparus dans des gouffres de dix mille mètres (...) Au réveil, j'étais baigné de sueur, entortillé dans mes draps comme un boudin, mais fou de joie à la pensée de vivre encore sur la terre ferme.
Gérard GAILLY, Le coin où le veau est mort Примечания:
1. Канат натянут между двумя домами на противоположных сторонах площади.
2. Совершенно явственно образует... т.е. прогибается.
3. Rebrousser chemin ou rebrousser = пройти обратно тем же путем.
CAMPING
Arriva un tandem monté par un couple de jeunes gens. Leurs maillots et leurs culottes courtes, leurs sacs bourrés d'ustensiles, leurs lunettes noires, la sueur mêlée de poussière qui les recouvrait, tout annonçait des touristes intrépides, décidés à avaler des centaines de kilomètres et à coucher à la belle étoile pour passer de saines et belles vacances.
C'étaient M. Pomponnet, professeur de physique, et madame.
«Oh! dit madame, le joli petit bois!... et comme je suis fatiguée!
— Arrêtons-nous ici, dit monsieur, et montons notre tente pour la nuit(...)
— Oh! dit encore madame, regarde!»
Et elle montrait des pierres adroitement disposées sous les arbres; une ronde et plate pour la table, et quatre ou cinq autres autour en guise de chaises, avec de la mousse les recouvrant comme du velours.
«On dirait que ces pierres ont été placées là à notre intention: c'est une salle à manger toute trouvée, style âge des cavernes'.
— De nombreux touristes doivent s'arrêter ici, reprit Mme Pomponnet, car ta salle à manger me paraît plutôt mal tenue.
— Nettoyons-la...»
Et les deux cyclistes, ayant dressé leur tandem contre un platane, se mirent en devoir de ramasser dans l'herbe boîtes de fer-blanc, papiers gras, étuis de cigarettes, coquilles d'œufs, bouteilles laissés là par d'autres voyageurs.
Ensuite ils entreprirent de monter la tente: c'était une opération difficile, tant il y avait de plis, de replis, de cordes, de cordons, de ficelles, et aussi à cause des pierres malignes qui empêchaient les piquets de pénétrer dans le sol.
A la fin, cela tint debout. On gonfla le matelas, on accrocha la lanterne.
M. Pomponnet, s'étant redressé pour s'éponger le front, vit qu'une douzaine de galopins du village étaient là, plantés comme des quilles, à les regarder.
«Messieurs, leur dit-il, nous aimons la solitude: allez voir ailleurs si j'y suis».
Les gamins ne bougèrent pas.
«Messieurs, leur dit encore M. Pomponnet, savez-vous que je suis professeur? Le premier que j'attrape, je lui fais réciter la table de multiplication».2
A ces mots, les enfants battirent prudemment en retraite. Seul, un chien s'attardait, curieux de voir ce qu'on allait manger; il fallut lui jeter des pierres, et il s'en alla à regret, en se promettant visiblement de revenir...
L. BOURLIAGUET. Justin chez les Hommes.
Примечания;
1. On dit: un fauteuil style Louis XV, un bahut style Renaissance: d'où l'expression une salle à manger style «âge des cavernes», т.е. в пещерном сгиле, в стиле каменного века.
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