Le faubourg Saint-Antoine fut souvent le théâtre des insurrections ouvrières. Voici un épisode emprunté à la guerre civile de 1871, dite «la Commune».
Sur une barricade, au milieu des pavés
Souillés d'un sang coupable et d'un sang pur lavés1,
Un enfant de douze ans est pris avec des hommes.
«Es-tu de ceux-là, toi? — L'enfant dit: — Nous2 en sommes.,
— C'est bon, dit l'officier, on va te fusiller. Attends ton tour.» L'enfant voit des éclairs briller3, Et tous ses compagnons tomber sous4 la muraille. Il dit à l'officier: «Permettez-vous que j'aille Rapporter cette montre à ma mère chez nous?
— Tu veux t'enfuir? — Je vais revenir. — Ces voyous Ont peur! Où loges-tu? — Là, près de la fontaine.
Et je vais revenir, monsieur le capitaine. Va-t'en, drôle5!» L'enfant s'en va. — Piège grossier6! Et les soldats riaient avec leur officier, Et les mourants mêlaient à ce rire leur râle; Mais le rire cessa, car soudain l'enfant pâle, Brusquement reparu, fier comme Viala7, Vient s'adosser au mur et leur dit: «Me voilà.» La mort stupide eut honte, et l'officier fit grâce...
Victor Hugo. L'Année terrible.
Примечания:
1. В равной степени запятнанной кровью злодеев и омытой чистой кровью героев. 2. Зд. местоимение nous выражает гордость. Это исключительный оборот!. 3. Вспышки огня из стволов ружей. 4. У подножия. 5. Плут, пройдоха, шалопай. 6. Таково мнение офицера, который считает, что его не одурачить. 7. Юный герой, участник войн Французской революции.
ТЕКСТ 46
PETITE HISTOIRE DE LA SORBONNE EN QUATRE TABLEAUX1
Premier tableau: en 1253.
Deux «écoliers» s'entretiennent dans une taverne de la montagne Sain te - Geneviève2.
«Qu'as-tu donc, François, pour être si gai? Ma parole! Je ne te reconnais plus. Hier encore tu faisais une mine longue comme un jour sans pain3...
— Hé! «sans pain», c'est bien le mot, mon vieux, car jusqu'ici je me demandais chaque matin si je dînerais et même où je coucherais 1e soir. Mais maintenant, au diable tous ces tracas! — Vraiment? — Tu connais messire Robert? — Le chanoine? — Oui. Tu sais que nous sommes nés tous deux à Sorbon, en Champagne, et qu'il m'honore-de son amitié. Eh bien, voici une merveilleuse nouvelle: il fonde un collège pour quinze ou seize écoliers pauvres, et m'y réserve une place. — Ah! comme je t'envie! le lit, la table, les études, tout ça pour rien... — Messire Robert de Sorbon est un homme généreux, et qui se rappelle le temps difficile de sa jeunesse, où il servait à table ses camarades pour gagner sa vie. — Dis-donc, François, il n'y aurait pas un petit coin pour moi dans ton collège? — Je parlerai de toi à messire Robert. Mais, tu sais, ne te fais pas trop d'illusions: Beaucoup d'appelés, peu d'élus!»
Примечания:
1. См. путеводитель Мишлен (Париж).
2. Название холма в самом сердце Латинского квартала, на котором теперь возвышается Пантеон.
3. Лицо у тебя было унылое, вытянутое.
Deuxiume tableau: en 1626.
Le roi Louis XIII et le cardinal de Richelieu, son ministre:
«Êtes-vous satisfait, monsieur le cardinal? La reconstruction de la Sorbonne avance-t-elle selon vos vœux? — Sire, nous en avons encore pour longtemps! Qui sait même si j'en verrai la fin? Il y a tant à faire!..
fout tombait en ruines, dans ce vieux collège qui m'est cher... Du temps où j'y étudiais la théologie, je me suis promis de le rebâtir un jour. Et Votre Majesté fut assez généreuse pour m'accorder son appui... Le chanoine Robert fit naître la Sorbonne. Vous, sire, vous l'aurez fait renaître. — Allons, allons, monsieur de Richelieu, pas trop de modestie! C'est à vous que la France devra d'avoir restauré la maison de la sagesse. Et vous mériterez d'y reposer en paix... le plus tard possible!»
Troisiume tableau: en 1884.
Le ministre de l'Instruction publique et l'architecte Nénot.
«Vous m'apportez, monsieur Nénot, les plans d'agrandissement de la Sorbonne? Voyons cela... Vingt-deux amphithéâtres, vingt-deux salles de conférences, seize salles d'examens, deux cent quarante laboratoires, un observatoire d'astronomie, deux musées... Vous avez réussi à tout loger, c'est bien. — Monsieur le ministre, je ne vous cache pas que certains s'inquiètent et trouvent ce projet bien ambitieux. — Laissons dire les sots, mon cher Nénot. Un jour, tout cela sera encore trop petit!»
Quatriume tableau: en 196...
Deux étudiants, dans une brasserie du Quartier latin.
«Quel est ce tapage? — Oh! une manifestation de gosses: des potaches qui fêtent le bachot1 à leur façon. — Quand ils en seront aux études sérieuses, ils n'auront plus guère le temps de chahuter2. — Ni le temps, ni le désir! Nous avons d'autres soucis!.. Où sont les farces joyeuses de jadis? — Et les bagarres avec la police, pour un oui, pour un non?3 — Ah là, mon cher, je t'arrête: nous saurions encore «descendre dans la rue», si la liberté était menacée, et nous sommes toujours prêts à manifester la paix et ja justice. — C'est vrai. Mais tu m'avoueras qu'aujourd'hui un étudiant songe surtout à se loger, à se nourrir, à réussir ses examens; puis, le diplôme en poche, à conquérir une place dans la vie... — Oui... une place... quel problème! Si seulement nous en trouvions, des places, dans ces amphithéâtres bondés... Au cours de physique générale, j'ai encore dû rester debout. — Patience! Déjà les nouveaux bâtiments du quai Saint-Bernard et les Facultés de Nanterre et d'Orsay... — Non, jamais l'Université de Paris ne connaîtra le confort des universités américaines: salles de spectacle, terrains de sport, piscines... — Ne mêle donc pas tout! Que nous faut-il?
des maîtres nombreux? La France peut les produire sans peine. Des laboratoires et des amphis 9 On en construit tous les jours. Pour le reste, n'oublie pas que, depuis un demi-siècle, Paris offre aux étudiants une des plus belles cités universitaires du monde — Optimiste, va1 En attendant, garçon, remettez-nous ça1»5
(G M) Примечания
1 Les potaches лицеисты (разг.). Le bachot, le bac - экзамен на степень бакалавра который сдают по окончании лицея или коллежа 2 Школьный жаргон: шуметь, скандалить, бузить Так, например, chahuter un professeur — освистывать преподавателя, мешать ему вести урок 3 По ничтожному поводу 4 Разг Аудитории 5 Прост, renouvelez-nous cette consommation1 — повторите заказ1
ГРАММАТИКА___________________________
ПРОШЕДШЕЕ НЕЗАВЕРШЕННОЕ ВРЕМЯ ИЗЪЯВИТЕЛЬНОГО НАКЛОНЕНИЯ
(L'IMPARFAIT DE L'INDICA TIF)
I — Напомним, что глагол в imparfait обозначает действие, которое разворачивается, длится в прошлом.
Таким образом, глагол в imparfait обозначает
Действие, длящееся в прошлом Les deux étudiants causaient tranquillement, lorsque des cris attirèrent leur attention
Привычное или повторяющееся действие в прошлом chaque matin, JE ME DEMANDAIS où je coucherais le sou
Описание (в прошлом) одушевленного лица или предмета в рамках какого-либо действия Hier TU FAISAIS une mine longue comme un jour sans pain
II -— Imparfait употребляется также для выражения одновременности каких-либо действий в прошлом:
II entendit frapper à la porte C'ETAIT son voisin
Отсюда- в придаточном предложении imparfait заменяет présent, если глагол главного предложения употреблен в прошедшем времени Le cardinal CONSTATA que le roi SAVAIT bâtir pour la paix (Ho;/ CONSTATE que le roi SAIT bâtir pour la paix)
III — В придаточном предложении, начинающемся союзом quand, imparfait употребляют, чтобы подчеркнуть регулярность повторения действия (глагол главного предложения тоже употребляется в imparfait)
Quand les étudiants ETAIENT pauvres, ils SE METTAIENT au service de leurs camarades
Но если глагол главного предложения стоит в passe composé или в passe simple (т е обозначает действие, не связанное с настоящим време- нем), после quand должен следовать глагол в passe composé, в passe simple или в passe antérieur QUAND J AI FERME les yeux, je ME SUIS ENDORMI — QUAND IL FERMA les yeux, il S'ENDORMIT — QUAND IL EUT FERME les yeux, il s'endomit
УПРАЖНЕНИЯ
I) Объясните употребление imparfait в данных предложениях La brasserie était pleine d'étudiants ce jour-là — Des clients se plaignirent que la patronne du café était plus souvent occupée à se mettre du rouge qu'a les servir ou comptoir — Tous les ans la prison de la Bastille recevait de nouveaux prisonniers — Selon Rabelais, Panurge était le meilleur garçon du inonde Pourtant chaque jour, il jouait un mauvais tour aux archers du guet, c'est à-dire à la police de ce temps-là — Chaque soir, quand je passais devant les fenêtres de l'école de danse, je m'arrêtais pour écouter — Le comédien eut une défaillance de mémoire il hésita, balbutia, et, déjà, les spectateurs chuchotaient des réflexions déplaisantes
И) Объясните употребление imparfait, passé simple и passé composé в следу- ющих предложениях
Pendant la Révolution française, c'est par la rue Saint-Honoré que passaient les charrettes des condamnés à mort — Le 8 septembre 1429, Jeanne d'Arc donna l'assaut aux Anglais qui occupaient Pans — Dans ce concours de danse une seule récompense fut décernée à un couple brésilien — En moins d'un mois, ce provincial connut les principales rues de Pans sur le bout du doigt — «La dernière fois que Chariot est venu à Pans, c'est moi, dit Jacques Charon, qui l'ai conduit à la Comédie-Française»
III) Поставьте глаголы в скобках в нужные времена (imparfait или passé simple) Panurge (être) un mauvais sujet 1l ne (manquer) jamais aucune occasion de jouer
des tours à la police Ne (s'aviser)-il pas, un joui, de semer de la poudre à canon par terre, puis de l'allumer, pour le plaisir de voir le guet, qui n '(être) pas très courageux, s'enfuir a toutes jambes7 Une autre fois, il (mener) ses compagnons devant Véglise Sainte-Geneviève, car il (savoir) que le guet (passer) ordinairement par là, et, quand celui-ci (approcher), il (lancer) un chariot sur la pente, les archers, qui ne (se méfier) de rien, (faillir) être écrasés On aurait vraiment cru qu'il (se plaire) a faire le mal
IV) Перепишите текст упражнения 3, начав его следующими словами Panurgeestun mauvais sujet (используйте времена, относящиеся к разговорному языку)
V) Эссе.Racontez à l'imparfait les habitudes d'intempérance, d'avance, etc d'un ami de jeunesse, qui, depuis, s'est corrigé
ТЕКСТ 47
À LA CITÉ UNIVERSITAIRE. VEILLE D EXAMENS
«Examens!»
Le mot est monté dans le «bus» en même temps que Catherine. Depuis une semaine, il refuse de la lâcher. Tout Paris, semble-t-il, prépare des examens. Le cordonnier, la blanchisseuse s'informent: «C'est pour quand?» avec, dans la voix, un mélange de respect et de pitié. Le Directeur du Collège Néerlandais distribue chaque matin une manne1 de sourires et de recommandations: «Vous sentez-vous prêts? Ne vous énervez pas.» Catherine a reçu de sa mère une lettre lui conseillant «d'éviter les nuits blanches, de surveiller son intestin, et de revêtir pour le grand jour le tailleur noir qu'elle s'obstine a dédaigner». Enfin, l'abbé Lebeau a parlé des devoirs de l'étudiant chrétien et rappelé qu'il ne fallait pas oublier Dieu, ni avant ni après l'épreuve.
Mais personne ne prend les examens avec autant de sérieux que l'étudiant. Il oublie qu'il était amoureux, écrivait des vers, souffrait des dents, se passionnait de politique: il oublie de manger, de se raser, de changer de chemise, il oublie de respirer, mais ses poumons s'en souviennent et absorbent la fumée de ses cigarettes; il oublie de marcher, mais ses jambes intelligentes le conduisent, à travers les autos et les cyclistes, jusqu'à l'examinateur. (...) Pourquoi cette ferveur? Parce que l'étudiant ne joue pas seulement ses vacances, sa bourse, son séjour à la Cité (qui expulse au deuxième échec), son avenir, mais sa raison d'être même. Pendant tout un hiver, il a porté le titre d'étudiant. Y avait- il droit? A-t-il étudié? La chute dans le néant le guette. Cette menace lui inspire la force d'avaler, mâcher, ruminer des kilos de papier. (...)
Depuis jeudi soir, Daniel n'a dormi que quelques heures. Il compte achever ses études par une éblouissante victoire. Moune maigrit, Annette pâlit, un bouton de fièvre pique la lèvre de Catherine. Une rage de travail empoisonne la splendeur de cette fin de printemps.
A l'extérieur de la Cité, hors de la protection des grilles brodées de lierre, le cœur accélère ses battements. Des plans, des aide-mémoire, des schémas remplacent les dictionnaires et les encyclopédies. Jusqu'à la dernière minute, Catherine picore des graines de savoir: une date, une citation. Elle a déjà présenté deux certificats: celui d'histoire du XX-e siècle et celui de géographie humaine. Contrairement à ses prévisions, elle a réussi le premier et failli être collée au second.
«Des chiffres, donnez-moi des chiffres», l'interrompit le professeur Je géographie humaine, alors qu'il avait répété maintes fois (Catherine l'entend encore) que les chiffres ne prouvaient rien, que les statistiques se pliaient aux caprices des plus futiles hypothèses.
Il avait coupé un éloquent plaidoyer de Catherine en faveur de la nationalisation du sol par un3:
«Citez-moi quelques faits concrets.»
Catherine avait gardé le silence. (...)
Enfin les sourcils du maître desserrèrent leur pince. Il tendit la perche4 d'une seconde question:
«Parlez-moi du développement de l'industrie automobile en Italie.»
Catherine s'accorda le temps de respirer. La sueur perlait à la racine de ses cheveux et l'étau qui lui serrait la gorge ne laissait échapper que des sons imperceptibles. Ainsi le passant qui vient d'échapper à un grave accident, s'évanouit à l'idée de cette mort qu'il a frôlée. L'industrie automobile la rassura peu à peu; au bord de sa paupière, la larme sécha et elle se surprit à exposer, non sans autorité, la courbe de production des diverses grandes marques. (...)
Lorsqu'elle se tut, le crayon du maître glissa lentement à côté de son nom, hésita, virevolta sur sa pointe comme une danseuse, tourna et remonta:
«Un huit5, devina Catherine, je suis sauvée.»
D'après E.TrÉVOL. Cité Universitaire Примечания:
1. Манна небесная. Зд. в переносном значении — изобилие. 2. Студенческий .жаргон: и чуть не завалила. 3. Резко оборвал... репликой. Article neutre (нейтральный артикль) подчеркивает резкость замечания преподавателя. 4. Бросил спасательный круг. 5. Восемь баллов, при максимальной оценке 10.
ТЕКСТ 48
SOUVENIRS D'UNE ÉTUDIANTE
En octobre, la Sorbonne fermée, je passai mes journées à la Biblio- thèque nationale. J'avais obtenu de ne pas rentrer déjeuner à la maison: j'achetais du pain, des rillettes1, et je les mangeais dans les jardins du Palais-Royal, en regardant mourir les dernières rosés; assis sur des bancs, des terrassiers mordaient dans de gros sandwiches et buvaient du
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vin rouge. S'il bruinait2, je m'abritais dans un café Biard, parmi des maçons qui puisaient dans des gamelles; je me réjouissais d'échapper au cérémonial des repas de famille; en réduisant la nourriture à sa vérité, il me semblait faire un pas vers la liberté. Je regagnais la Bibliothèque; j'étudiais la théorie de la relativité, et je me passionnais. De temps en temps, je regardais les autres lecteurs, et je me carrais avec satisfaction dans mon fauteuil: parmi ces érudits, ces savants, ces chercheurs, ces penseurs, j'étais à ma place. (...)
Moi aussi, je participais à l'effort que fait l'humanité pour savoir, comprendre, s'exprimer: j'étais engagée dans une grande entreprise collective et j'échappais à jamais à la solitude. Quelle victoire! A six heures moins un quart, la voix du gardien annonçait avec solennité: «Messieurs — on va — bientôt — fermer.» C'était chaque fois une surprise, au sortir des livres, de retrouver les magasins, les lumières, les passants, et le nain qui vendait des violettes à côté du Théâtre-Français. Je marchais lentement, m'abandonnant à la mélancolie des soirs et des retours. (...)
L'Université rouvrit ses portes. J'avais sauté une année3 et, sauf Clairant, je ne connaissais aucun de mes nouveaux camarades; pas un amateur, pas un dilettante parmi eux: tous étaient, comme moi, des bêtes à concours. Je leur trouvai des visages rébarbatifs et des airs importants. Je décidai de les ignorer. Je continuai à travailler à bride abattue4. Je suivais à la Sorbonne et à l'École normale tous les cours d'agrégation5 et, selon les horaires, j'allais étudier à Sainte-Geneviève6, à Victor-Cousin6, ou à la Nationale6. Le soir, je lisais des romans ou je sortais. (...) Cette année, mes parents m'autorisaient à aller de temps en temps au spectacle le soir, seule ou avec une amie. Je vis l'Étoile de Mer de Man Ray, tous les programmes des Ursulines7, du Studio 287 et du Ciné-Latin7, tous les films de Brigitte Helm, de Douglas Fairbanks, de Buster Keaton. Je fréquentai les théâtres du Cartel8. (...) L'agrégatif9 d'allemand (m'avait dit mon amie Stepha) me reprochait de passer mon temps dans les livres: vingt ans c'est trop tôt pour jouer les femmes savantes; à la longue j'allais devenir laide! Elle avait protesté et elle s'était piquée10: elle ne voulait pas que sa meilleure amie eût l'air d'un bas-bleu" disgracié. (...) Je me mis à aller souvent chez le coiffeur, je m'intéressai à l'achat d'un chapeau, à la confection d'une robe. Je renouai des amitiés. (...)
(Le jour du concours est arrivé.)
Nous nous installâmes dans la bibliothèque de la Sorbonne. Je posai à côté de moi une bouteille thermos pleine de café et une boîte de petits- beurre "; la voix de M. Lalande annonça: «Liberté et contingence»; les regards scrutèrent le plafond, les stylos se mirent à bouger; je couvris des pages et j'eus l'impression que ça avait bien marché. A deux heures de l'après-midi, Zaza et Pradelle vinrent me chercher; après avoir bu une citronnade au Café de Flore13, qui n'était alors qu'un petit café de quartier, nous nous promenâmes longtemps dans le Luxembourg pavoisé de grands iris jaunes ei mauves. (...)
(Séance d'études chez Jean-Paul Sartre.)
J'étais un peu effarouchée quand j'entrai dans la chambre de Sartre; il y avait un grand désordre de livres et de papiers, des mégots14 dans tous les coins, une énorme fumée. Sartre m'accueillit mondainement: il fumait la pipe. (...) Il se chargea de nous expliquer le Contrat social15, sur lequel il avait des lumières spéciales. A vrai dire, sur tous les auteurs, sur tous les chapitres du programme c'était lui qui, de loin, en savait le plus long; nous nous bornions à l'écouter. J'essayais parfois de discuter; je m'ingéniais, je m'obstinais (...) mais Sartre avait toujours le dessus. Impossible de lui en vouloir: il se mettait en quatre16 pour nous faire profiter de sa science. «C'est un merveilleux entraîneur intel- lectuel», notai-je. Je fus éberluée par17 sa générosité, car ces séances ne lui apprenaient rien, et, pendant des heures, il se dépensait sans compter.
SIMONE DE BEAUVOIR. Mémoires d'une jeune fille rangée. Примечания:
1. Паштет из свинины. 2. Если моросил мелкий дождь, похожий на туман. 3. "Перескочила" через курс. 4. Фигур Во весь опор, закусив удила. 5. Симона де Бовуар готовилась к общенациональному конкурсу на замещение должности преподавателя философии (l'agrégation de philosophie) в старших классах лицея. — Il y a aussi des agrégations de lettres, de grammaire, d'anglais, de mathématiques, etc. 6. Крупные библиотеки Парижа. 7. Кинотеатры, специализирующиеся на показе авангардных фильмов. 8. "Картель" — группа режиссеров, которые оказали огромное влияние на театр в период между двумя мировыми войнами. В эту группу входили: Дюллен, Жуве, Питоефф и Бати. 9. Студенческий жаргон: участник конкурса на замещение должности преподавателя старших классов лицея. 10. Она немного рассердилась. 11. "Синий чулок". 12. Сухое печенье. 13. Кафе около церкви Сен-Жермен-де-Пре, которое позднее сделал известным Жан-Поль Сартр. 14. Жарг. Окурки. 15. "Общественный договор" — политический трактат Ж.-Ж.Руссо (1762). 16. Старался вовсю, делал все. 17. Разг. Поражена, потрясена.
ГРАММАТИКА___________________________
ПРОШЕДШЕЕ НЕЗАВЕРШЕННОЕ ВРЕМЯ (IMPARFAIT) (окончание)
I. — Глагол в imparfait может обозначать единичное действие в прошлом:
André décida de quitter Paris; et à 9 heures précises, IL PRENAIT le train.
II. — Imparfait может приближаться по значению к plus-que-parfait récent:
Les habitants QUITTAIENT à peine la maison, quand une bombe la détruisit.
III. — Глагол в imparfait может обозначать действие, которое совершится к определенному моменту в прошлом (= futur presque immédiat):
Je bondis dans le wagon. Il était temps: le train PARTAIT quelques secondes plus tard.
IV. — Imparfait может приближаться по значению к conditionnel passé. В этом случае глагол в imparfait обозначает действие, которое чуть было не совершилось в прошлом:
Sans l'aide de mes camarades, j'échouais (= j'allais échouer, j'aurais échoué) a l'examen.
После условного союза si глагол в imparfait выражает:
а) Условие, предположение, которое может оправдаться, или предположение, которое не оправдалось; в этом случае придаточное предложение, как правило, зависит от главного, стоящего в условном наклонении:
Si J'ÉTAIS REÇUE au concours, je serais nommée professeur dans un lycée.
б) Привычное действие в прошлом; в данном случае глагол главного предложения не стоит в условном наклонении, а союз "si" эквивалентен quand:
S'IL BRUINAIT, je m'abritais dans un café.
в) Пожелание, сожаление, предположение:
J'ai soif... si C'ÉTAIT une brasserie! — J'aime les livres... Ah! si J'AVAIS de l'argent! Nous sommes en retard... si NOUS PRENIONS un taxi?
УПРАЖНЕНИЯ
I) Замените глаголы в imparfait на глаголы в conditionnel passé: S'il n'avait pas fait si mauvais temps, je rentrais à pied chez moi. — Que l'examinateur eût montré un peu d'indulgence, et Pierre était reçu. — Jean n'avait qu'à trouver une table vide, et on lui servait à boire sur-le-thamp. — Sans cette mauvaise note en travaux pratiques, tu étais admissible. — Il suffisait de hâter le pas, et nous évitions la pluie. — En montant au premier étage, nous pouvions trouver une table libre
II) Замените глаголы в conditionnel passé на глаголы в imparfait: S'il avait trouvé un taxi à la station, il n'aurait pas descendu à pied la rue Soufflot, et il serait arrivé à l'heure au rendez-vous — Sans la pluie, je serais venu vous rendre visite. — Pour un peu, je me serais cru revenu au temps où je faisais mes études au Quartier Latin — Avec un peu de chance, j'aurais été reçu à l'agrégation.
III) Определите, в каких случаях глагол в imparfait с союзом "si" выражает предположение, а в каких — сожаление, предложение или пожелание: Si j'étais reçu à l'agrégation, je préparerais aussitôt mon doctorat — Quel temps épouvantable1 Si encore j'avais un parapluie ou un imperméable! — Cette brosserie est pleine Si nous allions dans celle d'en face? — Le Quartier Latin, les études, les discussions dans les brasseries Ah1 si ce temps-là pouvait revenir'
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